Entre la Thailande et la France, nous passons une semaine à Hanoi afin de récupérer mes bagages (j’ai un énorme stock de cuirs et de livres à ramener en France). Au début, je ne compte voir personne (pour me reposer un peu avant les JO) mais il y a tellement de choses imprévues que je finis par aller voir tout le monde en une semaine.
Maroquinerie
Soudainement, j’ai envie de faire une ceinture et pour bien faire, il faut passer chez mon prof et utiliser sa machine de parage. Par hasard, d’autres élèves sont au courant de mon passage et nous finissons par passer toute une journée ensemble chez mon prof. C’est finalement une bonne idée car c’est en coupant le cuir pour mon prochain sac rose que j’avais des questions pour mon prof. Toute la classe a fini par couper et préparer le cuir pour moi et je suis partie avec des « kits » tout prêts pour faire mon sac et la ceinture pour JB.
Je suis très proche avec une des élèves et pendant la semaine où je suis à Hanoi, j’ai publié un article sur un groupe de maroquiniers viet qui est devenu viral. Ca a eu un impact direct sur le vendeur d’outils de maroquinerie pour qui je faisais un review. Une cellule de crise a été organisée spontanément entre cette élève et moi pour analyser l’impact de ce post viral (elle et moi travaillons toutes les deux en marketing). C’est vraiment une expérience enrichissante pour moi. On voit ainsi comment les réseaux sociaux peuvent changer une vie, ou détruire une vie.
Suite à ce post, il y a eu un bad buzz car au lieu de se taire, un concurrent direct a insulté tout le monde sur le post et ça a pris des ampleurs énormes. Les maroquiniers en ont parlé pendant une semaine. Moi qui voulais être tranquille, finalement il y a trop d’événements imprévus.
Je demande à cette personne de soutenir autant qu’elle peut un des maroquiniers que j’apprécie. Il est super doué mais on ne sait pas pourquoi les gens ne sont pas attirés par ses produits. Vous savez, ça arrive très souvent. Entre deux restaurants, ce n’est pas forcément celui avec de meilleurs plats, ou un meilleur service, un meilleur emplacement…. qui a plus de clients. C’est un phénomène bien étrange, et j’aimerais bien lui transférer un peu de chance, de faire connaître ses produits au monde entier. Vous pouvez admirer ses créations pour moi ici et là. Ses tarifs sont extraordinairement accessibles en plus, je ne comprends pas.
Copines
J’ai revu 3 copines d’enfance d’un coup, on ne sait pas comment ça s’est fait. Une de mes copines est prof à l’université donc ce qu’elle me raconte sur la nouvelle génération d’étudiants vietnamiens est ultra intéressant. Ils sont tous super doués, lisent beaucoup, parlent plusieurs langues étrangères, savent beaucoup de choses, sont entrepreneurs… mais ils s’isolent beaucoup aussi. C’est devenu mainstream de refuser de « perdre de l’énergie » dans du small talk ou avec des gens qui ne leur apportent rien. Ils privilégient maintenant de micro groupes d’amis et ne cherchent plus à networker comme l’ancienne génération. Elle me dit que pour leur parler, il faut plutôt envoyer un Zalo (l’équivalent de Whatsapp), que le harcèlement scolaire est devenu super courant et important.
Les deux autres copines me donnent l’impression qu’elles survivent à peine. C’est très difficile pour moi de les voir ainsi mais ayant trop peu d’infos, je ne sais pas trop comment je peux les aider. J’observe, j’écoute et je leur souhaite le meilleur pour la suite.
Les petits commerçants
Sur un coup de tête, j’ai pu commander ma bague solitaire sur mesure chez mon bijoutier. Ca s’est fait rapidement. J’ai passé un après-midi chez lui où il m’a montré plusieurs pierres au microscope, franchement, quelle expérience ! J’adore ce bijoutier car avec lui j’ai des expériences uniques. Passer du temps dans sa boutique me permet de bien l’observer, comment il voit du potentiel chez un client, et comment il conclut la vente. Passionnant ! J’ai fait de la traduction pour lui et ai pu vendre aussi un bracelet en jade ahahah.
Ayant créé pour lui des campagnes publicitaires, j’ai pu observer les résultats très rapidement. J’ai eu accès aux stats et grâce à ça, je pourrai désormais aider d’autres commerçants. Il a une petite boutique mais il est ambitieux, super smart, très gentil et intelligent, il voit grand. Il a en plus un EQ très élevé et c’est ça qui me manque.
J’aide toujours les petits commerçants avec qui le feeling se passe bien, je ne prends pas d’argent, comme ça il n’y a pas d’attente, pas de pression, je bosse pour eux quand j’ai un trop plein d’énergie. Si le courant se passe bien, je demande accès aux stats et j’optimise pour eux de temps en temps. Mais ça me demande un minimum d’effort pour un maximum d’impact. Pour me remercier, ils m’offrent des cadeaux de leurs boutiques, ce n’est pas pour ça que je les aide, mais ça tisse des liens et on me donne des infos de coulisses qu’on ne partage pas d’habitude avec n’importe qui. J’ai fait un article suite à tous ces échanges d’ailleurs.
Par contre, quand une personne n’est pas très tech savyy, comme ma masseuse, je me contente juste de créer un Google Maps pour elle et faire un menu en anglais/français pour elle. Ma masseuse me touche beaucoup, elle me dit que pendant mon absence, elle relit souvent mes messages sur Zalo, et elle compte les jours jusqu’à mon retour. Elle me considère comme de la famille. La pauvre, sa propre famille ne trouve pas son métier intéressant, alors que moi je lui pose plein de questions, car elle suit des études de médecine traditionnelle (qui m’intéressent beaucoup) et a même visité des centres de santé en Chine. Elle me dit qu’en Chine, ces centres ne sont pas accessibles aux touristes, il faut être amenée par des locaux. Là-bas, il y a un programme de soins sur mesure, où il y a des bains de pied, des massages aux herbes médicinales sur mesure et les médecins sont sur place pour adapter le programme selon l’état des patients. Puisque les médicaments traditionnels demandent beaucoup de précision quant à la température et le temps de cuisson, c’est aussi directement dans ces centres de santé qu’on prend ses médicaments. Elle rêve de pouvoir ouvrir un tel centre au Vietnam, mais en ce moment, elle propose des bains de pied et massages, c’est déjà très bien. JB et moi passons presque une semaine entière chez elle car JB s’est blessé en jouant au foot à Hue. Et moi, j’ai été maltraitée par une masseuses thaïlandaise à Bangkok et ma jambe gauche est devenue plus faible que la jambe droite. Bien sûr, elle nous a remis sur pied en quelques séances. C’est une chance inouïe de tomber sur elle.
La gérante de mon hôtel, en me voyant avec un bracelet flambant neuf, m’arrête et me demande de le lui montrer. S’en suivent 2h où elle me raconte sa vie. Elle a un parcours super étonnant, où les coïncidences et les rencontres définissent les moments clé de sa vie pour la faire atterrir ici dans cet hôtel. Elle est très attachante, on s’est prises dans les bras au moment de dire au revoir, ce qui est très rare au Vietnam. J’ai comme l’impression qu’elle va m’apprendre quelque chose mais ce n’est pas encore le moment. De toute façon, on sera amenées à se revoir à chaque fois que je passerai à Hanoi.
J’ai à peine le temps de voir mes parents. Suffisamment pour leur offrir quelques cadeaux fraîchement arrivés. Je vous ai déjà parlé des articles en soie vietnamienne ici. Heureusement que mon père pouvait réceptionner tout ça car les colis sont arrivés tous les jours, j’avais trop de choses à acheter avant le retour en France.
Bref, moi qui ne voulais voir personne, ai vu un maximum de gens. JB et moi sommes rentrés en France avec 3 énormes valises, super lourdes. Franchement, on n’a plus l’habitude d’avoir autant de bagages et ça commence à me peser. Je vais faire mes petits projets de maroquinerie tranquille et me séparer au fur et à mesure des livres pour m’alléger un peu. A peine rentrés en France, j’enchaîne un stage de reliure puis les JO.