Croisière Transatlantique à bord du Symphony of the Seas – Royal Caribbean (2023)

Fin 2022, je savais que j’allais réduire drastiquement ma charge de travail en 2023 et avoir plus de temps libre pour le voyage, j’ai demandé à JB de tendre vers un emploi du temps plus flexible pour qu’on puisse voyager (encore) davantage.

Nous avons pensé qu’une vraie coupure pouvait l’aider dans ce sens, lui faire du bien car JB ne peut pas s’empêcher de travailler même le week-end. Nous avons pensé à :

  • un trek jusqu’au Base camp d’Everest
  • suivi d’une croisière transatlantique, sans Wifi, de 14 nuits
  • suivi d’un road trip dans l’Ouest américain.

Ces trois projets nécessitaient une planification plusieurs mois en avance et c’était un excellent moyen d’être obligé d’adapter le rythme professionnel en conséquence.

Après notre croisière dans les fjords norvégiens avec MSC il y a plus que 10 ans, les croisières ont occupé une place importante dans notre wish list. Nous savions qu’il existe des croisières dites « de repositionnement » : quand un bateau termine sa saison en Europe, il doit traverser l’Atlantique pour commencer sa saison aux Caraïbes (et vice versa). Ces croisières sont moins prisées car longues et avec peu d’escales. On peut obtenir des tarifs intéressants et vivre une belle expérience (un long trajet en bateau, comme avant le développement de l’aérien).

Les dates conviennent parfaitement : je suis censée réduire ma charge de travail fin septembre 2023 (finalement c’est arrivé en mai 2023), JB entame l’ascension du Base Camp d’Everest début octobre et le bateau part pour les Caraïbes fin octobre. JB, fraîchement rentré du Népal, se rend en avion à Barcelone depuis Paris, tandis que j’arrive depuis Nice.

Barcelone n’est pas une escale en soi mais le point de départ, nous allons parler de Barcelone dans un autre article.

Symphony of the Seas

Le bateau sur lequel nous allons faire la traversée de l’Atlantique s’appelle Symphony of the Seas, et appartient à la compagnie Royal Caribbean. C’est le 2ème bateau le plus grand au monde (362 mètres de long, 18 étages dont 16 pour les passagers). Le record est tenu par un autre bateau de la même compagnie, pour quelques mètres seulement. Quasiment neuf (mis à l’eau en 2018, fabriqué en France dans les chantiers de Saint-Nazaire), il a 2759 cabines, peut transporter jusqu’à 6780 passagers et 2200 personnes de l’équipage. Une ville sur l’eau !

Il est tout à fait possible qu’on l’ait aperçu lors de notre visite rapide à Saint-Nazaire en 2017, il faut que je retrouve des photos.

MAJ : notre copain M. nous a envoyé la preuve irréfutable de notre visite, devant le Symphony of the Seas. Jamais on n’aurait osé rêver de voyager sur ce bateau, et pourtant ! Merci M. !

Voici un visuel très intéressant pour comparer le Symphony of the Seas au Titanic. Ce visuel vient de Visual Capitalist

Itinéraire

Nous aurions aimé réduire le coût davantage, en partant par exemple de la dernière escale européenne (Cadix), mais l’itinéraire est établi d’avance : Barcelone (Jour 1) – Valence (Jour 2) – Cadix (Jour 4) – Nassau (Jour 14) – Fort Lauderdale (Jour 15), il n’est pas possible d’embarquer seulement à Cadix.

En même temps, c’est une bonne décision car les premiers jours permettront de s’habituer au bateau, noter ce qui manque, et faire ses derniers achats lors des escales avant de traverser l’Atlantique. Pour l’équipage, cela permet de faire plus ou moins connaissance avec les passagers et éliminer les éléments les plus problématiques (on ne veut pas d’un fou parmi les passagers et ne le découvrir qu’au milieu de l’Atlantique). En lisant la suite, vous comprendrez que ce n’est pas forcément anecdotique.

Jour 1 :

C’est JB qui s’occupe de tout (choix du bateau, réservation) et pour une fois, je veux me laisser l’effet de surprise donc je ne fais aucune recherche, je n’ai même pas vu la photo du bateau, je ne connais que vaguement l’itinéraire. C’est également JB qui installe pour nous deux l’application mobile du bateau, grâce à laquelle « on pourra s’envoyer des messages » car il pourra utiliser le wifi interne du bateau, gratuitement.

L’application précise qu’on pourra faire le check-in à 15h, mais que le départ est prévu à 17h30. Si le checkin n’est pas fait à 16h30, on ne part pas ! JB tient absolument à ce qu’on y soit vers 13h30, de peur d’un imprévu qui nous ferait rater le départ. Je me vois déjà attendre sous le soleil brûlant de Barcelone pendant 1h30, mais je suis soulagée de constater que dès que le taxi nous dépose devant le bateau, nous sommes tout de suite pris en charge, pouvons monter dans le bateau avec nos bagages (MSC ne le permettait pas, il fallait les confier et on les retrouvait plus tard dans notre chambre), et notre chambre est déjà prête (dès 13h, alors qu’avec MSC, il fallait attendre quelques heures).

Dès que nous mettons les pieds sur le bateau, nous arrivons au Deck 5 et c’est un véritable Disneyland. Nous nous dépêchons de trouver notre chambre au Deck 7, déposer nos bagages, prendre des photos et vidéos avant de mettre le bazar puis sortir visiter le bateau.

Chaque compagnie a son propre fonctionnement. Avec MSC, nous étions guidés dès les premiers instants, notamment avec une petite présentation en français sur le fonctionnement du bateau et des consignes de sécurité. Avec Royal Caribbean, nous sommes moins pris en charge : tout est communiqué à l’avance sur l’application.

L’écran de la TV dans la chambre est allumé et nous voyons qu’il faut regarder les vidéos de sécurité et nous rendre ensuite à l’endroit où, en cas de danger, nous devons nous rendre pour évacuer. Notre zone d’évacuation est le C4 et j’avoue que, ne connaissant pas encore très bien le bateau, nous avons mis un bon moment à le trouver. Notre homme de ménage attitré se présente à nous et il doit lui-même s’assurer que nous ayons accompli les formalités de sécurité demandées.

Il nous montre comment commander des petit-déjeuners en room service, et comment le contacter par téléphone. La porte est aimantée et on peut y coller un « do not disturb », ce qui plaît beaucoup à JB car il trouve que les « do not disturb » des hôtels à accrocher à la poignée tombent trop souvent dès qu’on ouvre la porte. Les habitués ont l’air de le savoir aussi car on voit beaucoup de chambres dont la porte est décorée avec des aimants apportés par des passagers.

Ainsi, nous passons d’étage en étage, à regarder les plans, à trouver des points d’intérêt, à nous orienter, à nous situer. Mais j’avoue que c’est seulement au 8ème jour qu’on réussit à tous les connaître.

La structure du bateau

Il y a 18 ponts (decks) dont 16 accessibles aux passagers. Les decks 15 et 16 (ouverts) sont dédiés aux solariums, aux piscines, toboggans, jacuzzis, terrains de mini-golf, tennis, surf et restaurants. Au 5ème, il y a une piste de jogging qui fait presque le tour du bateau. Au 4ème, un amphithéâtre sur 2 étages, une patinoire. Au 6ème, un centre de spa et la gym. Un énorme restaurant occupe les 3ème, 4ème et 5ème étages à l’arrière du bateau. A l’arrière, au 6ème, il y a un théâtre aquatique (avec une piscine de 5 mètres de profondeur accessible uniquement aux spectacles aquatiques), deux murs d’escalade, deux toboggans. Un jardin (Central Park) occupe la moitié du bateau au 8ème deck. Le Deck 5 est dédié au « people watching », music live, karaoke, shopping, cafés, Starbucks, réservation de croisières, guest services, il y a deux robots qui font des cocktails (« bionic bar »). Il y a des bars un peu partout. Tout me fait penser à Snowpiercer, il ne manque que l’aquarium.

Sur l’avant du bateau, il y a un hélipad, accessible uniquement à l’équipage. Ce n’est pas très grave car nous avons une meilleure vue depuis le solarium, aux 14ème et 15ème étages et il y a deux balcons (très bien protégés), où l’on a l’impression de flotter sur l’eau et d’où l’on voit très bien l’horizon.

En uploadant la vidéo du Deck 8 sur Instagram, un follower m’a interpellée, très surpris de voir que le centre du bateau était « vide ». En réalité, c’est à partir du Deck 8 (à l’avant) ou du Deck 6 (à l’arrière) que le centre est « vide » comme ça.

Cela permet d’avoir deux espaces ouverts, mais à l’abri du vent, et surtout d’avoir de nombreuses chambres avec balcon vers l’intérieur. JB me dit que c’est typique des nouveaux bateaux Royal Caribbean. Les autres compagnies entassent le plus de chambres possible, et notamment celles au milieu, ayant ni fenêtre, ni balcon, les moins chères de toutes les catégories, mais Royal Caribbean innove avec ces chambres avec balcon intérieur.

Certes, c’est traître : un voyageur inattentif risque de sélectionner ce type de chambre, pensant avoir vue sur l’océan, pour finir avec un balcon devant le carrousel où une musique style Disneyland est diffusée 14h sur 24. Mais au moins, avoir un balcon est toujours plus sympa que de n’en avoir point du tout.

De même, nous trouvons très peu d’espaces cozy, silencieux, juste pour nous poser et lire (et nous parler). Tout est bruyant dans les espaces communs, c’est une ambiance totalement différente de MSC. Ce sentiment est partagé avec d’autres passagers qui ne trouvent que le calme et le zen que dans leurs chambres.

Notre chambre et son emplacement

En effet, notre chambre est un havre de paix : plus grande que ce qu’on pensait, situant au 2/3 à l’avant, avec un balcon donnant sur la mer. Son emplacement n’a pas été choisi au hasard.

Nous avons choisi le côté droit car par rapport à notre itinéraire, j’ai pensé que le bateau serait toujours accosté sur le côté droit (la côte se trouve à droite du bateau), et que depuis mon balcon, lors des escales, je pouvais voir la ville, au lieu de voir la mer comme c’est le cas du côté gauche. Par rapport au soleil, mon balcon sera toujours à l’abri du soleil (je déteste bronzer). Je ne me suis pas trompée.

Au moment de la réservation, il y avait quelques réserves par rapport au positionnement de la chambre, tout près de l’escalier et de l’ascenseur, lieu de passage. Finalement, c’était même un point fort. Traverser le couloir étroit 10 fois par jour jusqu’à l’ascenseur nous aurait embêtés, alors qu’en étant près de l’ascenseur, nous pouvons y accéder en quelques secondes. L’escalier et l’ascenseur sont tellement énormes et séparés par des cloisons bien efficaces, que nous n’entendons rien du tout.

Certes, être pile au milieu du bateau aurait été un emplacement plus stable et plus désirable pour ceux qui ont le mal de mer, car notre chambre est un peu trop sur le devant du bateau et nous subissons plus les vagues que les passagers du milieu. Vous en saurez plus en lisant ce guide écrit par JB.

Le Deck 7 est parfait : il n’y a que des chambres. C’est très calme. Il suffit de monter d’un étage pour accéder au « Central Park » et ses restaurants, descendre d’un étage pour être à la salle de sport, descendre de 2 étages pour aller au Deck 5, où se trouve « Disneyland », au Deck 4 pour accéder aux spectacles et au casino. Quand il faut traverser tout le bateau, nous ne prenons jamais des couloirs interminables, mais le traversons au Deck 5, 8, 15 ou 16, pour avoir plus d’espace.

Le balcon est non-négociable ! Nous avons assisté à la « guerre des transats » sur MSC et n’avons aucune envie de nous battre chaque jour pour une chaise, une table ou un transat avec vue sur l’océan. Nous savons également que nous avons besoin d’air frais pour ne pas nous sentir claustrophobes et espérons secrètement voir des dauphins ou baleines depuis notre balcon. De plus, cela permet de sécher nos vêtements, nos maillots de bain plus facilement, et écouter l’océan.

La restauration

JB s’est déjà renseigné plus ou moins sur le bateau et a pu me donner quelques informations sur des choses qu’il a vues. Car le premier jour, ne trouvant pas de buffet (entre 15h et 18h, il était fermé), et devant le choix restreint du seul café trouvé au deck 8 (j’en ai trouvé d’autres depuis), j’ai pensé qu’on allait mourir de faim le reste de notre croisière (ce qui est pourtant inconcevable sur un bateau de croisière où +80% de la clientèle est américaine). Le ventre sur pattes que je suis a eu un coup de stress.

Les restaurants inclus dans le forfait et les restaurants payants sont un peu durs à distinguer. Comme les Américains mangent tout le temps, et il y a des forfaits donnant accès aux boissons alcoolisées, ou restaurants payants… il y a du monde partout et nous avons beaucoup de mal les premiers jours à connaître, avant d’entrer dans un restaurant, ce qui est en supplément ou ce qui est inclus. Heureusement, l’application est là pour nous aider : dès que c’est « complimentary », c’est inclus.

Ainsi, j’ai été soulagée d’apprendre que les pizzas nous seraient accessibles jusqu’à 3h du matin, que le buffet à volonté est seulement fermé entre 15h et 18h et entre 21h et 7h, mais pendant ce temps-là, d’autres restaurants prennent le relais (le stand de hot dog, le café au Central Park, ou le mexicain du 15ème), que l’eau (et les glaçons) est bonne, gratuite et est disponible tout le temps, et qu’on pouvait ramener des boissons et des assiettes remplies de nourriture pour manger dans la chambre. Et qu’en cas de grosse flemme, un petit-déjeuner (Continental Breakfast) pouvait être servi dans la chambre sans aucune charge supplémentaire.

Le « main restaurant » est toujours le lieu où l’on mange le mieux. Le menu change chaque jour et nous sommes servis à table. Pour le dîner, nous avons nos places dédiées, nos serveurs attitrés, au lieu de courir partout comme c’est le cas des restaurants à buffet.

Les passagers sont regroupés au hasard avec d’autres passagers parlant la même langue. Il y a deux services (à 17h30 et 20h), à choisir à l’avance, et nous optons dès notre réservation pour le créneau de 20h. Notre grande table est attribuée à un autre couple français et nous. Ce sont deux anciens d’IBM à la retraite, dont la conversation nous enchante beaucoup. Cependant, nous ne les verrons pas tous les soirs car ils préfèrent dîner dans d’autres restaurants du bateau.

Le menu du soir propose beaucoup de choix et nous apprenons très vite qu’il est possible de commander autant d’entrées, de plats et de desserts que nous le souhaitons. Ainsi, dès qu’il y a « shrimp cocktail », JB et moi en prenons deux chacun car c’est trop bon.

Si le « main restaurant » n’est ouvert que pour le dîner quand il y a une escale, il est ouvert pour les 3 repas les « jours en mer » où nous ne faisons que naviguer (càd 11 jours sur 15 dans notre cas). Et JB préfère manger là-bas car le menu est toujours plus varié et plus qualitatif que les buffets. On y trouve notamment des bagels au saumon, saumon à la plancha, du steak, parfois un hot dog de langouste, une spécialité de Miami. C’est également plus calme et on y est mieux installés.

On peut également payer un supplément pour des plats un peu plus fancy. Par exemple, j’ai opté pour du homard un soir, ce qui m’a coûté 20$ (incluant 18% de pourboire).

Certains passagers optent pour des options ++ par exemple l’accès illimité aux sodas, ou boissons alcoolisées, restaurants payants etc. Ne souhaitant pas nous priver, nous l’avons fait pour la première croisière, avant de comprendre très vite qu’il est impossible de rentabiliser ces forfaits, il aurait fallu boire 8 boissons alcoolisées par jour par personne ! Ce que certains font, mais comment dire… Pour nous, il est plus économique et raisonnable de commander à la carte. Si on commande une bouteille de vin par exemple et qu’on ne la finit pas, le serveur va la conserver quelque part et la ressortir au prochain repas, c’est très pratique.

Nous avons également un frigo dans la chambre et JB y conserve deux bouteilles de vin achetées en Espagne avant le départ, que nous avons le droit d’amener sur le bateau le jour du check-in.

Le départ

Nous sommes censés partir à 17h30 mais c’est seulement à 18h30 que le bateau quitte Barcelone. Vers 17h, l’accès au solarium du Deck 15 est empêché par un panneau « private event », nous ne savons pas qui y a accès. Je trouve ça tellement injuste que l’accès à la meilleure vue nous soit bloqué, car je veux juste passer par le solarium du Deck 15 pour accéder à un niveau plus bas (14) d’où je peux voir le devant du bateau et voir le départ. J’étudie attentivement le plan du Deck 14 et découvre deux entrées discrètes, côté couloir et nous pouvons nous y glisser sans vu ni connu et admirer le départ avec une vue à 180 degrés.

Avant de partir, le bateau s’écarte légèrement du port. Ensuite, il recule jusqu’à sortir complètement du port. Là, il fait 180 degrés. Un petit bateau s’accoste pour venir récupérer le capitaine du port de Barcelone (à l’arrivée et à la sortie d’un port, c’est toujours un capitaine « local » qui monte à bord pour diriger les manoeuvres) et notre bateau avance tout seul vers sa prochaine destination. Un bateau de croisière de Virgin, traversant également l’Atlantique avec des escales complètements différentes, semble attendre notre départ avant de partir lui aussi.

Roaming

A 22h, nous ne captons plus la 4G de l’Espagne, mais au milieu de la Méditerranée, nous recevons un SMS disant qu’on est aux Etats-Unis et qu’on peut utiliser Internet gratuitement. Nous sommes abonnés Free et le couple français qui partage notre table, abonnés chez Orange, reçoit la même chose. On ne comprend pas trop, mais soit… Nos 2 minutes de 4G nous ont coûté à chacun 70€. La raison est la suivante : dès que nous sommes en pleine mer, nous passons par des réseaux téléphoniques maritimes hors de prix, émis par le bateau. Dès les jours suivants, nous ferons plus attention et n’activons nos cartes SIM que quand nous sommes vraiment proches de la côte espagnole. Nous espérons nous faire rembourser par Free, car leur SMS d’information est complètement faux.

Oscar oscar oscar

Vers minuit du premier jour, un jour de pleine lune, un incident nous préoccupe toute la nuit.

En sortant sur le balcon, je remarque que le bateau est à l’arrêt, ainsi que deux lumières lointaines comme pour marquer l’emplacement d’une ancre. Puisque nous sommes encore en Méditerranée, j’ai pensé que c’était normal. Mais comment mettre une ancre quand la profondeur est de 1200 mètres (on a ces données en temps réel sur la TV dans la chambre) ? A l’avant, un faisceau lumineux marque un point précis dans l’eau, toutes les lumières autour du bateau sont allumées. JB pense qu’ils cherchent quelqu’un mais s’étonne que le faisceau lumineux ne bouge pas. Mais sans aucune annonce, nous ne nous posons pas plus de questions que ça.

20 minutes plus tard, le capitaine fait une communication en anglais via les haut-parleurs du couloir (le code est « Oscar oscar oscar ») et comme on n’entend pas bien quand la porte de la chambre est fermée, nous ne comprenons que quelques bribes « quelqu’un est tombé dans l’eau… nous… bateaux de secours… », bateaux que nous verrons effectivement quelques minutes plus tard depuis notre balcon. Je comprends enfin d’où vient le mauvais pressentiment ressenti à propos de ce bateau avant le départ, pressentiment que j’avais jugé « pas assez fort » pour m’inquiéter au point d’annuler la traversée.

20 minutes passent et nous sommes repartis sans qu’aucune autre annonce ne soit faite. Nous pensons qu’on ne l’a pas retrouvé, qu’on est partis sans, et dormons le cœur lourd.

Jour 2 : Valence, Espagne

Le lendemain, dès notre arrivée à Valence, nous avons de nouveau la 4G et grâce à un tweet d’un autre passager, comprenons que nous avons mal compris l’annonce de la veille. Il y a bien eu un homme à la mer, mais lors de l’annonce, il avait déjà été récupéré sain et sauf. En pleine mer, la nuit, un vrai miracle !

Il va falloir attendre le Jour 11 pour apprendre, via une FAQ avec le capitaine, ce qui s’est vraiment passé : la chute d’un homme d’environ 65 ans a été aperçue en direct par un officier. Celui-ci a pu alerter le centre de contrôle, qui a pu marquer l’emplacement exact de l’incident. Grâce à la haute technologie de nos jours, un logiciel a pu calculer, en prenant en compte le vent et les courants, la dérive et l’emplacement estimé du dit passager. Ainsi, le bateau a pu faire demi-tour, envoyer les bateaux de secours à l’emplacement exact pour le sauver. Tout laisse penser à une tentative de suicide, car le malheureux n’a pas nagé jusqu’au faisceau lumineux, n’a pas appelé au secours, n’a pas montré de signes de détresse et a même hésité à monter dans le bateau de secours. En nous promenant partout sur le bateau, nous sommes également arrivés à la conclusion, qu’on ne pouvait pas tout simplement glisser sur une flaque d’eau et tomber. Il faut le vouloir, ou être bourré et faire le con pour tomber.

Le lendemain, j’ai vu une voiture de police accompagner une ambulance, je pense que ça doit être lui car le capitaine affirme qu’à Valence, la famille du passager et celui-ci ont été remerciés et ils sont depuis, rentrés chez eux.

C’est un miracle qu’ils l’aient retrouvé. Chercher un passager à minuit dans l’eau, c’est comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Malgré la lumière de la pleine lune, ça aurait été difficile sans la rapidité de l’officier (et la pertinence du logiciel).

Le capitaine dit avoir déjà sauvé des gens quand leurs bateaux coulaient, mais que c’est la première fois, en 30 ans de navigation, que quelqu’un de son propre bateau tombe dans l’eau et l’équipage a parfaitement géré la situation, je trouve. Une issue moins favorable aurait été de mauvaise augure, surtout pour une navigation aussi longue.

Donc, notre première escale est Valence, une ville que nous ne connaissons pas du tout. Le port est un peu loin du centre-ville. Si vous ne souhaitez pas payer la navette de la croisière, il faut prendre un shuttle (gratuit) du port pour aller jusqu’à l’entrée du port. Et de là, prendre un bus public (numéro 4 – 1,5€) qui nous amène au centre-ville en 30 minutes. Nous commettons l’erreur d’être les premiers à descendre, vers 8h du matin. Car les Espagnols se lèvent tard et beaucoup d’attractions sont encore fermées lors de notre visite. Je pense qu’on aurait dû descendre vers 11h seulement. Car malgré un départ à 17h30, le centre-ville est suffisamment petit pour être visité (déjeuner inclus) en 2h30.

Notre point faible, ce sont des sandwichs au jambon ibérique, entre 4,5€ et 6€ chacun. Malheureusement, nous ne pouvons pas les ramener à bord, et devons nous régaler uniquement lors des escales en Espagne.

Valence a un petit centre-ville très sympa. Si nous n’étions pas arrêtés ici en escale, je ne pense pas que j’aurais eu envie d’y aller exprès pour le visiter.

Jour 3 :

C’est la première journée où nous n’avons aucune escale et j’opte pour un petit-déjeuner en room service. Le choix est plus restreint en optant pour un Continental Breakfast mais c’est gratuit au moins (pas comme sur MSC qui facture des frais de service).

Je vais profiter de cette journée sans escale pour vous expliquer le fonctionnement des spectacles.

Il y a 4 salles/amphithéâtres et chaque jour, il y a plusieurs spectacles et activités dans ces salles. Certains spectacles ne peuvent être réservés (via l’app, toujours, ou par téléphone) qu’une seule fois pendant tout le séjour, d’autres peuvent être réservés autant qu’on le souhaite. Nous n’avons pas fait attention mais certains spectacles n’étaient disponibles que quand nous étions encore en Méditerranée. C’est le cas par exemple d’un concert (d’un artiste que je ne connais pas) et d’un spectacle aquatique. J’ignore si c’est juste une question de sécurité ou de coût (maintenir une piscine de 5 mètres de profondeur remplie pendant toute la traversée de l’Atlantique est-il économique ?).

En tout cas, nous avons eu la chance d’assister deux fois au spectacle HiRO au théâtre aquatique, deux spectacles style Broadway, deux spectacles de magie, deux spectacles de patinage artistique. Comparé à MSC, il y a plus de salles/scènes, mais les spectacles sont assez répétitifs, il n’y a pas un nouveau show chaque soir comme chez MSC. Donc il y a des soirées où l’on n’a aucun show et se repose directement après le dîner (cela permet de bien avancer ma lecture de Proust).

Le spectacle aquatique HiRO est probablement mon favori. La musique est superbe, ça doit être un DJ de grand talent qui a mixé car on reconnaît des bouts de chansons célèbres, mais ils mixent tellement bien que ça donne une sorte de superbe playlist concentrée en 3 minutes. La profondeur de la piscine évolue pendant le show. Parfois très profonde pour permettre des plongeons depuis une hauteur élevée, parfois quelques centimètres seulement donnant aux danseurs l’impression de marcher sur l’eau. Quand nous nous rendons compte que nous sommes sur un bateau et avons une piscine de 5 mètres devant nous, permettant tous les plongeons possibles (aux professionnels bien sûr), nous ne pouvons pas nous empêcher d’être admiratifs.

Il y a un bureau « PADI » sur le bateau, je ne me demande s’ils n’utilisent pas cette piscine pour les entraînements de PADI.

Cependant, la configuration ouverte du lieu l’expose à un problème acoustique. Lors du 2ème show, étant assise sur les côtés, j’ai été gênée par des échos, impardonnables pour une salle de spectacle. J’ignore si c’est en partie lié au vent, mais mes oreilles les ont trouvés extrêmement gênants.

Mon deuxième spectacle favori est le patinage artistique. Les seules fois que je regarde quelqu’un patiner, c’est lors des Jeux Olympiques, donc non, les artistes n’ont pas le niveau olympique (ils tombent parfois lors des sauts à cause du mouvement du bateau), mais ils ont suffisamment de talent (ils ont participé à plusieurs championnats) pour nous subjuguer. La salle est petite et mal conçue (des colonnes cachant la vue de plusieurs chaises), mais la musique !!! La musique ! Une playlist extraordinaire, une acoustique extraordinaire, un jeu de lumière incroyable, et des décorations somptueuses.

Le bateau a quelques défauts au niveau du design, mais ce sont des défauts mineurs et il y a plein d’autres détails intelligents à signaler, par exemple dès que nous ouvrons la porte du balcon, la clim dans la chambre s’arrête automatiquement. Ou alors, au niveau des ascenseurs : Pour signaler qu’un ascenseur monte ou descend, il y a des codes couleur. Un ascenseur qui monte est en vert, et s’il descend, il est rouge. Et pourtant, certains passagers semblent être soit bêtes soit daltoniens pour continuer à prendre un ascenseur qui monte alors qu’ils veulent descendre, même après avoir passé 10 jours sur le bateau ! Comme on perd toute notion de temps quand on est en vacances, à l’intérieur de l’ascenseur, le jour est inscrit au sol : « monday » par exemple. Les écrans d’information sont placés près des ascenseurs pour nous indiquer l’heure du bateau. Puisque nous traversons plusieurs fuseaux horaires (6h au total), ils sont là pour nous rappeler quelle heure il est dans le fuseau actuel. L’homme de ménage nous laisse un petit mot sur le lit la veille des jours où il y a un changement d’horaires. Ainsi, lors de la traversée, nous « remontons le temps » et avons une heure de plus presque tous les deux jours, ce qui fait que nous pouvons faire la grasse matinée tout le temps. Dernier détail concernant les ascenseurs : selon le port, nous pouvons sortir au Deck 2, 3 ou 5… et c’est trop compliqué pour les passagers de retenir le deck d’où nous sortons. Il y a dans l’ascenseur un bouton « gangway » donc le jour où il y a une escale, il suffit d’appuyer dessus pour arriver au niveau où nous sommes censés sortir du bateau.

Jour 4 : Cadix, Espagne

Aujourd’hui, nous faisons escale à Cadix. C’est le port préféré de beaucoup de membres de l’équipage, car le port est à 10 minutes à pied du centre-ville. Comme ils n’ont pas beaucoup de pause, 10 minutes, c’est idéal pour qu’ils puissent sortir du bateau, et profiter de la ville.

Le choix de Cadix est stratégique, car elle est proche aussi de Séville. Ainsi, si on s’organise bien, il est tout à fait possible de prendre une excursion pour Séville, ou de prendre un train pour Séville (1h30). Plusieurs taxis attendent devant l’entrée du port, avec tarifs pour faire l’aller-retour. Car on s’en doutait bien : beaucoup de passagers s’organisent à la dernière minute, et quand ils apprendront qu’il n’y a plus de place dans le train, voudront peut-être prendre un taxi. Ça arrive énormément aux croisières en Méditerranée, notamment pour l’Italie, où les villes intéressantes ne sont pas côtières. Ainsi, pour aller à Rome, le bateau aurait fait un stop à 30 minutes en voiture où shuttles, taxis et excursions attendent, en se frottant les mains, les touristes naïfs, désorganisés et pressés, n’ayant qu’une demi-journée pour visiter coûte que coûte la capitale italienne.

Nous n’avons pas cette pression pour Séville, y ayant séjourné plus d’un mois il y a quelques années. Certes, ça m’aurait fait plaisir de revisiter le palais, mais Cadix sous le soleil est une belle expérience également. Cette ville, visitée trop vite la dernière fois, nous dévoile tout son charme sous un ciel bleu sans aucun nuage. Malgré la fermeture de tous les musées (dont le musée de la lithographie qui m’intéresse particulièrement) à cause de la Toussaint, j’ai pu faire mes emplettes avant la traversée (deux bouteilles d’eau, shampooing, cosmétiques, eau thermale…). Cela m’a permis de découvrir une superbe boutique en Espagne : DRUNI, qui vend plein de cosmétiques disponibles uniquement en ligne.

JB et moi achetons de quoi respecter (vite fait) le dress code : une chemise pour JB les jours où le dress code est « formal », et un pull blanc pour moi les jours où il faut s’habiller en blanc. Car la vie en croisière a ses propres règles : un « dress code » pour chaque jour. Si on les respecte plus ou moins chez les Américains, il est sympa d’essayer de jouer le jeu. Certains sont à fond : robes de soirée, stilettos, chignons impeccables, costards, cravates… il y avait même des déguisements super réussis le soir d’Halloween.

Sachant que je ne pourrai pas manger de sashimis avant deux semaines (car le japonais, payant, sur le bateau, n’est pas donné), je me contente d’un bon restaurant japonais à Cadix, d’un dernier bubble tea, tandis que JB profite de son dernier sandwich au jambon ibérique.

J’essaie de prendre en photo le bateau depuis le port mais il est tellement long (équivalent de 3 terrains de foot et demi), qu’il n’entre pas dans une seule photo, même en plan large. Rien que le nom du bateau est énorme. Il fait sensation à chaque fois qu’il entre dans un port grâce à sa taille massive, même l’équipage des autres bateaux de croisière est bouche bé et le prend en photo 😀 Ce n’est pas tous les jours qu’on voit le 2ème plus grand bateau au monde.

(la personne en orange, c’est moi)

Il est 17h30 et tout le monde doit être à bord. JB et moi nous mettons à l’arrière du bateau, au Deck 4, là où l’on a une belle vue pour le départ. Je remarque deux femmes monter sur un petit bateau, elles ont l’air d’être des touristes. Je me demande si elles ont raté l’heure de départ et essaient de se rattraper en montant sur le petit bateau qui va récupérer le capitaine du port.

Notre bateau s’écarte du port et recule comme prévu. Dès qu’il sort du port, il tourne à 90 degrés et avance assez vite, mais pas trop pour que le petit bateau puisse nous accoster et que le capitaine du port monte dessus. Nous ne sommes pas les seuls à être intrigués par ce petit bateau. Un petit groupe de passagers âgés remarquent aussi que je cours pour suivre le petit bateau. En effet, j’essaie de voir qui monte sur notre bateau (si les deux dames que j’ai vues sont des retardataires ou juste des curieux), mais je n’arrive pas à bien voir. Ces passagers âgés me regardent avec amusement et me disent « ah vous l’avez vu aussi, ce sont des pirates » 😀 Et puis le petit bateau s’éloigne et je crois avoir vu la robe blanche d’une des dames. Ce sont juste des curieuses.

Ça y est, c’est parti, nous allons vraiment traverser l’Atlantique en bateau. JB et moi désactivons nos cartes SIM, pour qu’aucun incident de 70€ ne puisse nous tomber dessus de nouveau.

JB m’apprend cependant qu’il a réussi à trouver un moyen pour avoir gratuitement 15-20 minutes de Wifi via Starlink chaque jour, ce qui lui permet de récupérer son journal quotidien et vérifier rapidement ses mails. C’est finalement mieux comme ça, car on avait pensé à acheter un accès de 24h au milieu de la traversée, qui nous aurait coûté 30$. Mais on aurait les yeux rivés sur nos téléphones pendant toute une journée, alors qu’avoir 15 minutes de Wifi par jour est suffisant pour vérifier quelques petites infos, nous assurer qu’il n’y a pas d’urgences à régler, et récupérer le journal pour JB. Ainsi, comme un drogué en détox, JB est mieux guéri de sa dépendance à Internet en ayant sa petite dose quotidienne, plutôt que de lui donner Internet illimité pendant 24h et tout lui couper par la suite. Quant à moi, je veux vraiment me guérir d’Instagram et pendant la traversée, ne me suis connectée que deux fois pour télécharger un livre sur Kindle. Cependant, nous avons croisé quelques nomades digitaux. Grâce à Starlink, il est possible de travailler depuis n’importe où, même au milieu de l’océan.

En parlant de livres, en nous voyant avec nos livres en papier (achetés exprès pour la croisière), une dame nous a demandé, l’air intéressé, le titre des livres. Il y a une bibliothèque sur le bateau mais très peu fournie (car utilisée surtout pour des jeux de société, jeux de cartes) et aucun livre ne lui plaît. Ahhh il ne fallait pas compter uniquement sur la bibliothèque du bateau ! A Barcelone, j’ai trouvé une très belle édition de Dune de Frank Herbert en anglais, un beau livre que je comptais revendre aux Etats-Unis. Mais la lecture m’a tellement énervée (les personnages étant trop stupides) que j’ai décidé de m’en séparer ASAP dès la fin de la lecture, comme si garder un livre rempli de personnages stupides dans ma chambre risquait de me contaminer. Je l’ai mis bien en évidence dans la bibliothèque du bateau et il est parti le jour même. Le livre en français de JB n’a pas eu le même succès.

Jour 5 :

Tout le monde (càd nos serveurs) nous demande si nous avons des nouvelles de nos proches car une énorme tempête a frappé le nord de la France et l’Angleterre. Ils sont plus au courant que nous qui ne suivons même pas les actualités à la TV. Encore une illustration qui confirme la pertinence de se déconnecter un maximum de l’actualité : où que l’on soit, les actualités importantes arriveront forcément à nos oreilles.

En tout cas, l’influence de cette tempête se ressent : le bateau tangue, personne ne marche droit. Beaucoup reste dans leur chambre, plusieurs personnes ont des patchs blancs, apparemment, c’est pour le mal de mer. Il y a même des sacs plastiques disponibles à chaque étage en cas d’incident. Nous nous demandons pourquoi nous n’y avions pas pensé. Nous sommes quand même dans le 2ème bateau de croisière le plus grand au monde, et avons peut-être fait trop confiance à sa stabilité. Le capitaine nous expliquera plus tard que le bateau dispose de petites ailes qui se déploient en fonction de la taille des vagues pour augmenter la stabilité et éviter de tanguer, mais le mouvement vertical ne peut pas être évité. On s’y fera assez vite. Plus personne n’a l’air d’être dérangé par le mal de mer les jours suivants.

Nous apprendrons plus tard, toujours lors de ce FAQ avec le capitaine, qu’au moment du départ de Cadix, il a demandé à je-ne-sais-qui, la validation d’une route établie par lui, en fonction de la météo. Et il s’en félicite car les vagues les plus hautes que nous avons eues étaient de 5-6 mètres seulement, et pas 10 mètres si on avait pris une autre route. Et si nous étions partis de Cadix un jour plus tard, on aurait été très mal, car il nous a parlé du navire Spirit of Discovery qui a rencontré des difficultés avec cette même tempête (100 passagers blessés) (source)

Après avoir marché en zigzag comme des drogués/alcooliques, nous nous posons, soulagés, au Deck 8, au jardin du Central Park. JB est dos au mur. Soudainement, je remarque un mouvement, je lève les yeux et vois une cascade d’eau du Deck 15 atterir sur JB et un pauvre touriste. Je n’ai qu’une seconde pour crier « aaaahhh », pointer mon doigt vers le ciel car il m’est trop difficile de leur expliquer ce qui va leur arriver. A l’humiliation publique s’ajoute l’incompréhension totale, car les deux ont cru que quelqu’un leur avait jeté un saut d’eau, gratuitement et lâchement, depuis un des balcons. JB reçoit seulement quelques gouttes sur le dos mais l’autre touriste est trempé de la tête au pied. J’ai à peine le temps de demander à JB s’il va bien quand une deuxième cascade arrive et là, en me voyant courir, les deux se mettent aussi à courir, lèvent les yeux au bon moment et comprennent enfin, que l’eau vient d’une piscine qui déborde au 15ème étage. C’est quand même bizarre car les piscines ne sont pas à débordement à ce point-là, mais le bateau bouge tellement, et le Deck 15 tellement inondé ce matin que nous avons des « cascades » temporaires comme ça. Suite à l’agitation de la foule, à la fenêtre d’une cabine apparaît un touriste, aussi creepy que le mec dans « American Beauty », avec son smartphone à la main, pour nous filmer. Je ne sais pas ce qui est plus drôle : la tête du touriste en mode American Beauty filmant après l’événement, ou la tête du touriste qui s’est pris une grosse douche et qui pensait que quelqu’un lui a jeté un seau d’eau.

En rentrant de la gym, JB est sur le point d’étendre ses vêtements sur le balcon et s’écrie : « dauphins !!! ». En effet, nous voyons des poissons sauter, il y en a 3 ou 4. La veille, un monsieur qui a traversé l’Atlantique plusieurs fois en croisière, nous a dit qu’on pouvait voir des dauphins en faisant très attention, en regardant attentivement, et que ce n’était pas rare. Il a dû nous porter chance puisqu’on les repère à un moment totalement inattendu. Nos cris doivent alerter un voisin car nous voyons un passager, 4-5 balcons plus loin, les prendre en photo. JB a cependant des doutes : sont-ils des saumons, ou des dauphins ? C’est vrai que sans aucun élément de comparaison, et en étant si haut, nous sommes incapables d’estimer la taille de ces poissons. Cela doit être des dauphins, car le jour même, quand le capitaine annonce que nous avons devant nous des vagues de 4-5 mètres, on aurait pu penser qu’elles ne font que 2 mètres maximum. Ces poissons, comparés aux vagues, devraient être dans les 2 mètres, donc correspondraient aux dauphins.

Les jours suivants

Comme je l’ai dit précédemment, il nous a fallu presque 8 jours pour bien connaître le bateau, ne plus nous perdre, trouver le chemin le plus court et essayer les activités qui nous intéressent le plus.

Ainsi, après plusieurs années, nous refaisons du patinage sur glace. Nous avons le droit à 20 minutes seulement mais cela suffit pour faire des courbatures tellement nous étions crispés.

JB s’initie également au surf. Mais la première étape, avant de surfer debout, est de faire du boogie boarding. Malheureusement, la planche est trop courte pour lui donc il se fait bien mal au genou, mais c’est assez fun. D’autres sont de vrais professionnels, ils surfent avec une telle facilité ! La marque qui propose ces activités s’appelle Flow Rider et on en verra également en Floride, sur une plage.

Il s’essaie aussi à la zipline, à l’escalade, aux toboggans (avec et sans eau). Celui sans eau est tellement haut et flippant que j’ai annulé à la dernière minute. Et j’ai bien fait car l’intérieur est tout noir et ils ajoutent des bruits bizarres. Même JB l’a trouvé impressionnant.

Il remporte également le « championnat » de foot. Le championnat consiste en quelques matchs de 5 minutes très intenses. JB a été « blessé » par un autre joueur brésilien mais celui-ci n’a pas eu de carton jaune.

Quant à moi, peu intéressée par les sports, mon activité quotidienne consiste à aller chercher une glace italienne (trop irrésistible), et lire le plus possible « A la recherche du temps perdu » de Proust. Ce roman m’obsède tellement que je risque de ne pas pouvoir lire autres choses tant que je ne l’ai pas terminé. Or, j’ai l’intention de profiter de notre road trip aux Etats-Unis, juste après cette croisière, pour m’offrir de beaux livres d’occasion en anglais, tant que nous avons la voiture et la place pour les prendre avec nous. Ces livres américains coûtent moins chers aux Etats-Unis et j’aurai plus de choix qu’en Europe.

L’effet Snowpiercer se fait ressentir de plus en plus : nous avons tout ce qu’il faut pour vivre sur le bateau. Je me dis que le fameux train Orient Express qui relie l’Europe à l’Asie ne fera plus peur désormais.

La météo est changeante : il peut faire beau le matin, faire moche et froid l’après-midi. Il pleut souvent. Mais la bonne nouvelle, c’est que les piscines sont chauffées, les jacuzzis ultra chauffés, et c’est un tel bonheur de se détendre dans le jacuzzi au solarium, sur le devant du bateau, et admirer le coucher de soleil à l’horizon. Quand il fait beau, les transats sont bien occupés et on reconnaît les habitués car ils ont pensé à amener des pinces, pour fixer leur serviette aux transats !!

Les passagers de ce genre de croisière particulière sont probablement des habitués. Il est cependant impossible de savoir combien de passagers sont à bord. Je peux voir par exemple même lors de belles journées ensoleillées, il y a encore des transats libres, et même quand des langoustes sont servies sans supplément au restaurant, il y a aussi la moitié des chaises libres. Mais encore une fois, le bateau est tellement grand et il y a tellement d’options et d’activités qu’il est impossible de se baser juste sur ça pour estimer le nombre de passagers.

Les Américains ont une culture de croisière, car les Caraïbes s’y prêtent particulièrement. Un couple canadien me dit que les croisières en Méditerranée leur plaisent particulièrement car ils peuvent visiter plusieurs pays européens en seulement une semaine, avec plein de choses variées à visiter. Mes parents ont fait une croisière de ce type et si l’organisation est fastidieuse (la ville à visiter se trouve souvent à 1h de train du port), ils ont adoré le voyage et en parlent encore avec enthousiasme. A contrario, lors des croisières dans les Caraïbes, on passe du centre commercial d’une île à un autre centre commercial d’une autre île.

Ce genre de croisières est catastrophique d’un point de vue écologique : il suffit de voir la quantité de nourriture, les piscines et jacuzzis ouverts chauffés, la taille de la patinoire etc. Mais ! d’après le capitaine, les eaux usées sont mieux traitées que beaucoup d’autres villes dans le monde. Qu’après avoir été traitées selon un processus complexe, avec des ultraviolets, détection de plastique etc. il dit que l’eau en qui sort est même potable. Quant à la consomption de pétrole, on est entre 5 et 10 tonnes l’heure et le pétrole utilisé semble satisfaire un passager particulièrement soucieux de l’environnement car il a l’air être content de la réponse du capitaine sur le type de pétrole utilisé et son % en souffre.

L’océan est si vaste qu’il est très rare de voir d’autres bateaux. Si nous en apercevons quelques-uns, au loin, ce sont surtout des porte-containers ou des pétroliers. Nous avons cependant vu un oiseau, au milieu de l’Atlantique. Il a l’air en bonne santé et n’a aucune envie d’atterrir sur le bateau. Il a l’air de suivre le bateau pour être à l’abri du vent, mais plonge très vite dans l’eau, un peu plus loin, pour attraper quelques pauvres poissons. J’ai immédiatement allumé la TV pour voir si nous ne sommes pas trop loin d’une île, mais n’arrive pas à la voir, tellement l’île doit être petite.

Nous voyons également quelques poissons volants, qui volent tellement haut et tellement loin qu’au début, je croyais que c’étaient des papillons. En tout cas, la vie sur le bateau devient vite monotone, on établit facilement ses habitudes, même si ce n’est que 10 jours en pleine mer.

Être au milieu de l’océan a des avantages non négligeables : des couchers de soleil absolument resplendissants, et un ciel dégagé avec très peu de pollution visuelle (la seule pollution vient du bateau lui-même, avec ces decks allumés et quelques balcons allumés), j’ai ainsi vu 4 étoiles filantes en une soirée depuis mon balcon.

Quelquefois, quand je suis toute seule à table, ou qu’on me croit toute seule, les Américains ont tendance à me faire de la conversation, comme s’il était inconvenable pour eux de laisser une personne toute seule sans compagnie. C’est via ces conversations spontanées que j’apprends plus sur eux : beaucoup prennent l’avion jusqu’à Barcelone juste pour prendre ce bateau. Ainsi, cette croisière n’est pas seulement un moyen de transport pour rentrer chez eux, cette croisière EST leurs vacances. A la fin de la conversation, tout le monde se présente : « je m’appelle XYZ, et vous ? ». Si beaucoup savent qu’ils ne verront plus jamais de leur vie, certains se sentent forcés d’échanger leurs coordonnées. Mais on sait très bien qu’aucune amitié n’aboutira de ces échanges, c’est très américain de faire comme si on allait se revoir, échanger les coordonnées est juste une manière polie de faire comprendre à l’autre qu’on a apprécié la conversation.

L’un d’entre eux m’a appris qu’avec le programme des actionnaires de Royal Caribbean, on peut bénéficier gratuitement de crédit à utiliser à bord : ainsi 100 actions de Royal Caribbean aurait donné 250$ de crédit pour une croisière de ce type (14 nuits). Certains d’entre eux ont même un bracelet RFID (payant) sur lequel ils peuvent mettre leur seapass (carte d’accès) et qui peut être utilisé sur tous les bateaux Royal Caribbean. De même, on a pu comprendre qu’après ce voyage, on aura le statut Gold chez Royal Caribbean, donnant 25% de réduction aux boissons et restaurants pour les prochains voyages. Les Américains sont toujours doués pour créer des programmes de fidélité alléchants et on pensera à regarder ces conditions plus sérieusement les prochaines fois.

Jour 14 : Nassau, Bahams

Nous arrivons plus tôt que prévu à Nassau aux Bahamas. Aujourd’hui, JB part en excursion (un tour en catamaran avec snorkeling) pendant que je visite Nassau toute seule à pied.

Après plusieurs jours en mer sans croiser d’autres bateaux, on se sent très entourés ce matin avec 2 bateaux Carvinal, un bateau Disney et un autre de Royal Caribbean (Liberty of the Seas). A part Carvinal, les autres bateaux ont l’air aussi hauts que le nôtre (j’ai comparé rapidement en montant au Deck 15). L’autre Royal Caribbean a l’air massif aussi. Mais Symphony of the Seas a l’air d’avoir plus de chambres avec balcon (j’ai compté rapidement le nombre d’étages chez l’autre bateau) et la particularité d’avoir un théâtre aquatique.

Si la zone autour du port est très animée et en mode Disneyland, il suffit de sortir du port et de deux blocs bien commerciaux pour constater la relative pauvreté de l’île. On n’est pas aux Etats-Unis, juste aux Bahamas. Le port étant loin des hôtels 5 étoiles avec plages privées, ça aurait pu être n’importe quelle autre île dans le monde.

Je prends le chemin le plus court pour me rendre à Queen’s Staircase. La route que j’ai choisie n’a aucun trottoir donc c’est un peu dangereux à pied, et j’arrive en haut de l’escalier (au lieu d’en bas de l’escalier, qui est la route prise par d’autres touristes). Tant pis, c’est plus facile de descendre que de monter l’escalier.

Je visite d’abord le Fort Fincastle, à côté de la tour d’eau (visible depuis notre bateau). Le Fort n’a rien d’exceptionnel, il faut payer 3,5$ pour l’entrée, et puis tipper un mec qui ne fait que raconter 4 phrases, mais j’ai une très belle vue sur les bateaux de croisière. Franchement, ne payez pas l’accès, ça ne vaut pas le coup !

Je descends l’escalier Elizabeth et découvre qu’effectivement, c’est plus facile de venir du port via cette route (il y a des trottoirs). En continuant tout droit, j’arrive au Bake Street, la rue la plus commerçante de l’île principale.

Ce qui me dérange un peu sur cette île, c’est que les prix ne sont pas clairement communiqués, ça a l’air d’être à la tête du client. Aux petits magasins d’alimentation, il n’y a absolument aucun prix, on se sent comme des ATM sur pattes, ce n’est pas très agréable.

A pied, je ne peux qu’accéder à une plage au bout du port. Il est hors de question de me baigner dans un port aussi fréquenté quand même. Cependant, vu du bateau, l’eau aux Bahamas me semble très propre, paradisiaque, verte émeraude. Il y a des policiers un peu partout, ça me semble safe.

De l’autre côté, sur Paradise Island, c’est Dubai bis : On peut voir l’hôtel Atlantis, le même existe à Dubai. Ce n’est pas possible de marcher jusque là car le pont reliant à Paradise Island est super loin. Il me semble qu’il y a des navettes (plutôt des taxi-bateaux), ou on peut payer un taxi (ils sont très nombreux à nous attendre devant le port). Cette île abrite l’immense parc aquatique de l’hôtel Atlantis (200$ l’entrée) mais il y a aussi des villas des particuliers avec pilotis pour leurs bateaux privés. L’eau est magnifique, et on peut voir au loin une petite plage où les gens s’amusent beaucoup : jetski, ski nautique…

Je remonte assez vite sur le bateau car il fait trop chaud. Je profite de nombreux points de vue du bateau, avant de me poser au restaurant sur le Deck 15.

Je vois passer un catamaran et reconnais sans difficulté JB, grâce à son chapeau.

JB me dira plus tard que son catamaran a 59 passagers, et ils ont été amenés à un endroit où 4 catamarans font du snorkeling en même temps, autant vous dire tout de suite qu’il y a plus d’humains que de poissons dans l’eau. Mais l’eau est très belle et la visibilité est bonne. Le snorkeling qu’on a fait aux Keys il y a quelques années a été beaucoup plus impressionnant car il y avait plus de variétés de poissons.

Je comprends pourquoi certains me disent que les croisières aux Caraïbes ne valent pas le coup (alors que sur le papier, ça fait rêver !) : si c’est juste pour passer d’une île à l’autre, pour des gens qui ne sont pas très « plage » comme nous, ça n’a absolument aucun intérêt.

En rentrant de son excursion, JB me dit avoir vu sur le quai des valises avec le tag « sorry for the delay ». On espère très fort que ce ne sont pas des valises qui n’ont pas pu monter sur le bateau depuis Barcelone ahahah. Ca fait long 15 jours sans pouvoir se changer !

Vers 17h30, nous regardons d’autre bateau partir avant nous et sommes admiratifs devant la facilité et la rapidité avec lesquelles il sort du port. Comme notre bateau est accosté à l’envers, il faut que notre bateau fasse 180° avant de sortir du port, avec une telle facilité que je suis certaine qu’un créneau n’aurait même pas fait peur au capitaine. Les autres bateaux de croisière sont bien allumés maintenant, l’attraction sur le bateau de Disney (un immense toboggan qui s’appelle « Aqua Mouse » qui serait digne d’un parc d’attraction) est très visible avec ses leds multicolors. Les passagers d’autres bateaux nous font coucou.

Je sais que nous menons une vie de privilégiés, mais c’est en voyant la taille massive de notre bateau que ce constat prend un aspect visuel : Notre privilège, notre chance, notre vie semblent être incarnés par ce bateau luxueux et flamboyant, visible à des kilomètres, dominant tout le port de Nassau, que même les autres bateaux de croisière luxueux n’arrivent pas à rivaliser. Brillant de mille feux le soir, notre bateau me fait immédiatement penser à la scène du restaurant du Grand Hôtel à Balbec dans « A la recherche du temps perdu », magnifiquement illustré par Stéphane Heuet.

Et le soir ils ne dînaient pas à l’hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges.

A la recherche du temps perdu (tome II, à l’ombre des jeunes filles en fleurs)

Jour 15 : Fort Lauderdale & Hollywood

La croisière se termine ici. C’est le vacarme ce matin à cause des dizaines de voitures qui descendent et transportent les valises. Il faut quitter la chambre dès 8h. Comme nous avons de petites valises, nous préférons les prendre avec nous au lieu de les mettre dans le couloir la veille (pour qu’elles soient prises en charge et qu’on les récupère après être descendu du bateau). Le départ se fait de manière très smooth, ainsi que l’immigration. Cette fois-ci, il n’y a aucun tampon sur nos passeports.

Nous prenons un Uber pour nous rendre à Hollywood (Floride), où nous restons une nuit avant d’aller à Las Vegas, récupérer notre voiture de location et entamer un road trip. C’est l’hôtel (lien Booking) où nous avons passé une nuit lors de notre dernier road trip en Floride. Il est à quelques mètres de la plage (au sable blanc et super fin) et comme les Américains ne se posent pas les fesses sur les serviettes (on les comprend car le sable est brûlant) mais sur des transats, l’hôtel nous les prête gratuitement.

Il est difficile de revenir sur terre. Nous sortons notre carte bancaire pour la première fois depuis deux semaines. C’est un café avec un minimum de service, donc JB observe comment on fait pour les tips. Au moment de payer, on peut choisir 10%, 15%, 18% de tips sur une tablette. Mais comme il n’y a quasiment pas de service, le client d’avant refuse de laisser un pourboire par carte bancaire mais laisse un billet de 1$ dans la boîte à tips. JB fera la même chose.

Par contre, la plage est paradisiaque, aussi belle que celle aux Bahamas (même s’il y a des sargasses). Nous attendons le coucher de soleil pour nous y tremper les pieds car le sable et le soleil nous brûlent.

C’est la fin de notre carnet de voyage, j’espère que celui-ci vous a plu. Pour info, cette croisière nous a coûté 2750€ pour deux, pourboires inclus + 100$ d’excursion et consommations diverses sur le bateau, sachant que nous n’avons pas choisi la chambre la moins chère.

JB vous a déjà écrit des guides pratiques pour vous aider à choisir votre croisière. Vous pouvez les consulter ici :

Arrivée à Las Vegas & Opticien : Road trip dans l'Ouest américain #1
Croisières de Repositionnement : exemples de tarifs
    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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