Notre hôtel se trouve à 30 minutes des Sequoia & Kings Canyon National Parks et après une nuit bien reposante, nous sommes prêts à braver le froid et le vent pour visiter. Visiter Sequoia National Park signifie qu’on fait un gros détour avant d’aller à Yosemite mais nous avons beaucoup de temps donc autant en profiter. Et nous avons bien raison car finalement, on préfèrera Sequoia National Park à Yosemite.
Cet article fait partie de notre série d’articles Road trip dans l’Ouest américain. Si vous n’avez pas encore lu les carnets de voyage précédents, les voici : #1, #2, #3, #4, #5, #6, #7, #8, #9
Partie 1 : Carnet de voyage
Partie 2 : Conseils pratiques
Partie 1 : Carnet de voyage
Jour 16 du road trip :
Le chemin vers le Sequoia National Park est très agréable même s’il y a beaucoup de virages et très peu de stops pour prendre des photos. Ou alors des stops avec des vues peu satisfaisantes. On monte sans cesse et sommes entourés d’arbres, mais ce ne sont pas les arbres géants du parc. On n’en verra aucun avant l’entrée au parc. L’accès se fait avec notre pass America the Beautiful, comme d’habitude. Nous l’avons payée 80$ pour 1 an, et l’avons bien rentabilisé en visitant 6 parcs nationaux avec.
Nous avons eu la bonne idée de nous arrêter au Visitor Center car je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il faut visiter ici. Je sais seulement qu’il y a beaucoup d’ours noirs qui vivent dans ce parc. Un monsieur très gentil nous montre les points d’intérêt et nous rassure pour les ours : ils sont certes nombreux mais c’est plutôt rare d’en croiser un. Il nous met aussi en garde contre les bébés ours : si on en voit un et on ne voit pas la maman, il vaut mieux faire demi-tour. Les bébés sont avec leur maman pendant un an et nous arrivons à la saison (Novembre) où la maman les met dehors. Apparemment les ours noirs ne sont pas dangereux, contrairement aux grizzlis. Cependant, il faut tout faire pour les dissuader de s’intéresser à notre nourriture. Au Visitor Center, ils peuvent nous louer des containers pour garder nos nourritures à l’abri du nez très sensible des ours. Ce n’est pas juste une question de sécurité pour nous, mais pour eux ! S’ils n’ont pas peur de nous et s’approchent trop pour se gaver de nos pique-niques, ils risquent d’être tués par des rangers.
Avant notre arrivée dans ce parc, j’ai pris le soin de me débarrasser de tous nos sachets de bœuf séché et toute nourriture susceptible d’en attirer un 😀
Pour ce parc, le monsieur du Visitor Center a conseillé :
- le Tunnel log, accessible en voiture
- le Crescent Meadow
- le General Sherman, le plus gros arbre au monde
- le General Grant Tree, le 3ème plus gros arbre au monde
Mais sur le chemin, on verra plein de jolis arbres sans nom, qui méritent notre attention. Tous les beaux arbres n’ont pas de nom, les pauvres.
Nous passons d’abord au musée qui explique pourquoi les sequoias vivent aussi longtemps (certains ont 3000 ans). Leur écorce est très sèche, ce sont des arbres qui ne brûlent pas facilement. Et même quand une partie du tronc est brûlée, elle peut s’auto-réparer. Les racines de cet arbre sont énormes et peuvent aller chercher de l’eau en profondeur. De plus, il est capable de secréter des substances chimiques pour éviter l’attaque des insectes. Il grandit également plus vite que les autres arbres.
On peut voir plusieurs arbres très impressionnants juste en face du musée et il y a un panneau qui indique que ce sont des « jeunes » arbres qui n’ont qu’à peine 1000 ans 😀 ahaha
Je vous laisse avec le texte explicatif provenant du site officiel du parc :
Les séquoias géants ont survécu à un climat varié au cours des deux à trois derniers millénaires. Pendant de nombreuses années, on croyait que les séquoias géants mouraient en tombant ou en subissant des brûlures étendues de la couronne à la suite d’un incendie. La mort debout due à une maladie ou à des insectes (indépendamment des brûlures de couronne) a rarement été observée par les scientifiques et les gestionnaires qui ont travaillé pendant des décennies dans la Sierra Nevada. Une sécheresse plus importante s’est produite de 2012 à 2016. Les températures plus élevées ont intensifié les effets de la faible précipitation, entraînant une perte d’eau plus importante et une faible disponibilité en humidité pour les arbres. En 2014, les scientifiques ont observé un recul important du feuillage des séquoias. Pendant et après cette sécheresse, ils ont recensé 33 séquoias géants qui sont morts debout, associés à l’activité indigène des coléoptères d’écorce et aux dommages causés par le feu autour de la base de l’arbre. Les scientifiques et les gestionnaires collectent des informations pour mieux comprendre les réponses des séquoias géants à la sécheresse et pour caractériser les modèles à l’échelle du paysage de la vulnérabilité aux périodes de sécheresse plus chaude.
Le feu joue un rôle crucial dans l’écosystème des séquoias géants. À la fin de l’été, lorsque les conditions de la forêt deviennent propices aux incendies en raison de la saison sèche, les tempêtes de foudre ne sont pas rares dans les montagnes. Les cicatrices de feu dans les cercles des arbres datant de 2 000 ans montrent que des incendies généralisés se sont produits naturellement à des intervalles variant de 6 à 35 ans dans ces forêts. Les séquoias géants sont adaptés au feu périodique. L’écorce du séquoia protège généralement les arbres contre des dommages importants. Avec une épaisseur allant jusqu’à 18 pouces (46 cm) et extrêmement fibreuse, l’écorce du séquoia résiste non seulement à la combustion, mais isole également l’arbre contre la chaleur du feu. Si le feu pénètre dans l’écorce et cicatrise le tissu vivant, une nouvelle croissance peut guérir la cicatrice. Cependant, les séquoias géants subissent de nombreux incendies tout au long de leur longue vie et peuvent ne pas réussir à suivre le processus de guérison sur des décennies à des siècles de cicatrices causées par le feu. Ainsi, vous verrez des zones noircies qui s’étendent d’1 à plusieurs pieds de hauteur des séquoias plus anciens, là où les incendies ont marqué l’arbre à de nombreuses reprises. Le feu prépare également le sol nu et minéral nécessaire aux graines de séquoia pour germer. Il élimine la végétation et les arbres concurrents qui cherchent à capter la lumière abondante dont les jeunes séquoias ont besoin. Le succès reproducteur des séquoias géants exige seulement que chaque arbre produise une progéniture mature au cours de sa durée de vie de plusieurs milliers d’années.
Les cônes de séquoia retiennent leurs graines – contrairement aux autres arbres de leur environnement forestier – dans des cônes fermés pendant peut-être 20 ans. Lorsqu’un incendie traverse la forêt, l’air chaud assèche les cônes plus anciens. Ils s’ouvrent et, dans un délai d’une à deux semaines, commencent à libérer leurs charges de graines sur le sol dénudé balayé par le feu. L’histoire de vie du séquoia géant commence avec une graine très petite, de la taille d’un grain de flocon d’avoine – 91 000 graines de séquoia ne pèsent qu’une livre (453 grammes) ! Pour germer et survivre, les graines de séquoia doivent tomber sur le sol minéral laissé nu par le feu – sans cela, les graines ne pourront pas se développer avec succès en nouvelles plantes de séquoias. Les écureuils de Douglas et les coléoptères foreurs de cônes peuvent également libérer des graines, mais si elles ne tombent pas sur un sol nu dégagé par le feu, elles ne peuvent pas germer.
Pendant un siècle, il n’y a pas eu d’incendie donc on ne voit pas de nouveaux sequoias se former. En effet, les sequoias bénéficient des incendies : comme eux ne brûlent pas, le fait que les incendies brûlent les arbres d’à côté leur donne plus d’espace et de ressources. Le sol, dégagé de branches et de feuilles, est plus propice aux jeunes arbres. Ainsi, pour aider les nouveaux sequoias à pousser, les rangers doivent procéder aux incendies contrôlés pour brûler les branches et feuilles mortes qui jonchent sur le sol.
La catastrophe de 2020 (Castle Fire) reste encore dans les mémoires : ces incendies en Californie qui ont duré des mois ont fait perdre entre 7 500 et 10 600 sequoias millénaires, le Windy Fire en 2021 a tué entre 931 et 1 257 sequoias millénaires. Ainsi, entre 2020 et 2021, nous avons perdu entre 13 et 19% des plus grands sequoias au monde. Comme on l’a vu plus haut et il est ainsi indiqué dans l’excellent livre « La vie secrète des arbres », un arbre ne donne qu’un seul descendant. Avec la perte de ces sequoias, on mettra des milliers d’années à les remplacer.
Sur le chemin vers le Tunnel log, nous voyons cet arbre bien abîmé à la base mais qui tient encore debout. Ces arbres, abîmés en partie à cause de l’incendie, a des risques de tomber un jour. Comme ils sont immenses, ils sont très lourds et un jour, le tronc ne pourra plus supporter son propre poids à cause de cette asymétrie causée par l’incendie. Et ils tomberont, les racines arrachées.
D’ailleurs, on verra quelques arbres avec racines bien visibles, et même les racines font plusieurs mètres en diamètre.
Il y a beaucoup de beaux sequoias sur le chemin, n’hésitez pas à vous arrêter régulièrement.
Parker Group
Avant d’aller au Tunnel log, nous tombons nez-à-nez avec ce groupe de 8 sequoias immenses. On peut les toucher, mais le toucher n’est vraiment pas agréable car les écorces sont très sèches et plus on les touche, plus on les abîme (ils seront moins protégés contre les incendies) donc si possible, il vaut mieux juste regarder. JB qui est grand n’a pas l’habitude d’apparaître aussi petit 😀
Tunnel log
Avec notre petite voiture, on passe sous ce tunnel formé par un sequoia tombé, sans aucun souci. Un camping car essaiera de faire la même chose mais il ne passera pas, forcément (il y a un détour pour les voitures qui ne passent pas). A chaque fois, je vous mets JB à côté pour que vous ayez une idée de la taille du tronc, sachant que JB mesure 1,85m.
Nous prenons ensuite la voiture pour aller au Crescent Meadow mais comme nous ne trekkons pas, il n’y a rien d’intéressant à voir en voiture. Je sais qu’on peut suivre les sentiers au sein du Giant Forest Grove, j’ai vu plusieurs parkings sur la route, mais ce n’est pas pour nous. Par ailleurs, si vous le souhaitez, réserver un tour pour explorer le Crystal Cave.
General Sherman
Pour le General Sherman, il y a deux parkings : le plus près, pour les handicapés (à 200 mètres du General Sherman), et un plus loin et plus grand pour le reste. En hiver, nous pouvons squatter le parking le plus près mais ne le savions pas donc nous faisons un long détour pour aller à l’autre, et marcher 1,6km environ. Ce n’est pas gênant, l’air pur de la montagne nous fait beaucoup de bien, même s’il fait horriblement froid. Sur le chemin vers le General Sherman, il y a d’autres arbres géants, mais pas aussi beaux que ceux qu’on a vus sur le chemin vers Tunnel Log.
Et voici le General Sherman. Le pauvre n’a plus beaucoup de feuilles. Il ne grandira plus, mais son tronc continuera à s’épaissir. Tout le monde le sait, chaque cerne sur le tronc correspond à une année, les cernes peuvent être plus ou moins larges, ça dépend s’il y a eu beaucoup d’eau cette année-là. C’est en comptant le nombre des cercles qu’on peut déterminer l’âge d’un arbre mort, mais dans le cas d’un arbre vivant, il faut mesurer la circonférence du tronc et faire une estimation, on ne peut malheureusement pas être très précis.
Un humain par rapport à cet arbre, est comme une souris par rapport à un humain.
Et le General Sherman vu de loin. C’est le plus gros arbre au monde, en volume et en poids (càd qu’il a le plus de bois au monde).
Puisqu’on ne peut pas s’en approcher, un modèle de sa base a été reproduit sur le sol (11 mètres de diamètre). Je pense que notre premier appartement parisien était plus petit que ça.
Autour de cet arbre, il y a d’autres chemins menant vers d’autres sequoias et d’autres découvertes, par rapport cette racine coupée, pour qu’on voie bien les cercles et la disparité des cercles et les blessures dues aux incendies. Celui-ci avait 2210 ans !!
Kings Canyon National Park
Il suffit de longer la route pour arriver au Kings Canyon National Park. Personne ne nous demande de montrer le ticket. Je vous montre les arbres juste à côté du parking du General Grant Tree. Je suis contente car pour la première fois je trouve des sequoias qui tiennent en entier dans une photo ahaha
On est un peu perdus car les indications ne sont pas très claires et il faut regarder sur Google Maps où se trouve le General Grant Tree. En attendant, on est plus attirés par un arbre tombé, qui a servi de maison il y a plus d’un siècle. C’est très cozy à l’intérieur.
Voici le General Grant Tree, c’est le plus large au monde. On ne dirait pas car on ne peut pas s’en approcher.
C’est le plus large (12 mètres de diamètre) mais seulement le 3ème plus gros au monde en volume. Il faut 20 personnes pour former un cercle autour de son tronc.
Cette partie est très agréable à explorer à pied, mais il fait très très froid et nous avons hâte de retrouver le chauffage de notre voiture.
Puisque nous partons, nous pouvons enfin nous permettre de manger (sans attirer, sans nuire aux ours). Notre parquet de chips Springles fait beaucoup de bien car nous n’avons rien mangé depuis ce matin, et sans le bœuf séché que j’avais l’habitude de grignoter dans la voiture à toute heure, je meurs de faim.
Nous nous arrêtons au premier restaurant vietnamien trouvé sur la route (il y en a plein près de Fresco). En sortant du restaurant, il fait déjà nuit (à 17h30 !!) et JB doit rouler dans le noir, sur une petite route pleine de virages à 2 voies. On essaie d’oublier la longue route en écoutant un podcast sur la typographie. Le wokisme s’est invité jusqu’aux polices de caractères, c’est fou ! On écoute une nana expliquer comment elle a créé une police qui ne fait ni masculine ni féminine (avec un focus particulier pour le o et le e, et le · de l’écriture inclusive. Par contre, quand on lui demande si sa police est adaptée pour les dyslexiques (ce qui concerne quand même 10% de la population), elle nous sort une réponse bullshit de merde. Comme ça, « on » pense à la minorité mais pas n’importe laquelle hein, de préférence des minorités tendance. « On » s’en fout des dyslexiques.
On arrive enfin à notre hôtel, à la porte de Yosemite et est très contents d’être sains et saufs. La suite de notre aventure, c’est par ici
Partie 2 : Conseils pratiques
Tous nos trajets et points d’intérêt sont disponibles sur ce plan Google Maps. J’ai déjà expliqué comment profiter de nos plans personnalisés ici
- Sequoia & Kings Canyon National Parks : accès inclus dans le pass America the Beautiful (80$ pour un an)