Voici quelques reviews des BDs ou romans graphiques que j’ai lus en 2023. J’espère que ça va vous donner des idées pour les cadeaux de Noël.
Adaptations de livres
La vie secrète des arbres : L’auteur explique comment les arbres se communiquent, comme ils prennent soin de leur descendance et comment on peut mieux répondre à leurs besoins. C’est une BD qui contient énormément de textes, permettant de bien mettre en avant les idées principales du livre. Par contre, j’avais pas mal de questions concernant certains détails, donc j’ai dû lire le livre (texte) pour mieux comprendre. Ce que j’aime bien avec cette BD, c’est qu’elle n’est pas juste une illustration du livre, mais elle le complète en donnant des détails supplémentaires concernant l’auteur après le succès de son livre, et les changements qu’il a apportés à la gestion des forêts dans le monde. Les dessins sont agréables, il y a plusieurs double pages, très belles. Les enfants vont beaucoup aimer également.
Le nom de la rose : Impossible de rater la sortie de cette BD. C’est l’adaptation du roman d’Umberto Eco. C’est un roman qui se prête bien aux adaptations BDs car visuellement on a beaucoup de choses à montrer : la structure de la bibliothèque, puis les enluminures. Tout ça avec le talent de Manara. Que demander de plus ? La lecture de la BD m’a donné envie de lire le roman. Je trouve que cette adaptation rend justice au roman car tous les détails importants sont fidèlement mis en avant ici. Certains faits sont simplifiés pour avancer le récit, mais ce n’est pas dérangeant. Bref, tout ce qui est important pour Umberto Uco (l’histoire des papes français, les longues descriptions de la façade de l’église ou les enluminures) a été gardé dans cette adaptation. J’attends le tome 2 avec impatience.
Les Piliers de la terre : Impossible de rater la sortie de cette BD. Elle existe en plusieurs éditions (l’édition spéciale Fnac, édition normale, édition spécial en noir et blanc, e-book). J’ai lu le roman il y a très longtemps, c’est un de mes romans préférés. Si le scénario est irréprochable car elle respecte bien le roman, on regrettera la qualité des dessins. Les personnages changent de tête d’une case à l’autre, la qualité des cases varie d’une case à l’autre. Ca donne une BD hétérogène, qui gâche le plaisir de la lecture. Cependant, les dessins de la cathédrale de Kingsbridge (et j’imagine la construction de la cathédrale dans les tomes suivantes) sont satisfaisants. En effet, dans les bonus de l’édition de la Fnac, on apprend que la cathédrale a été reconstituée en 3D sur ordinateur, pour faciliter les dessins de celle-ci sous plusieurs angles. 6 tomes sont prévus, pour le moment je lis en ebook mais j’achèterai l’intégrale avec plaisir.
Dune the Graphic Novel : Pour le moment, seuls les deux premiers tomes sont sortis, le dernier sera disponible en Juin 2024. C’est une adaptation fidèle au roman. Trop fidèle, même ! Le scénario subit ainsi les faiblesses du roman, càd certains passages où les personnages ne sont pas très intelligents. Je n’aime pas non plus les dessins ni les couleurs utilisées. Pour moi, c’est une excellente manière de connaître l’histoire rapidement (en attendant la sortie du film au cinéma), mais ce n’est pas une lecture agréable.
Dune : House Atreides Graphic Novel : Se concentre uniquement sur Leto Atréides quand il était jeune. Je ne connais pas le roman donc je ne saurai dire si c’est une adaptation fidèle. En tout cas, la lecture des trois tomes permet de mieux comprendre comment les Bene Gesserit obtiennent toujours ce qu’elles veulent, et pourquoi les Harkonnens et Atreides se détestent autant. Tout comme Dune the Graphic Novel, je n’aime pas beaucoup les dessins à l’intérieur, mais j’adore les couvertures ! J’adore aussi les couvertures alternatives présentées à la fin de chaque BD.
Ravage : 3 tomes : Que se passe-t-il quand l’heure de l’apocalypse sonne ? La violence ! J’ai lu le roman et je l’ai détesté car le héros me paraît antipathique et les femmes seront parfaitement inutiles. L’histoire de la BD a été légèrement modifiée pour rendre les personnages moins stupides. La fin a été bien modifiée, pour le meilleur. L’époque où se passe le récit a été reculée de plusieurs décennies pour que, visuellement, on se projette mieux dans le monde apocalyptique. Personnellement, j’ai du mal avec l’histoire du roman, mais cette BD a essayé de faire au mieux. J’imagine que c’est le mieux qu’on puisse avoir à partir d’un mauvais roman, donc je salue l’effort.
Ferme des animaux : j’ai lu deux adaptations et je trouve l’adaptation française plus fidèle au roman (de Patrice Le Sourd), avec des dessins plus « propres » et quelques cases très drôles. C’est un roman assez court à la base donc les BDs sont courtes également.
Voyage au centre de la terre : Cette adaptation du roman de Jules Verne vient de sortir son premier tome. Le choix du roman me plaît car il mérite d’être plus connu. Cependant, c’est une BD trop woke pour être prise au sérieux. Les personnages sont transformés en lièvres. OK pourquoi pas. Axel devient Axelle. OK pourquoi pas. Mais dans ce cas, pourquoi garder la femme de ménage ? Pourquoi ne pas la transformer en homme de ménage ? Faut être WOKE jusqu’au bout ! J’aime beaucoup les dessins par contre, même si la palette utilisée est assez monotone (j’aurais aimé plus de contrastes entre les scènes normales vs. les scènes sous la terre). Je pense que ça peut plaire énormément aux enfants (à condition de leur donner aussi la version originale, à lire).
Sapiens : l’adaptation BD se veut didactique, en introduisant des personnages qui racontent l’histoire du monde. Si ce process innovant séduit dans le tome 1, ça devient ennuyeux dans le tome 2 (les BDs Cindy & Co sont illisibles), et carrément vulgaire dans le tome 3 (jeu télévisé débile). On sent que les illustrateurs s’essouflent car il y a des pages entières dessinées, clairement, pour gratter quelques cases (car elles nous apprennent rien du tout). Je ne suis pas sûre d’avoir envie d’acheter le tome 4 l’année prochaine.
Watership Down : Je n’ai jamais lu le roman donc je ne sais pas trop si cette adaptation est fidèle. C’est un classique dans les pays anglophones. En tout cas, j’ai beaucoup aimé les dessins et l’histoire. Il parle des lapins qui doivent trouver un autre endroit pour vivre. On parlera de révolution, de combats, mais aussi de communication et d’empathie.
A la recherche du temps perdu : J’en ai parlé longuement ici, j’aime tellement que j’ai lu les BDs plusieurs fois et suis en train de lire le texte (je suis au 6ème tome, eh oui, c’est bientôt la fin, ouf !)
Cats Galore : Imaginez les tableaux et les films les plus célèbres au monde avec des chats. C’est à mourir de rire. On révise également ses connaissances culturelles. J’ai seulement le tome 1 et vais me procurer du tome 2 prochainement. L’impression est de grande qualité.
BDs biographiques / historiques
Borgia : extrêmement déçue par cette série de BD. Les couleurs sont atroces, le scénario aurait pu être mieux développé que ça. On reste sur les stéréotypes de la famille Borgia (sexe, violence, manipulation) sans détailler davantage le contexte politique et religieux. Les femmes dans cette BD sont réduites à de la chair. Même Manara n’a pas pu sauver le scénario avec ses dessins.
Le Caravage : Quand Manara s’occupe lui-même du scénario, ça va beaucoup mieux. L’histoire de Caravage est très bien racontée en 2 tomes seulement. J’avoue ne pas avoir été touchée par les tableaux du Caravage que j’ai vus à Malte, mais c’est grâce à cette BD que j’ai enfin compris son génie.
Céleste : Chloé Cruchaudet, à travers ces 2 BDs, a réussi à raconter visuellement la relation entre Céleste Albaret, la femme à tout faire de Proust, et son maître et idole Marcel Proust. Elle se base sur plusieurs livres pour créer ses BDs. Les dessins sont irréprochables et magnifiques, malgré une palette trop pastel donc illisible par moment, mais j’aime beaucoup le côté « aquarelle » qu’elle a pu créer digitalement. Le contenu est, hélas, plein d’imprécisions et fait trop « conte de fée ». Elle ne semble pas connaître suffisamment la vie de Proust car les mensonges de Céleste Albaret n’ont pas été détectés ici. Elle a carrément changé la mort de Proust. Enfin, on parle des gens qui ont vraiment existé, on ne peut quand même pas changer sa mort comme on veut !!
Géostratégix : J’ai beaucoup aimé le tome 1 et je viens d’acheter le tome 2. Même JB qui s’y connaît en géopolitique m’a dit avoir appris des choses. Le tome 2 est sorti un an après la guerre en Ukraine donc je suis curieuse de voir ce que pense l’auteur des enjeux dans cette zone. Les dessins sont simples mais les couleurs changent d’une page à l’autre, les rendant moins ennuyeux.
L’incroyable histoire de…. : J’aime beaucoup la collection « L’incroyable histoire de… » qui résume en 200 pages l’histoire de la médecine, du sexe etc. Cette année, j’ai acheté 3 tomes mais j’en ai seulement lu en entièrement, et feuilleté les deux autres. Je ne suis pas fan du style des dessins, ni l’humour vulgaire et trash (parfois dégradante pour les femmes), mais j’aime cette collection car j’apprends beaucoup de choses.
L’incroyable histoire de l’immortalité m’a un peu déçue car je pensais avoir plus d’infos sur les alchimistes. Finalement, on ne parle que du transhumanisme. C’était tellement inintéressant que j’ai déjà tout oublié.
Les deux autres : mythologie grecque + littérature française sont écrits par la même autrice, c’est intéressant, mais on n’évite toujours pas des blagues salaces.
Roman graphique
Habibi : C’est entièrement en noir et blanc. Ce roman graphique m’a été recommandé par un vendeur à la Fnac et je le hais pour sa recommandation. C’est une œuvre artistique (les calligraphies arabes sont incroyables, les scènes de la Bible, les carrés magiques) mais je me sens vraiment désolée et triste pour les personnages. Dans ce roman, ils souffrent vraiment beaucoup trop. Pendant un long moment, ce roman m’a hantée et je n’ai pas osé le relire pendant plus de 10 ans.
Blanket : Du même auteur. L’histoire est très touchante et j’aime beaucoup la façon dont elle a été racontée. C’est presque auto-biographique, et c’est ça qui dérange un peu. Ici aussi, la souffrance des personnages est telle qu’on ne se sent pas bien après la lecture. Je pense que ça peut convenir aux ados en souffrance, car ils vont se sentir compris.
The Encyclopedia of Early Earth: A Novel (L’encyclopédie des débuts de la terre) : Malgré le titre, ce n’est pas un livre scientifique sur la vraie terre mais une terre imaginaire. Isabel Greenberg arrive à créer son propre monde, un monde régi par des Dieux qu’elle invente. On suit un homme qui cherche un bout de son âme au bout du monde. Il voyage en devenant troubadour. Les dessins sont simples mais les petites touches de couleurs sont efficaces. L’histoire est très intéressante et pleine de suspenses. J’ai beaucoup aimé.
Les cent nuits de Héro : Par la suite, l’autrice a sorti un autre livre expliquant davantage l’origine des Dieux de son monde. L’histoire devient soudainement trop féministes (en mode les hommes sont tous des porcs) et les dessins se sont amochés. Les couleurs et les traits sont faits à la va-vite. C’est tout le contraire de son premier roman. Il y a cependant des petites histoires très intéressantes dans ce roman graphique, mais il souffre de la comparaison avec le premier.
J’espère que cette liste vous a plu. Si j’en lis d’autres d’ici la fin d’année, je compléterai la liste.
