Visite de la maison & les ateliers Louis Vuitton à Asnières (France)

JB et moi sommes actionnaires de LVMH et, de temps en temps, ils organisent des visites d’exception (et gratuites) pour leurs actionnaires. Nous avons pu bénéficier de quelques-unes de ce type et nous en profitons à chaque fois que nous rentrons en France.

Cette année, JB a pu nous décrocher deux places pour la visite de la maison Louis Vuitton et de leurs ateliers à Asnières. Il faut savoir que Louis Vuitton a énormément d’ateliers, mais celui-ci est le plus prestigieux car c’est ici qu’ils font encore des malles (leur métier de base), les pièces d’exception (comme la malle qui transporte la coupe du monde de football) et les commandes spéciales (les demandes de sûr-mesure). JB a regardé un reportage sur ce même atelier il y a des années, il a été notamment impressionné par l’exemple d’un client, qui est venu avec tous ses objets pour que Vuitton conçoive une malle pour lui, avec un emplacement dédié à chacun de ses objets. Cette histoire m’a énormément inspirée, j’ai fait la même chose lors de la conception de mon sac sur mesure en barénia chez mon artisan.

C’est hypocrite de ma part de m’asseoir au milieu du salon de la maison Vuitton pour une photo, en tant qu’actionnaire, puis dénoncer l’industrie du luxe sur mon blog, hehe. Bernard Arnault, à la tête de LVMH a tué le vrai luxe et l’a remplacé par l’industrie du luxe : des produits de masse, mais avec un semblant de qualité, des campagnes marketing de génie et un prix très élevé (mais avec des produits d’appel abordables) pour que la classe moyenne puisse s’offrir de quoi se la péter.

Mais il faut reconnaître que cette industrie du luxe a contribué à conserver certains métiers. Grâce à elle, j’ai accès à de très beaux cuirs des tanneurs français, qui seraient morts de faim si les artisans mettaient encore 60h à faire un sac en cuir. Les artisans continuent à être formés par des maisons de luxe avant de devenir indépendants. Bref, on est bien d’accord, si on se dit : « ok ok ce sont juste de beaux produits au prix élevé, je sais que je paie pour la marque, mais tout le monde le sait et personne ne se victimise », on peut tout à fait s’asseoir chez Vuitton pour siroter un thé, hein.

Est-ce que je pense que les produits Vuitton valent leur prix ? Non ! Est-ce que c’est respectueux vis à vis des clients de faire croire que c’est de la haute qualité et ça vaut ce prix ? Non ! Mais on ne peut pas empêcher les gens de jeter leur argent par la fenêtre, n’est-ce pas ? Ils font ce qu’ils veulent.

P/s : je n’ai acheté aucun produit chez Vuitton et n’ai pas l’intention d’en acheter, je suis juste (une microscopique) actionnaire.

Donc, nous nous présentons devant une porte où il n’y a même pas de nom ni de logo et un monsieur nous ouvre la porte discrètement, révélant un jardin verdoyant en pleine banlieue tristounette parisienne. Dès que nous franchissons la porte, un énorme salon chaleureux attire notre regard et on a envie d’y rester pour toujours.

Un peu comme le musée d’Hermès, cet espace est réservé aux clients VIP, aux collaborateurs, aux fournisseurs, aux occasions spéciales, mais c’est un lieu spécialement conçu pour recevoir. Il y a une équipe dédiée à la réception, et les groupes remplissent puis vident cet espace, sans jamais se croiser bien sûr. C’est à la fois un événement exceptionnel (pour nous), mais un événement parmi d’autres pour ceux qui nous reçoivent.

Cette maison est absolument incroyable car nous avons l’impression d’être invités chez quelqu’un, c’est familial, c’est accueillant. Mais il y a tous les codes du luxe : de la fourniture aux décorations, en passant par le thé servi dans une vaisselle très raffinée, jusqu’aux petits détails (fleurs fraîches, cheminée allumée…).

Après un petit encas et quelques mots sur l’histoire de cette maison, nous sommes invités à visiter les ateliers. On ne peut ni filmer ni prendre des photos à l’intérieur donc je vais juste vous montrer l’extérieur.

Ces ateliers sont toujours ceux que montre Louis Vuitton quand il y a un reportage à la télévision, comme l’atelier d’Hermès à Pantins. Parce qu’ici, ce sont des commandes spéciales, donc beaucoup de choses sont encore faites à la main (alors que dans d’autres ateliers…).

Les malles sont sur commande (parce qu’ils n’en fabriquent pas beaucoup tout prêts), certaines sont sur mesure (par exemple pour contenir la Coupe du Monde de Football cette année). Il y a quelques menuisiers qui fabriquent la totalité du squelette des malles (en bois). Ces malles seront envoyées à d’autres équipes pour être couverte de toile enduite, ou de cuir, et l’intérieur sera fabriqué selon les désirs du client. Il faut compter de longs mois pour recevoir sa commande.

Mais en attendant, on va toucher d’abord les cuirs exotiques : crocodile, serpent, autruche, lézard… la guide qui nous accompagne est extrêmement douée, elle connaît tout sur tous les métiers et on a pu lui poser des questions très précises. J’ai vu une peau de crocodile himalaya, 10 fois plus belle que celle que j’ai, et j’ai vraiment eu un coup de cœur.

Ensuite, on nous montre comment les peaux exotiques sont coupées : un laser projette le patron sur une immense table de travail, pour que l’artisan puisse poser correctement son cuir. Ensuite, il y a une sorte de couteau guidé par l’ordinateur qui coupe. De toute façon, chez les maisons de luxe, le cuir n’est plus coupé à la main, c’est toujours avec une emporte-pièce ou un couteau guidé par l’ordinateur, ça prendrait trop de temps sinon. C’est la différence entre l’industrie du luxe, et l’artisanat, eh oui !

Nous voyons plusieurs maroquinières s’activer pour faire des sacs en crocodile. Je n’ai vu personne coudre à la main, mais peut-être que je suis arrivée au mauvais moment (ou alors parce que les machines à coudre nous sont cachées ?). En tout cas, j’ai vu l’astiquage à la main, et les poignées faites à la main (attention on est encore une fois sur des sacs en cuir exotique, pas des sacs normaux). Nous avons pu discuter directement avec une maroquinière et elle nous a dit qu’elle était apprentie chez eux, et très contente de l’être. Tu m’étonnes, d’aussi beaux cuirs !!

Ensuite, on passe vraiment aux malles. Pour les petites malles, les pièces en bois sont liées entre elles via un tissu collé sur du bois. Désolée je m’exprime mal mais il y a très peu de métaux en fait. On couvre ensuite l’ensemble de toile enduite (beaucoup beaucoup moins chère que le cuir) et va mettre des clous partout (enfin pour certains modèles). Apparemment, planter des clous de manière régulière et droite est un exercice très difficile. Je les crois sur parole car même pour couper du cuir droit, je croyais que c’était facile alors que ça me demande beaucoup d’effort !

L’intérieur est ensuite compartimenté, décoré, collé (beaucoup, beaucoup de colle, c’est inévitable dans ce métier).

Nous avons pu voir des petites comme de très grosses malles. Notre guide précise qu’ils ne font pas de cercueil (mais qu’on leur en demande souvent) ! Mais beaucoup de modèles cool comme une malle-coiffeuse avec chaise intégrée, il suffit de l’ouvrir et on a une coiffeuse prête à l’emploi.

Ca me donne beaucoup d’idées, j’ai trop envie de fabriquer moi-même une boîte à bijoux en cuir. Pour les petites boîtes, pas besoin de clous (ouf).

On termine la visite par un petit musée (où on peut enfin prendre quelques photos). LV a créé deux mascottes : Vivienne et Gaston et Vivienne avait droit à cette petite malle façon « maison de poupée ». C’est troooop mimi !!!

On profite de ce musée pour réviser un peu l’histoire de Louis Vuitton : tout commence par des voyages en train où les gens ont besoin de malles pour mettre leurs affaires. Vuitton a une idée de génie : utiliser de la toile au lieu du cuir pour couvrir les malles, c’est plus léger, durable, imperméable. Son idée est copiée partout. Il tente de se différencier en mettant des motifs rayures, puis le damier, mais il est de nouveau copié, donc son fils trouve ces motifs japonisants et le LV caractéristique. Ensuite, les malles ont moins la côte et ils se diversifient en proposant des sacs à main.

Ce qu’on nous a pas dit, mais que j’ai lu ailleurs, c’est le rachat pas du tout attendu (ni souhaitable) de LV par Bernard Arnault… mais chuuuut ! Comme Dior, racontons-nous comment Christian Dior aimait les roses, au lieu de raconter comment cette maison était presque en ruine quand Mr. Arnault l’a racheté (source). Chuuuut !!

Louis Vuitton est très fier de son passé de malletier, qui les différencie des autres maisons issues de la sellerie (Hermès) ou de la mode (Chanel). Récemment, LVMH a racheté Moynat, avec un début en tant que malletier également. Je ne sais pas trop comment ils arrivent à positionner Moynat, mais pour le moment, ce n’est pas gagné (nous en parlerons dans un autre article car on a visité aussi l’atelier de Moynat, stay tuned!).

Bref, j’ai beaucoup beaucoup aimé cette visite ! Notre guide a été géniale, on dirait qu’elle a fait tous ces métiers avant de nous guider à travers l’atelier. Elle sait nous dire quelle tâche est difficile, quel matériel il faut pour quelle tâche… c’était superbe !

A la fin, nous avons été invités de nouveau à la maison Vuitton pour siroter du champagne, de Veuve Clicquot (la dame qui s’empressait de vendre du champagne aux ennemis pour qu’ils fêtent leur (fraîche) victoire contre la France)… ça m’a beaucoup amusé, ce choix ! Ils auraient pu proposer une autre marque mais non, c’était Veuve Clicquot.

Nous sommes tous partis avec un petit pot de miel venant des toits de la maison.