Apparemment, le breathwork (respiration rapide jusqu’à l’hyperventilation) commence à être « tendance » en France. Les gens y participent comme si c’était un cours de méditation ou de yoga normal.
Alors qu’il s’agit d’un moyen très puissant pour accéder à notre psyché et il ne faut y avoir recours que quand on se sent vraiment prêt.
Dans cet article, je vais vous parler de mon expérience de la Respiration Holotropique, une expérience mise en place par le Dr Stanislav Grof, permettant d’accéder au psyché, en induisant un état de conscience modifié. L’état de conscience modifié, on l’atteint plusieurs fois par jour sans forcément le savoir – quand on rêve, quand on rêvasse en pleine journée, quand on vient de se réveiller…
Pour commencer, il y a plusieurs types de breathwork (travail sur la respiration) :
- Breathwork super hype actuellement : présenté comme une séance de méditation/yoga : une personne encadre un groupe de 10 à 15 personnes, qui respirent en même temps. La séance dure environ 1 heure.
- Rebirth (ou Rebirth Breathwork) : méthode de développement personnel mise au point dans les années 1960 aux États-Unis par Leonard Orr. Cette méthode utilise la respiration pour libérer le trauma de la naissance
- Holotropic Breathwork (la respiration holotropique) : c’est une marque déposée. Pour participer à ce type de séances, il faut suivre un protocole mis en place par Stanislav Grof, psychiatre tchèque, pionnier dans la recherche des états modifiés de conscience. Pour cela, il faut s’adresser à un facilitateur certifié. Cela dure au moins toute une journée (on respire le matin, et on assiste d’autres « breathers » l’après-midi – ou vice versa) et il y a des moments d’échange après chaque respiration.
- Et plein d’autres techniques liées juste à la respiration : Transformational Breath, Respiration tantrique, Respirologie, Pranayama…
Pourquoi la respiration holotropique ?
J’ignore pourquoi mais j’ai voulu tester cette méthode dès le moment où j’en ai entendu parler.
Si on remonte le temps, au début, Stanislav Grof menait un programme de recherche psychédélique à l’Institut de recherche psychiatrique de Prague, en Tchécoslovaquie, ce qui l’a amené à étudier les effets qu’induisait le LSD. Des années d’études ont montré le potentiel de guérison et de transformation des états non-ordinaires de la conscience, activé par le LSD en question.
Dans les années 60, le LSD est devenu interdit, considéré comme une drogue et les recherches ont cessé. Cependant, il a remarqué que les patients sous LSD étaient en hyperventilation – et a élaboré avec sa femme une technique appelée « Respiration Holotropique » pour induire un état de conscience modifiée – sans recours au LSD. Le participant contrôle toute la situation, car il décide d’être hyperventilation – ou pas – et arrêter, s’il le souhaite l’expérience, n’importe quand. Alors qu’avec le LSD, une fois administré, le participant voit sa conscience modifiée pendant plusieurs heures, sans pouvoir maîtriser la durée.
Vous pouvez avoir plus d’infos sur Stanislav Grof en lisant son interview ici (fichier PDF).
Note : les effets ne sont pas les mêmes pour le LSD que le holotropic breathwork, ou l’ayahuasca, La respiration holotropique ne peut pas remplacer une séance d’ayahuasca en Amazonie par exemple, si c’est ce que vous recherchez. Les effets sont très différents d’une méthode à l’autre.
Ce type de travail peut ressembler aux rites de passage chez les peuples traditionnels, où ils dansent tous ensemble autour du feu, jouant aux tambours pour entrer finalement en « transe ». Après un n-ième reportage à la TV sur les chamans, les rites de passage etc. je me suis toujours demandé pourquoi c’était si important pour eux d’entrer en transe, ce que ça leur apportait, pourquoi autant d’efforts pour ça – et pourquoi on retrouvait ce genre de pratiques dans le monde entier, comme si ils s’étaient passés le mot.
Ça m’a toujours intriguée. Certains expliquent la transe comme un moyen de s’approcher de Dieu, et d’autres, comme un moyen d’accéder à la source des connaissances. Certains anthropologues affirment la disparition des rites de passage dans notre société moderne comme l’origine de nos maux. Après avoir été sensibilisée aux mythes des aborigènes (Le Temps du Rêve) lors de mon séjour en Australie, ces questions ne m’ont jamais quittée, et j’ai eu envie de faire un équivalent de rite de passage pour comprendre ce qui se cachait derrière tout ça.
Au début, en lisant les résultats issus des recherches du Dr. Grof, j’en ai parlé à une amie, en lui disant que lors de ces séances, certaines personnes pouvaient accéder à l’inconscient collectif, ou revivre leur naissance et que ça m’avait l’air intéressant. Je m’attendais donc à vivre la même chose. Elle m’a tout de suite dit de ne pas le faire, car j’avais trop d’attente, et que j’allais être déçue. Et que pour ce genre de choses, il vaut mieux y aller sans aucune attente, qu’il fallait être déjà bien dans sa peau.
Bref, entre le moment où je lui en ai parlé, et le moment où je me sens vraiment bien dans ma peau, j’ai terminé 2 tours du monde et plusieurs livres de développement personnel ahahahah
Et quand je suis enfin prête, comme par hasard, j’ai trouvé un facilitateur certifié à Montréal. Il n’organise qu’une séance tous les deux mois, et je suis à Montréal pile au moment où il organise une séance. Note : il faut TOUJOURS passer par des faliciateurs certifiés. Il y en a partout dans le monde, la liste officielle est par ici
Du coup, mon attente par rapport à ma séance de respiration holotropique : RIEN. Je fais confiance à mon psyché. Il me montrera ce qu’il voudra.
Inscription & Séance d’introduction
Après la prise de RDV et paiement en ligne, je reçois un mail avec un formulaire de santé à remplir. Evidemment qu’on ne peut pas y participer si on a des problèmes de santé ou souffre de problèmes psychiques…
Pour celles et ceux qui respirent pour la 1ère fois, une séance d’information d’1h30 est organisée – gratuitement – la veille. Sur les 18 personnes participant à ma session, 10 respirent pour la 1ère fois. Le facilitateur nous explique le déroulement de la séance, insiste sur les détails techniques (comment respirer, et surtout lâcher le contrôle et accepter toute émotion et expérience qui viennent jusqu’à nous).
Il nous éclaire sur quelques concepts abordés dans les travaux de Grof, les trois plans de l’inconscient, dont le domaine périnatal, que je n’avais pas compris lors de mes différentes lectures et qu’il avait expliqué avec brio ici. Il explique qu’il y a 4 phases dans une naissance (matrices périnatales), et il suffit qu’un ou plusieurs phases ne se passent pas bien pour que ça laisse des blessures psychiques chez l’individu. Par exemple, un bébé qui sent qu’il n’est pas désiré, pourrait se sentir rejeté quand il sera adulte, se sentir de trop à chaque fois qu’il va à une fête. Ou un enfant né par césarienne pourrait, plus tard dans sa vie, être moins autonome et attendre de l’aide extérieure etc. Bien évidemment, il n’y a pas de schéma figé, mais en creusant dans l’histoire de sa naissance, on peut y trouver des explications pour soi-même, ainsi que les thèmes communs comme l’enfer, le paradis perdu… Certains, pendant une session de respiration holotropique, peuvent avoir l’impression de revivre leur naissance (l’accouchement), mais c’est rare.
Je pense que cette séance d’introduction d’1h30 était nécessaire car pas tous les participants se sont bien renseignés sur la respiration holotropique. Donc pouvoir poser des questions avant la séance, et baisser ses attentes, apportera plus de choses à la personne je pense.
Le jour J
Nous devons tous venir avec :
- du snack, de l’eau, de quoi manger à midi
- une couverture
- une housse pour le matelas
- un masque pour les yeux
- les boules quiès si la musique est trop forte pour nous
Le reste (matelas, chaises, matériaux de peinture…) est fourni sur place.
Il y a deux parties :
- première partie où j’assiste quelqu’un (je deviens « sitter »)
- deuxième partie où je respire (je deviens « breather »), et l’autre personne devient mon « sitter » pour m’assister
Ou vice-versa. Comme je respire pour la 1ère fois, je préfère d’abord être « sitter » pour voir comment ça se passe, avant de respirer moi-même. Les musiques sont différentes pour les deux sessions, donc je n’aurai pas d’impression de « déjà-vu ». Le facilitateur nous a expliqué qu’il était important d’avoir une musique peu familière, pour ne pas interférer avec notre expérience. Et que la musique était surtout là pour « masquer » les bruits que pourront faire les autres participants. Dans mon cas, la musique était très importante et me servait de guide.
Le fonctionnement en « duo » permet d’avoir quelqu’un qui nous assiste et surveille en permanence (donner de l’eau, des mouchoirs etc.)… et trois facilitateurs certifiés circulent dans la salle pour assister, en plus, si besoin.
Apparemment, on peut aussi respirer seul(e) avec le facilitateur, mais l’effet de groupe peut rendre l’expérience plus puissante. J’ai été témoin de cette énergie de groupe lors de la cérémonie des derviches en Turquie.
Le matin
Nous commençons la journée avec un petit rappel du fonctionnement : comment respirer, comment travailler son corps pendant la respiration… on nous répète encore et encore de faire appel aux facilitateurs au moindre doute… et on termine par former un petit cercle de partage où nous partageons notre état d’esprit du moment.
Nous sommes 18 en tout donc on s’auto-forme des duos. J’assiste une personne ce matin et je respire l’après-midi. Mon rôle consiste à lui passer les mouchoirs, de l’eau, lui remettre la couverture, l’accompagner aux toilettes… sur demande car personne n’est autorisé à toucher une personne qui respire sans demande explicite. Si la réaction de la personne peut sembler impressionnante (elle peut danser, tourner dans tous les sens…), il faut juste protéger la personne, pour qu’elle ne se blesse pas, mais c’est tout.
La musique est très belle donc malgré la longue durée de la session, et le peu de demandes venant de ma binôme, je ne me suis pas ennuyée. Voir les gens se relâcher complètement, danser, bouger…. m’a vraiment fait du bien. Je me dis que je suis dans un environnement safe et sans jugements.
A la fin de la session, les personnes qui viennent de respirer dessinent leur mandala. Et tout le monde sort son lunch pour déjeuner en papotant. N’étant pas d’humeur à parler, j’ai fait mon asociale en dessinant à l’avance le contour de mon mandala. Et j’ai apprécié que les gens me laissent tranquille dans mon coin au lieu de trouver ça « anormal ».
L’après-midi
C’est mon tour de respirer. J’installe mes affaires et donne les instructions à ma binôme : qu’elle ne me laisse pas grincer les dents (si je le fais) etc.
Le facilitateur nous parle doucement, nous dit de nous détendre… je m’allonge, mets mon masque pour les yeux et au bout de 2 minutes, alors que la musique n’est pas encore là, je suis déjà en train de respirer très rapidement, et une douleur m’envahit au milieu de la poitrine, pour descendre dans le ventre, et mes mains sont crispées… Ça arrive quand on respire vite et a trop d’oxygène dans le sang. Quand j’ai mal et me sens vulnérable comme ça, eh ben je pleure… à chaudes larmes. Et la musique tribale me fait pleurer davantage.
Même en respirant normalement, la douleur est encore là. Il est conseillé d’appeler un facilitateur, qui pourra augmenter la pression en mettant un coussin sur la zone où ça fait mal. Mais je n’en ai aucune envie. La douleur au ventre devient insupportable, on dirait qu’il y a un cercle qui creuse, qui creuse. Alors je me suis imaginé en train d’ouvrir mes chakras et faire remonter la douleur jusqu’à la tête, pour qu’elle sorte par là… et magie, ça marche. Je n’ai plus mal.
J’ai retenté de respirer rapidement à nombreuses reprises mais ça ne me fait plus aucun effet, plus aucune douleur. A chaque fois, c’était la musique qui m’a amené des images et m’a fait basculé dans un état de conscience modifié. Des images me viennent en tête et même si je voulais m’imposer d’autres images, elles ne viennent pas. Par moment, l’image peut-être aussi réelle que quand on regarde un film. Mais la plupart du temps, l’image parvient tout simplement par la pensée, de la même façon que l’hypnose, ou dans un rêve.
Comme la séance dure 3h, j’ai eu le temps de voir défiler plein plein d’images. Les premières me plongent en Amazonie, avec des gens qui dansent et chantent autour de moi. Viennent ensuite les deux meilleurs moments que j’ai passés avec Rosalie (mon chat) et mon chien. J’ai revécu ces moments autant de fois que je voulais, tout en ressentant, au fond de moi, tout l’amour qu’ils m’apportent. Submergée par ces vagues d’amour, j’ai encore pleuré… tellement touchée et reconnaissante. J’ai voulu penser à ma famille mais comme je vous le disais, on ne peut pas imposer des choses à son psyché, mon psyché a tout simplement refusé que m’envoyer des images les concernant.
Ensuite, j’ai été amenée dans différents endroits. J’étais comme un drone, observant des scènes derrière un oiseau, derrière une personne… comme dans un documentaire de National Geographic 🙂 les images sont grandioses, certaines me parlent car j’ai été dans ces endroits, d’autres viennent de nulle part et je ne suis pas sûre de les avoir vus en photos ou dans un livre. J’ai été amenée en Egypte Antique, en Rome Antique, dans les jardins de Babylone, à Iguazu, à l’Isla del Sol, en Amazonie… et puis dans des lieux où je n’ai pas été : le trou bleu des Bahamas, dans un cenote baigné de lumière probablement au Mexique, au temple Dendéra en Egypte, au sommet de la Grande Pyramide (couverte d’or), dans deux salles – inconnues – peut-être en Grèce…
A chaque fois, je ressens beaucoup de joie, de gratitude et aussi très touchée de voir des choses aussi belles, aussi incroyables. D’habitude, j’ai toujours peur de la profondeur de l’océan, mais pendant cette session, j’étais souvent dans l’eau très profonde, à nager avec les dauphins, baleines, requins ou au fond d’un cenote et je n’avais pas peur du tout. Et puis, j’étais dans l’espace, contemplant la Terre d’en haut, couverte d’une énergie incroyable, puis projetée parmi les planètes et étoiles…
A la fin, je revis une multitude de (vrais) moments où quelqu’un a été gentil/m’a dit qq chose de gentil. Et je me retrouvais dans la peau de ces personnes, c’était MOI qui étais gentille, et disais des choses gentilles à moi, d’en face. Je ressentais que c’était THE moment de révélation, qu’il fallait être attentif à ces images – mais je n’ai pas vraiment essayé de pousser l’analyse sur le moment – car la méthode consiste à vivre ses expériences, faire attention à ses sensations, et interpréter plus tard.
Entre chaque série d’images, je suis très fatiguée et dois me reposer un peu. En général, j’ai des images pendant une chanson, puis je passe 1/2 chanson à me reposer, puis je vois autres choses… je parle de chanson car c’est mon seul repère de temps. A la fin, j’étais très fatiguée et ai essayé de dormir, mais je ne pouvais pas, alors j’ai terminé l’expérience en retirant mon masque. Sans savoir que la musique devait s’arrêter 5 minutes plus tard de toute façon. Quand on respire, les 3h passent beaucoup plus rapidement que quand on assiste quelqu’un.
J’ignore comment j’étais pendant la session, je sais que j’ai beaucoup pleuré – de gratitude – mais aussi beaucoup dansé, tout en restant allongée. Ça devait être impressionnant à voir, surtout pour ma binôme, qui pensait que j’étais en grande souffrance, alors que pas du tout. Pendant la session, j’ai aussi entendu d’autres participants crier, rire, pleurer… mais cela fait partie de l’expérience, et ça ne m’a aucunement gênée.
Fin de la session
Nous terminons la séance en échangeant quelques mots et ressentis avec ma binôme. Les facilitateurs passent voir chacun d’entre nous et demandent si ça va. Et puis, on se met en cercle et partage un à un nos expériences, parfois dans les détails, parfois non… Au global, tout le monde a été ravi de sa session, même si beaucoup ont du mal à interpréter les images qu’ils ont eues. Je ne vais pas en parler en détails car je ne peux que relater ma propre expérience, mais en aucun cas révéler les expériences des autres.
Le lendemain, on reçoit tous un mail avec les instructions pratiques (par ex. ne pas prendre de décision super importante dans les 2 semaines qui suivent, se reposer…) ainsi que le nom des chansons des deux sessions.
Conclusion
Je ressens beaucoup de gratitude, pour tout, après cette session. Je pense que tout ce que j’ai vu ne fait que confirmer ce que je savais et ressentais déjà (j’en ai parlé ici et ici). Mais comme j’étais en mode low energy ces dernières semaines à cause des mes problèmes dentaires, ça m’a fait du bien de m’en rappeler.
Je pense que si possible, ce serait bien pour tout le monde de le faire au moins une fois dans sa vie. Même le fait de ne rien voir, ne rien expérimenter durant la session (ça arrive) peut amener à réfléchir sur son rapport par rapport au contrôle de soi et le lâcher-prise. La plupart des gens ressent de la sérénité, de la gratitude après. N’est-ce pas ce qu’on souhaite, tous ? Se contenter de ce qu’on a et vivre au présent ?
Certains décideront de refaire une ou plusieurs autres sessions. Pour moi qui voulais juste découvrir une nouvelle expérience et répondre à ma curiosité « que se passe-t-il lors d’un rite de passage ? », je ne compte pas renouveler l’expérience même si elle était très belle pour moi.
Infos pratiques : il y a des facilitateurs certifiés partout dans le monde, la liste officielle est par ici Ma session de respiration holotropique m’a coûté 120$CA.
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18 novembre 2020, 0 h 32 min
Excellent ! C’est une méthode que j’ai envie de tester prochainement. Je viens de la découvrir il y a quelques jours, mais ça me passionne déjà. Connaissez-vous un bon livre sur le sujet ?
Je reviendrais vous donner mes impressions après ma première séance. Merci envore pour le partage.
18 novembre 2020, 13 h 37 min
Bonjour Sandrine,
Merci beaucoup pour votre message.
Vous pouvez tout simplement vous procurer des livres écrits par Stanislas Grof : https://amzn.to/2UElS6M
Il y a une conférence donnée par Grof via INREES, malheureusement vous ne pouvez la regarder qu’avec un abonnement INREES : https://tv.inrees.com/video/E2-Grof
Anh