Istanbul (Turquie) en 2024 : un paradis perdu

Notre retour à Istanbul en 2024 ne permet que de confirmer une chose : la ville d’Istanbul qu’on aimait, n’existe plus…

Partie 1 : Carnet de voyage
Partie 2 : Conseils pratiques

Partie 1 : Carnet de voyage

Nous avons un copain franco-turque, qui a un appartement à Istanbul et qui y va souvent. On a des nouvelles d’Istanbul, une de nos villes préférées, à travers lui. Lors de notre séjour en 2023, on a déjà ressenti un certain malaise chez les habitants, mais K. me dit que ça a encore empiré. Il nous partage quelques tarifs sur le continent asiatique : plus de 20 euros pour un petit-déjeuner qu’on payait à peine 7 euros il y a 5 ans.

JB a mal aux dents depuis quelques mois donc nous décidons quand même d’aller voir notre dentiste polyglotte préférée à Istanbul (Asli qu’on vous recommande les yeux fermés), juste avant son voyage au Vietnam !!

Nous arrivons de Sofia et en train, donc le trajet est long (avec un réveil à 1h du matin pour faire tamponner le passport et scanner les bagages) mais nous n’avons pas le stress d’arriver dans l’énorme aéroport international d’Istanbul. Nous commandons sur Uber un taxi jaune. Le chauffeur arrive, une cigarette à la bouche. J’arrive à lui faire comprendre par des actions subtiles que ça me dérange, et heureusement sur deux cigarettes allumées, il n’a effectivement consommé que la moitié et a jeté le reste… sur la route. 30 minutes dans une voiture qui sent la cigarette, ça commence mal. Les bulgares fument beaucoup, mais les turcs encore plus !!! Ca doit être le stress.

Arrivés à notre premier hôtel (sur 8 jours, nous restons dans 2 hôtels), nous sommes accueillis par une équipe extrêmement chaleureuse et gentille. Cet hôtel se trouve juste à côté de la Mosquée bleue. Je veux être dans cette zone car à chaque fois, on est du côté Karakoy (l’autre côté du Bosphore, toujours en Europe) et je connais mal le quartier de la Mosquée bleue.

Je me change tout de suite pour me débarrasser des vêtements qui pue la fumée désormais, et après une longue douche, descends manger au restaurant de l’hôtel. Nous découvrons que nous avons -10% sur la facture en tant que clients de l’hôtel + des petits cadeaux, ce qui fait mieux passer la note, car les prix sont désormais alignés sur les prix français : 16 euros par plat !!! Ouch ! C’est loin l’époque où 7 liras = 1 euro. Maintenant, 37 liras = 1 euro. C’est difficile pour nous de survivre ici avec un tel taux, alors imaginez les turcs ! En 5 ans, leur fortune est divisée par 5. Ainsi, les gens font la queue devant les bureaux de change, ce serait fou de garder de son argent en lira. Il faut les convertir soit en euro, soit en dollars.

Face à la crise et la radicalisation, les turcs me semblent désespérés, mécontents… Ils détestent les arabes (contrairement à ce que certains pensent, les turcs ne sont pas arabes), et l’afflux des syriens, d’afghans et même des touristes arabes du Moyen-Orient semble les déranger énormément. Nous remarquons, tout comme eux, qu’il y a de plus en plus de femmes voilées, et de plus en plus de femmes couvertes de la tête au pied. On demande si ce sont juste des syriennes mais non même les turques se radicalisent de plus en plus. Maintenant, avec mes cheveux au vent, je me fais beaucoup plus dévisager par les hommes qu’avant. Je ne sais pas trop comment interpréter ces regards, mais ce n’est pas très agréable et ça ne m’est jamais arrivé auparavant à Istanbul. Je ne me sens pas très safe et m’accroche beaucoup plus à JB pour la sécurité.

Une autre chose : pour aller chez la dentiste, nous sommes loin maintenant et devons soit prendre les transports publics soit un taxi. Impossible de trouver un taxi qui ne tente pas de nous arnaquer. Ils ne mettent pas le compteur et demandent un paiement en euros correspondant à x4 ou x5 le montant normal. Nous voyons beaucoup de taxis avec le voyant vert mais occupés, signe qu’ils font payer le prix qu’ils veulent. On a même eu un chauffeur qui a accepté notre course sur Uber avant de négocier le prix via le chat de l’application, on n’avait jamais vu ça ! Nous devons opter pour des transports publics et mettre 1h30 au total (au lieu de 30mn), en combinant le tramway avec la marche puis le métro. Un jour de semaine, alors que les gens sont censés être au travail, c’est complètement bondé. On nous dit qu’il y a 80 millions de turcs, dont 20 millions sont déjà à Istanbul ahahah Avant, quand c’était bondé mais que les gens étaient gentils et joyeux, ça allait… maintenant être entourés de gens qui font la gueule comme à Paris, dans une ambiance morose et désespérée, c’est nettement moins cool. Je dois dire que je supporte de moins en moins les transports publics, étant habituée à être souvent dans le centre-ville et tout faire à pied. Je préfère nettement les endroits où je peux prendre des transports de manière autonome, par exemple un scooter, ou opter pour un taxi quand ça devient too much. Mais ici, c’est plus stressant de chercher un taxi.

Bref, nous concluons que nous n’allons pas revenir à Istanbul avant très très longtemps. Nous devons ainsi profiter un maximum de ce séjour et visiter tout ce qu’on a aimé ou ce qu’on voulait visiter.

Aya Sophia n’est qu’à 3 minutes de notre hôtel. C’était une mosquée, devenue basilique, devenue musée et maintenant c’est redevenu une mosquée. Si nous y entrons pendant les prières, nous pouvons accéder au RDC et c’est gratuit. C’est réservé aux musulmans, et on n’a pas tout à fait le profil. Sinon, il faudra acheter un ticket (25 euros) pour n’avoir accès qu’au premier étage. Nous avons visité Aya Sophia quand c’était encore un musée, puis quand c’est transformé en mosquée. Et nous préférons Aya Sophia avant car mieux conservé. Le fait d’être transformé en mosquée abîme énormément le bâtiment (car plus fréquenté). Le seul avantage d’avoir Aya Sophia comme mosquée, c’est l’appel à la prière. Puisque Aya Sophia est proche de la Mosquée Bleue, les deux monsieurs qui chantent l’appel de prière se relaient. L’un chante la première phrase, l’autre continue… c’est magnifique !!! On entend ce duo même depuis notre hôtel, et c’est beau, c’est beau !!! Il y a de la magie dans ces chants, ça m’émeut à chaque fois.

En face d’Aya Sophia c’est la Mosquée bleue. Seul son minaret est en travaux. Nous sommes ravis car pour la première fois, nous pourrons visiter la mosquée en entier, sans être dérangés par les travaux.

Par contre, l’intérieur me déçoit beaucoup. Je pensais la Mosquée bleue beaucoup plus spéciale que ça. Finalement, on a déjà visité des mosquées plus grandes, plus belles. Par rapport à Aya Sophia, la Mosquée Bleue n’est pas si spéciale. OK, ses énormes colonnes sont impressionnantes, mais d’autres mosquées notamment le « New Mosque » est presque aussi jolies. Il faut cependant reconnaître que les vitraux ici sont plus nombreux et plus beaux

Il y a un monde fou et ça pue les pieds 🙁

Nous nous enfuyons et marchons dans les rues d’à côté. Aujourd’hui, c’est le marathon d’Istanbul donc beaucoup de rues sont bloquées, le tramway ne fonctionne plus donc nous devons beaucoup marcher.

Yeni Camii

Enfin ! Le Yeni Camii non plus, n’est plus en travaux !!! C’est une de mes deux mosquées préférées, avec le Suleymaniye Mosque. Ce sont les deux mosquées ultra visibles depuis le pont qui traverse le Bosphore (depuis le pont, on ne voit ni Aya Sophia, ni la Mosquée Bleue). Pour moi, ces deux mosquées sont des Mosquées Bleues bis, mais avec moins de monde 😀 et sans l’odeur désagréable. Bien évidememnt, il faut venir en dehors des heures de prière. Un check sur Internet permet de comprendre qu’il vaut mieux venir le matin car il y a moins de prières le matin (juste deux, vers 8h et vers 13h).

En sortant de la mosquée, nous entendons un gardien qui fredonne une mélodie qui ressemble à l’appel de la prière. C’est magnifique ! Il chante trop bien !

Depuis le Yeni Camii, vous pouvez voir le Bazaaar des épices (noir de monde) et le Rustem Pasha Mosque au loin.

Le Rustem Pasha Mosque a deux entrées mais elles sont cachées donc il ne faut pas perdre de vue la mosquée, se faufiler parmi les marchands de pâtisseries et dès que vous voyez un panneau « mosque » ou « camii », montez les escaliers.

La mosquée est toute petite mais très jolie.

Cette mosquée est célèbre pour ses céramiques. A un moment, nous sommes trop fatigués et nous nous asseyons par terre (avec les épaisses moquettes dans les mosquées, c’est très agréable). Les gens, comme des moutons, croient que la vue depuis cet endroit est meilleure et se bousculent pour être au même endroit que nous pour prendre des photos – alors qu’à deux mètres de là, ils peuvent prendre de meilleures photos. Ca me fait trop rire. J’ignore si c’est parce que ils suivent comme des moutons, ou alors cet endroit précis de la mosquée est plein d’énergie. Parce qu’effectivement, après m’être posée cinq minutes, je me sentais beaucoup beaucoup mieux. Et je m’étonne moi-même de m’intéresser autant à une petite mosquée, et pas forcément la plus belle du quartier.

A partir de ce moment, je déteste Istanbul un peu moins… et décide de traverser le pont. J’ai toujours aimé traverser le pont et voir une centaine de pêcheurs (qui s’en sortent très bien, même s’ils sont nombreux). Depuis la rive, on voit la tour Galata que j’ai déjà visitée, et dont je recommande la visite.

Comme je vous l’avais déjà dit, depuis le pont, on voit très très bien le Suleymaniye Mosque. Il n’a que 4 minarets (la Mosquée Bleue en a 6) mais il représente pour moi Istanbul car j’ai l’habitude de séjourner de ce côté du Bosphore et quand je traverse le pont pour aller au centre, c’est toujours le Suleymaniye Mosque que j’admire en premier.

Nous bravons le vent pour nous rendre au Fish Market de l’autre côté du pont. il y a un petit restaurant Karakoy Balik Evi qui sert des fruits de mer, dont le fameux sandwich au poisson grillé (le poisson fraîchement pêché du Bosphore il me semble ??). L’inflation est arrivée jusqu’à ce côté du Bosphore mais ça reste acceptable, surtout que JB a une soupe de poissons très généreuse en poissons pour moins de 4 euros.

Au Fish Market, on verra d’énormes huîtres mais on ne sait pas trop comment les manger car il ne semble pas avoir de table, et les restaurants à l’intérieur du Fish Market ne semblent pas proposer le service de cuisson/table.

Dans la rue, JB retrouve ses moules farcies préférées mais le prix a encore augmenté par rapport à la dernière fois. Désormais, ça coûte 10TRY pour une toute petite moule (au lieu de 2TRY!), mais il est quand même content, c’est trop bon !

Nous revenons au centre. Le marathon n’est toujours pas terminé et une centaine de personnes se bousculent pour monter sur une installation pour traverser la route. C’est le chaos. On préfère contourner à l’endroit de l’arrivée, ce qui nous ajoute bien 1km.

Nous visitons le musée de l’archéologie car j’espère y trouver de beaux bijoux, mais finalement c’est juste une copie cheap du musée de Topkapi. Si vous pouvez visiter un musée, le Topkapi suffira, c’est mon préféré !!! Les tarifs sont en euro, mais il faut payer en lira, au taux du jour.

Ce que j’aime beaucoup au musée de l’archéologie c’est la présence des chats à l’intérieur même du musée 🙂

On y trouve les premiers exemplaires écrits du Coran…

Et une tonne de Corans plus beaux les uns que les autres, enluminés et écrits par les meilleurs calligraphes et enlumineurs…

J’aime particulièrement leurs techniques de reliure. Je vais m’en inspirer pour mes prochaines reliures.

Celui-ci a été volé et mis en enchères chez Christie’s à Londres en 2017. Heureusement que la police londonienne s’en est aperçue et l’a rendu à la Turquie.

Ils ont une belle collection de tapis mais je n’ai aucune attirance pour les tapis, ça attire de la poussière, ce n’est pas mon kiff.

Et en sortant du musée, surprise : on a une vue très satisfaisante sur les 6 minarets de la Mosquée Bleue (dont un est en restauration).

Pour nous remettre de plusieurs kilomètres à pied, nous nous posons au bar du Four Seasons Hotel Istanbul At Sultanahmet. On y trouve un groupe d’asiatiques. Forcément là il y a des hôtels de luxe, il y a mes amis asiatiques ahaha. Je vous conseille vivement leur chocolat chaud, ça prend 15 minutes pour la préparation, mais c’est du vrai chocolat ! Les tarifs de leur restaurant sont à peine plus chers que les restaurants du quartier, donc allez-y pour déjeuner, en plus le cadre est sympa !

Lectures du moment

C’est en attendant JB chez notre dentiste turque que j’ai vu ses livres dans la salle d’attente. Je regarde les titres : beaucoup de livres de Paulo Coelho, dont une biographie « Conversations avec Paulo Coelho » (lien Amazon). J’ai toujours trouvé son style simpliste et pour moi, il était dans la même catégorie que Raphaëlle Giodano, qui a écrit « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une ». Ce sont des auteurs capables d’écrire des best-sellers en développement personnel, avec beaucoup de phrases qu’on peut recycler en citations sur Pinterest, mais sans aucun talent littéraire. Mais c’est en lisant ce livre que je me dis que cet homme a un passé quand même intéressant et complexe, et a un maître (Jean) beaucoup plus smart que lui, d’où le roman l’Alchimiste qui a autant de succès grâce aux enseignements de Jean. Mais je ne m’arrête pas là car ce livre est plus ou moins dicté par Paulo, il se jette des fleurs comme il veut puisque le livre est presque une transcription de discussions avec Paulo.

Je lis ensuite une biographie plus complexe et objective écrite par Fernando Morais « Le magicien de lumière: L’extraordinaire histoire de l’écrivain Paulo Coelho » (lien Amazon), le meilleur biographe du Brésil, et le peu de points positifs que je trouve chez Paulo Coelho disparaissent complètement. Il a toujours une histoire passionnante mais une personnalité de m*rde. J’en parlerai plus en détails dans un autre article.

Demain, on changera de côté, on reviendra à Karakoy mais dans un hôtel cette fois.

Partie 2 : Conseils pratiques

  • Notre hôtel : Blue Zerzevan Konak (44 euros/nuit/chambre double), lien Booking. -10% sur le restaurant au RDC
  • Juste à côté se trouve le restaurant Palatium Cafe and Restaurant avec un four au feu de bois, que je recommande également
  • Restaurants : environ 600 TRY/plat dans cette zone, soit 16 euros. Pour les steaks, il faut compter plutôt 1200TRY, soit 32 euros
  • Transport public : 20 TRY/trajet en tram ou métro. Achetez une carte valable 3 jours aux bornes, ou alors la Istanbulcard, disponible dans les stations de métro ou chez le marchant de journaux.
[Réflexion] #16 Méditation, yoga... attention danger !!
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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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