Visite du moulin à papier Richard de bas à Ambert (France)

Pour quelqu’un qui aime manipuler le papier, c’est un peu étonnant que je n’aie encore jamais visité de moulin à papier. Lors de notre séjour en Rhônes-Alphes, nous avons découvert qu’un moulin à papier traditionnel existait encore à Ambert, à 1h de voiture. Je pensais qu’il était difficile de visiter, car quelqu’un a indiqué en ligne, qu’il valait mieux réserver, mais comme on pouvait le constater un samedi de Septembre, il y avait une visite toutes les 15 minutes. Nous avons réservé et payé en ligne mais on aurait pu juste se pointer là et acheter les tickets sur place.

Ce site était le lieu favori des moulins à papier grâce à son emplacement favorable : pas trop loin de Lyon, et à côté des sources d’eau. Cependant, seul le moulin de papier Richard de Bas continue à fabriquer du papier chiffon.

Dès l’entrée, on voit une miniature des outils utilisés et un échantillon de papier avec des morceaux de soie d’Hermès.

La première partie de la visite consiste à explorer la partie privée des anciens propriétaires, et voir comment on vivait il y a presque 2 siècles. Il y a une petite collection modeste mais suffisante de manuscrits, pour montrer l’évolution : de l’utilisation de la terre cuite jusqu’au parchemin, puis le papier. Je ne vais pas m’étaler dessus car on va en parler longuement lors de mon article sur le musée de l’imprimerie à Lyon.

Ce type d’outils permet de transformer les chiffons en pâtes. Ils fonctionnent grâce à la force de l’eau, grâce à un vrai moulin à eau. D’où l’importance d’être à côté d’une rivière ou d’un fleuve comme c’est le cas ici.

Ensuite, la pâte sera mise sur des tamis, avec des fils métalliques plus ou moins espacés. Si l’on souhaite avoir un filigrane, rien de plus simple, il suffit d’incorporer le motif en créant du relief.

La finesse et concentration des lignes du tamis détermine si le papier est « papier vergé » ou « papier vélin ». Le papier vélin est plus utilisé par les artistes j’ai l’impression. Même pour mes impressions de linogravure, on m’a conseillé d’utiliser du papier vélin. Le papier vergé a un toucher très sympa aussi et j’ai longuement utilisé ce type de papiers pour mes découpages en papier car ça donne une texture sympa.

On peut être extrêmement créatif avec des filigranes.

On sort du musée pour entrer à l’atelier via une toute petite porte. Un papetier nous ouvre la porte. JB est surpris de constater qu’il est jeune. Lui qui s’attendait à un vieux monsieur. Effectivement, il y avait bien un autre monsieur, plus âgé, mais pour des problèmes de santé il n’était pas là. C’est un métier physique, où il faut soulever jusqu’à 25kg de pâtes imbibées d’eau, dans une eau trop fraîche et ça tue le dos et les mains.

Après l’obtention de la pâte, le papetier le mélange avec une certaine quantité d’eau. L’eau ici est l’eau de source car une eau trop acidique risque de rendre les papiers jaunes à travers le temps. D’où l’importance d’être aussi à côté d’une source d’eau douce.

Le ratio pâtes/eau va déterminer le grammage de la feuille. Ici, il prépare des papiers incorporés de fleurs et de feuilles en format A5. Le tamis permet de récupérer une certaine quantité de pâtes.

Ensuite, on dépose délicatement la feuille toute mouillée sur des morceaux en laine. Dès qu’on a 100 feuilles, on va presser pour enlever l’eau en trop. Les papiers seront presque secs.

Le séchage est néanmoins nécessaire et dépend de la météo. Les feuilles peuvent être laminées, ou non.

Les chiffons qui servent à fabriquer les papiers ont été récupérés via des dons (chez Emmaüs, entre autres). Ils ne prennent que les draps et tissus blancs pour ne pas avoir de problème. Il est extrêmement rare de trouver encore des papiers 100% chiffon de ce type. J’ai lu sur un autre site web qu’il valait mieux utiliser les chiffons usés, au lieu d’utiliser le coton tout neuf par exemple, car la fibre d’un chiffon usé n’a pas la même qualité que celle d’un chiffon tout neuf, ni celle du coton tout court. Ces papiers coûtent cher non seulement parce que c’est fabriqué à la main, mais parce que la matière première n’est pas non plus illimitée. On veut de vieux draps 100% coton comme avant, pas des tissus synthétiques d’aujourd’hui.
Elles sont utilisées par des artistes mais aussi des musées et quelques maisons d’édition de prestige. Si on veut un papier qui dure dans le temps, qui ne jaunit pas, qui garde bien la couleur des encres, il faut utiliser celui-ci. C’est le type de papier utilisé jadis pour l’Encyclopédie de Diderot et on peut voir dans les musées que ces papiers restent encore impeccables et blancs. Contrairement aux croyances, l’utilisation du bois (et ses composants acides) va faire jaunir le papier avec le temps.

Un autre papier, encore plus rare, c’est du 100% chiffon de lin (ici, on est plutôt dans du 80% chiffon de coton, 20% chiffons autres). C’est le meilleur papier au monde, selon William Morris de Kelmscott Press (promis, il y aura un article sur William Morris).

La boutique ressemble à une caverne d’Alibaba (pour moi). J’ai envie de tout acheter ! Ces beaux papiers avec fleurs incorporées, oui ! Ces poèmes imprimés, ces abat-jours, ces anciennes cartes du monde, ouiiiii !! jusqu’à ce que je me raisonne un peu : je n’ai pas de domicile fixe, et je n’ai personne à qui envoyer ces belles cartes 😀 Je suis partie avec une douzaine de feuilles A4 compatibles avec une imprimante. Le sachet m’a coûté dans les 24€ (??) Je vais peut-être imprimer une petite nouvelle que j’aime bien et faire la reliure moi-même ? 12 feuilles donnent 48 pages en format A5, très insuffisant pour du Proust, mais pleinement suffisant pour Maupassant.

Tarifs 2023 : 

Visite semi-guidée : adulte 8,90 € / enfant 5.90 €  / gratuit en dessous de 6 ans.

Atelier d’inition papier : 5,50€ / personne

[Avis] Stage - Cours de reliure chez CFRPE à Tours (France)
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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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