Autobiographie d’un yogi (lien Amazon) est un livre écrit par Paramahansa Yogananda, un maître spirituel indien, qui raconte son propre parcours de vie et son voyage vers l’illumination spirituelle. Ecrit pendant plus de 10 ans et publié pour la première fois en 1946, le livre est rapidement devenu un best-seller et a inspiré de nombreuses personnes à travers le monde.
J’ai entendu parler de ce livre pour la première fois dans la biographie de Steve Jobs écrit par Walter Isaacson : « [Steve Jobs] l’a littéralement lu comme un adolescent, puis l’a relu en Inde et l’a relu une fois par an depuis ». Ceux qui sont venus à l’enterrement de Steve Jobs se sont vus offrir une copie de ce livre. Ca a piqué ma curiosité : pourquoi Steve Jobs était aussi attiré par ce livre ? Pourquoi restait-il un connard même après la lecture répétitive d’un livre aussi spirituel ?
J’ai commencé la lecture un jour de mai (2023) et il m’a fallu très peu de temps pour lire ses 700 pages tellement le livre était prenant.
Dans ce livre, Paramahansa Yogananda partage son histoire personnelle, depuis son enfance en Inde jusqu’à sa quête spirituelle, en passant par ses rencontres avec de nombreux saints et sages. Il décrit sa recherche de la vérité et de la réalisation de soi à travers des pratiques yogiques et méditatives, ainsi que ses expériences mystiques et ses réalisations spirituelles.
Le livre relate également la vie d’autres maîtres spirituels du Kriya Yoga tels que Sri Yukteswar Giri (son maître), Lahiri Mahasaya (le maître de son maître), et Mahavatar Babaji (le maître du maître de son maître). Yogonanda y raconte aussi des phénomènes paranormaux dont il est témoin : un homme capable de produire n’importe quelle senteur, un autre pouvant apparaître à deux endroits en même temps, une yogi qui n’a pas besoin de manger pour vivre, son maître capable de lire dans les pensées etc.
Ces phénomènes mystiques sont nombreux et sont racontés dès le début du livre, ce qui peut empêcher les lecteurs très scientifiques de continuer la lecture. Cependant, ces nombreux phénomènes ne sont là que pour affirmer que nous sommes plus que ce corps matériel.
L’objectif n’est pas d’avoir des pouvoirs magiques (on s’en fout de pouvoir manifester n’importe quoi dans ce monde physique), ces gens avec pouvoirs magiques ne sont là pour nous dire « Regardez ! Vous ne savez pas tout. La Réalité vous est encore inconnue ».
Le livre a été relu, corrigé par une disciple d’Yogonanda, Tara Mata, une femme très intelligente, qui a su donner au livre (1) sa structure non-linéraire très agréable (2) des expériences mystiques qui montent en crescendo; menant les lecteurs à accepter d’abord un peu de magique, puis la nature divine de Babaji, jusqu’à la fin du livre où la réapparition de Sri Yukteswar Giri, après sa mort, arrive comme une évidence, un événement attendu. La description faite par Sri Yukteswar Giri sur d’autres mondes astraux & intermédiaires est, selon moi, l’information la plus importante de ce livre.
De plus, le livre peut être très drôle. Le chapitre le plus drôle est celui sur le vol d’un chou-fleur (chapitre 15). A mourir de rire !
Il y a des informations par-ci par-là qui feront de belles anecdotes à raconter. On y trouve aussi quelques livres à lire par la suite :
- Ayant appris l’astrologie et notamment l’astrologie indienne depuis plusieurs années, j’ai naturellement beaucoup aimé le chapitre 16 sur l’astrologie que j’ai lu et relu je-ne-sais combien de fois. Le thème astral a « pour but d’éveiller en l’homme la volonté d’échapper à la prison de l’univers. Ce qu’il a fait, il peut le défaire. » Les pierres précieuses à changer selon le Dasha permettraient de « minimiser ou annuler les effets négatifs » du karma. Sri Yukteswar Giri (son maître) semble être connaisseur de l’astrologie/astronomie, ainsi que des textes religieux. J’ai lu son (seul) livre The Holy Science (lien Amazon) et je n’ai pas été déçue. J’avoue qu’après la lecture du livre, j’avais plus d’admiration pour Sri Yukteswar Giri qu’Yogonanda. Je me suis peut-être laissée influencer par l’amour que Yogonanda lui portait.
- Yogonanda était spécialiste du Bhagavad Gita, jusqu’à écrire deux volumes sur ce texte mystique extrait de l’épopée Mahabharata (que les indiens connaissent tous). Ce texte semble avoir eu une grande influence sur lui car il le citait tout le temps.
- La racine sanskrite du « karma » est KRI : faire, agir et réagir. Le sanskrit est considéré comme l’alphabet le plus abouti car chaque lettre a sa prononciation propre. Je cite : « L’alphabet sanskrit, d’une structure idéale, comprend cinquante lettres, chacune ayant une prononciation déterminée et invariable ». Après la lecture de plusieurs livres sur le sujet, je suis très tentée d’apprendre le sanskrit, mais je pense qu’il faut être réaliste. Je vais devoir me contenter de quelques mantras bien connus.
- Pourquoi il faut avoir une parole impeccable ? Je cite : « Un mantra ou des paroles de chants sacrés étaient inscrits sur le talisman. Nulle part ailleurs qu’en Inde, la puissance du son et de vach, la voix humaine, n’a été l’objet de recherches aussi approfondies. La vibration de l’Aum qui résonne dans tout l’univers (le « Verbe » ou le « son des grandes eaux » de la Bible) a trois manifestations ou gunas : la création, la préservation, la destruction (Taittiriya Upanishad I : 8). Chaque fois qu’un être humain prononce un mot, il active l’un des trois aspects de l’Aum. C’est la raison pour laquelle les Écritures demandent expressément à l’homme de dire la vérité. » Les kabbalistes et les tibétains ont très bien compris le pouvoir des lettres.
- Explication de la Genèse : « La Genèse est profondément symbolique et ne peut être appréhendée par le biais d’une interprétation littérale, expliqua-t-il. Son « arbre de vie » est le corps humain. Le système cérébro-spinal ressemble en effet à un arbre à l’envers ; les cheveux correspondent aux racines, tandis que les nerfs afférents et efférents constituent les branches. L’arbre du système nerveux est riche en sensations, ou fruits délicieux, ceux de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût et du toucher dont l’homme peut jouir en toute légitimité ; mais l’expérience du sexe, ou la « pomme » au milieu de ce jardin qu’est le corps humain, lui est interdite. Le « serpent » représente l’énergie du système cérébro-spinal, enroulée sur elle-même et qui stimule les nerfs sexuels. « Adam » représente la raison et « Ève », le sentiment. Lorsque l’émotion, ou conscience d’Ève, d’un être humain est dominée par l’impulsion sexuelle, sa raison, ou Adam, succombe également. » […] « La connaissance du « bien et du mal » promise à Ève par le « serpent » se réfère aux expériences de dualité et d’opposition imposées aux êtres mortels par maya. En tombant dans l’illusion à cause du mauvais usage de ses sentiments et de sa raison, ou conscience d’Ève et d’Adam, l’homme a perdu son droit d’entrée au jardin céleste où il pouvait se suffire à lui-même141. La responsabilité personnelle de chaque être humain est de permettre à ses « parents », ou sa double nature, de revenir à l’harmonie unifiée ou Eden. » […] « Les théologiens ont mal interprété les paroles du Christ, disait le Maître, comme, par exemple, dans le passage : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14 : 6.) Par ces paroles, Jésus n’affirmait pas qu’il était le Fils unique de Dieu, mais qu’aucun homme n’atteint l’Absolu indicible, le Père transcendant, au-delà de la création, s’il n’a au préalable manifesté le « Fils » ou Conscience Christique agissant dans la création. Jésus qui était parvenu à l’unité complète avec la Conscience Christique, s’identifiait totalement avec celle-ci, car son propre ego avait été dissous depuis longtemps. »
- Le système des castes indiens est expliqué brièvement dans le livre. Je cite :
- « Le système des castes, défini par le grand législateur Manou, était admirable. Ce dernier avait clairement compris que l’évolution naturelle des hommes les divise en quatre grands groupes principaux : ceux qui servent la société par leur travail physique (Sudras) ; ceux qui servent la société par leurs facultés mentales et leurs talents – agriculteurs, commerçants et hommes d’affaires en général (Vaisyas) ; les administrateurs, les dirigeants, ceux qui assurent la protection du pays, c’est-à-dire les cadres et les guerriers (Kshatriyas) ; et ceux de nature contemplative, spirituellement inspirés et inspirants (Brahmanes). « Ni la naissance, ni les sacrements, ni l’érudition, ni l’ascendance ne peuvent décider si une personne est deux-fois-née (c’est-à-dire Brahmane), déclare le Mahabharata, seuls le caractère et la conduite peuvent en décider. »
- « À l’origine, l’appartenance à l’une de ces quatre castes ne dépendait pas de la naissance de l’homme, mais de ses capacités innées qui se révélaient dans le but qu’il se proposait d’at-teindre dans la vie, écrit Tara Mata dans la revue East-West de janvier 1935. Ce but pouvait être : (1) kama, désir, activité où prédominent les sens (stade Sudra) ; (2) artha, gain, satisfaction, mais aussi contrôle des désirs (stade Vaisya) ; (3) dharma, autodiscipline, vie de responsabilités et d’actions justes (stade Kshatriya) ; (4) moksha, libération, vie spirituelle, enseignement religieux (stade Brahmane). Ces quatre castes servent l’humanité par : (1) le corps physique, (2) l’intellect, (3) la volonté, (4) l’Esprit. Ces quatre stades correspondent aussi aux éternels gunas ou qualités naturelles : tamas, rajas et sattva, c’est-à-dire : obstacle, activité, expansion ou masse, énergie, intelligence. Chacune des quatre castes naturelles porte en elle les caractéristiques particulières d’un guna : (1) tamas (ignorance), (2) tamas-rajas (mélange d’ignorance et d’activité), (3) rajas-sattva (mélange d’actions justes et de connaissance), (4) sattva (connaissance). C’est ainsi que la nature a assigné à chaque homme la caste qui lui correspond selon le guna ou le mélange de deux gunas qui prédomine en lui. Naturellement, chaque être humain possède en lui les trois gunas dans des proportions variées. Un guru est en mesure de déterminer la caste ou le degré d’évolution d’une personne. »
- Comment voyager dans la jungle indienne sans se faire manger par des tigres ? Je cite : « Francis Birtles, un explo-rateur australien, a raconté avoir trouvé la jungle indienne « diversifiée, belle et sans danger. » En fait, il devait sa sécurité au papier tue-mouches ! « Chaque nuit, j’en répandais un grand nombre de feuilles autour de mon campement et je ne fus jamais dérangé, expliqua-t-il. La raison en est d’ordre psychologique : Le tigre est un animal plein de dignité. Il rôde autour du camp et défie l’homme jusqu’à ce qu’il s’entortille les pattes dans le papier collant ; alors il s’en va furtivement. Aucun tigre digne de ce nom n’oserait affronter un être humain après s’être englué dans du papier tue-mouches ! » »
Ce n’est pas étonnant qu’avec un style aussi accessible, engageant et des informations aussi avant-gardistes pour l’époque, le livre a eu une influence significative sur la spiritualité occidentale et a inspiré de nombreux lecteurs à explorer le yoga, la méditation et la quête spirituelle.
Ce que j’aime beaucoup dans l’exemple de Lahiri Mahasaya et de Sri Yukteswar Giri, c’est qu’on peut tout à fait être spirituel tout en ayant une activité mondaine et terrestre (un métier, une famille). Sri Yukteswar Giri ne souhaite pas dépendre uniquement de la générosité de ses disciples donc il était dépendant financièrement, son ashram lui appartenait vraiment. Il y a une phrase dans le livre que je paraphrase, qui dit que si Dieu a su faire de l’homme un être aussi parfait, il saura aussi lui donner les richesses et le confort dont il a besoin. En résumé, l’abondance est une évidence pour les êtres spirituellement élevés. C’est fini le temps où les gens doivent choisir entre famille/abondance/confort matériel et la spiritualité.
Je pense qui vous vous intéressez aux idées derrière le yoga et aux croyances spirituelles indiennes, c’est un livre indispensable.
La seule chose qu’on puisse reprocher au livre, c’est l’omniprésence du Kriya Yoga. C’est normal, car Yogonanda est né avec la mission de faire connaître le Kriya Yoga en Occident et il y a fallu 3 générations de gourous pour la mener à bien. Cette forme de yoga est présentée comme la « voie rapide et directe menant à Dieu » grâce à laquelle « l’homme peut accélérer son évolution ». Quelques chapitres plus tard, cette information semble être minimisée par le maître de l’auteur, Sri Yukteswar Giri, car il réapparaît (après la mort) en disant que ceux qui ont atteint le stade du sabikalpa auront tout de suite accès à un monde astral plus élevé. Mais c’est quand même un monde intermédiaire et pas Dieu. Donc après la mort, d’après ce que j’ai compris, c’est un autre maya/samskara qui nous attend, qu’on soit pratiquant ou non du Kriya Yoga, et pas encore Dieu/Liberté Totale. En effet, il semble y avoir 3 types de mondes avant la Liberté Totale : le monde physique tel que nous connaissons, un monde astral que nous prenons pour « le paradis » et encore un monde causal avant d’atteindre la Liberté Totale.
Les techniques précises du Kriya Yoga ne sont pas discutées dans ce livre car chaque pratiquant doit être initié par un gourou, de sorte qu’on puisse à tout moment remonter la « lignée » du pratiquant, et pour bénéficier de toutes les protections nécessaires. D’après le livre, c’est une méthode de respiration spéciale « grâce à laquelle le sang humain est débarrassé du dioxyde de carbone, puis rechargé en oxygène. Les atomes de cet oxygène supplémentaire se transmuent en un courant vital qui régénère le cerveau et les centres spinaux. En arrêtant l’accumulation de sang veineux, le yogi a le pouvoir de diminuer ou de prévenir le dépérissement de ses tissus. Le yogi avancé peut transmuer ses cellules en pure énergie ».
Certaines idées exprimées dans ce livre trouvent écho dans d’autres livres, notamment :
- Con người và 7 cõi giới de l’auteur Dang Duc Truyen, un livre vietnamien dont je vous ai déjà parlé, qui parle aussi des mondes astraux intermédiaires et l’homme en tant que micro-univers.
- The Holy Science (lien Amazon) de Sri Yukteswar Giri (le maître d’Yogonanda). Si le but du livre est de démontrer que les Vedas et la Bible parlent de la même chose, mais utilisent juste des mots et analogies différents, il y a une pépite qui se trouve juste au début du livre. Il démontre que contrairement aux croyances, nous ne sommes pas en plein cycle de déchéance (Kali Yuga), mais nous sommes déjà sortis de cette période et entamons déjà depuis longtemps (dès 1899) un nouveau cycle favorable à la science et à la spiritualité (Dwapara Yuga) qui durera 2000 ans. Note : non, je ne parle pas de l’ère du Verseau, l’ère du Verseau est aussi basé sur un mauvais calcul astrologique et astronomique.
- Les enseignements secrets des bouddhistes tibétains (lien Amazon) et La Connaissance transcendante (lien Amazon) d’Alexandra David-Néel : qui explique que le monde que nous observons est perçu uniquement par nos 5 sens. Ce n’est pas la réalité absolue.
- « Toutes nos conceptions, idées, croyances […] sont des produits de nos vaines imaginations, sans réalité du point de vue d’une Réalité absolue, d’ailleurs, inconcevable. Ce sont des samskaras, ces confections mentales […] qu’il est difficile à l’homme d’arrêter la production pour laisser son esprit demeurer en repos (nirvana). » Puisque ce sont des samskaras, des confections mentales, on peut donc, comme dans Autobiographie d’un Yogi, faire apparaître n’importe quoi, un repas, un château, une senteur… quand on est un yogi avancé.
- « L’essence de l’espace, sa nature propre, l’espace en soi sont au-delà de toute expression, de toute imagination. De même en est-il de l’esprit original, vide d’essence propre, de qualités propres : insaisissable. » Impossible de décrire l’Absolu car il n’y a pas de mots ni de conceptions logiques possibles pour le décrire. Quand on a vraiment accès à l’Absolu (et n’a plus accès à son hologramme), on ne peut pas en faire une description car justement on ne voit plus son hologramme.
- La science commence à être capable de saisir toutes ces informations, notamment avec l’hypothèse selon laquelle l’univers serait holographique, dont les mathématiques sont capables de prouver la cohérence. Ce document de la CIA rendu public en 2003 sur l’expérience Gateway peut très bien expliquer, à l’aide des notions de physique quantique, biomédicales… les phénomènes mystiques constatés dans « Autobiographie d’un yogi »
- Autobiography of a Spiritual Genius de Gopi Krishna qui met en garde les effets négatifs d’une montée de Kundalini quand on n’est pas encore prêt.
Cependant, avant de commencer n’importe quelle pratique spirituelle, il est important de prendre le temps de vous renseigner et chercher de la protection, car comme indiqué dans le livre « Le corps de l’homme moyen est comme une ampoule de cinquante watts qui ne peut recevoir la puissance d’un milliard de watts provoquée par une pratique excessive du Kriya ». Une fois, j’ai reçu une très forte énergie comme ça, sans m’y attendre et ça m’a complètement bouleversée et déboussolée pendant plusieurs jours. Ainsi, on ne peut pas en abuser trop, trop vite. Tout entraînement demande du temps et de la protection. D’après les renseignements que j’ai pris, le Kriya Yoga demanderait un an de préparation physique et mentale, avant d’avoir accès à la vraie méthode Kriya Yoga.