Mes Favoris du moment [Septembre 2021] Biographies & enquêtes : Elon Musk, Steve Jobs, Elizabeth Holmes

Après plusieurs années à lire principalement des livres spirituels, j’ai décidé de faire une petite pause et m’intéresser davantage aux histoires vraies. Que ce soit des livres sur l’histoire, ou des auto/biographies, ou des événements réels. J’ai choisi de lire en premier des livres sur le Silicon Valley.

Elon Musk

La lecture est tellement agréable que j’ai terminé en 24h. J’ai très peu dormi pour finir ce livre, mais il y a tellement de rebondissements, de « comment il va faire pour s’en sortir ? » pour savoir comment Elon Musk, d’un sud-africain, issu d’une famille aventurière, finit par devenir l’homme qui a révolutionné à la fois les industries automobile, spatiale et énergétique.

Elon Musk a probablement le syndrome d’Asperger. Il ne visionne pas les choses de la même manière que nous. Quand il lit quelque chose, tout ce qu’il lit est comme imprimé dans son cerveau et il peut recréer cette image de manière aussi nette que si elle avait été projetée par une technologie 3D. Il a aussi une capacité extraordinaire d’apprendre très rapidement des choses, en posant des questions très pointues aux ingénieurs. Sa manière de réfléchir est clairement très différente de la plupart d’entre nous, ce qui fait de lui une personne à la fois attirante mais aussi un peu bizarre. Et clairement pas empathique.

Ses premiers succès viennent de la vente de deux compagnies où il n’a pas fait une contribution remarquable, mais c’est avec cet argent qu’il a pu investir dans Tesla et créer SpaceX.

Ce livre raconte l’histoire de sa famille, et suit le parcours d’Elon Musk de sa naissance jusqu’en 2015. Il est plein de rebondissement, de retournement de situation.

On en tire quand même quelques leçons :

  • quand on croit dur comme fer à un truc farfelue, mais on y croit vraiment beaucoup – les gens seront capables de tout faire pour nous y amener. Le rêve d’Elon Musk est de coloniser Mars, ça semble utopique, mais il en parle avec tellement de passion, tellement de vision, que les gens sont obligés d’y croire et l’aider à atteindre cet objectif.
  • les gens ont besoin d’une vision claire (et si possible noble : sauver l’humanité si jamais quelque chose arrive à notre planète) pour avancer et donner le meilleur d’eux-mêmes. Très peu de dirigeants arrivent à le communiquer clairement à son entreprise. Surtout en France. Quand j’ai travaillé pour les entreprises internationales, nous savions tous où nous allions, quel est l’objectif du trimestre, de l’année, dans 5 ans. Nous avions régulièrement des meetings où le big boss vous parlait et nous motivait à fond, et nous montrait où on en était par rapport à l’objectif. Chacun d’entre nous devait savoir quel rôle nous avions au sein de ce chemin vers la grande vision de l’entreprise.
  • les gens sont capables de faire des choses extraordinaires si on croit en eux (et s’ils sont smart à la base)
  • quand on est vraiment passionné par quelque chose, on arrive à mieux en parler et convaincre les autres.
  • dans beaucoup de succès, le talent ne suffit pas, il y a un facteur « chance » indéniable : le bon moment, le bon partenaire, le bon film qui fait d’Elon Musk le Iron Man vivant, un contrat qui se conclut à temps (celui avec Boeing qui a sauvé les deux compagnies d’une morte certaine)…

Ce qu’on peut néanmoins reprocher à l’auteur c’est d’avoir été complètement subjugué et séduit par Elon Musk. Même si le manque d’empathie d’Elon Musk est souligné par ci par là, ses mauvais traitements de ses anciens ou actuels employés ne remplissent que 3 pages. Une anecdote vers la fin du livre fait tout de même pencher Elon Musk vers le côté obscure, le club des entrepreneurs toxiques que @balancetastartup aurait pointé du doigt : le licenciement de sa secrétaire. Elle voulait demander une augmentation de salaire, et il lui a dit qu’il allait y réfléchir. S’il pouvait travailler sans elle pendant 3 semaines, cela voudrait dire qu’elle était remplaçable et donc pas si utile que ça, donc à virer. C’est exactement ce qu’il a fait à son ex-femme, en voyant que pendant ses vacances, la maison fonctionnait mieux sans elle.

Malgré plusieurs anecdotes sur le comportement d’Elon Musk et son manque de reconnaissance même envers les employés les plus fidèles et indispensables, le livre semble quand même l’excuser, au profit de tout ce qu’il a fait « pour l’humanité ». Je trouve cette manière de penser extrêmement dangereuse car bon nombre d’entrepreneurs actuels se basent de plus en plus sur les gens comme Elon Musk pour justifier leur comportement pathologique, en mode « on va changer le monde, je n’ai pas le temps de penser au bien-être des employés ».

Dans ce livre, beaucoup d’informations sont livrées comme si elles sortaient tout droit d’une brochure marketing. Avec les voitures Tesla, il y a telle ou telle fonctionnalité, le service après vente et tel ou tel… La vision d’Elon Musk est tant, il faut sauver l’humanité en proposant des voitures électriques etc. le livre n’offre pas de contre-arguments : des plaintes du mauvais service ou des problèmes des voitures Tesla, ni pourquoi ce n’est pas tant un progrès que ça, les voitures électriques. On dirait que l’auteur s’est fait berné par tous les messages marketing et la « vision » Musk qu’il a rangé son esprit critique. C’est donc aux lecteurs de se renseigner à côté.

Cependant, j’ai beaucoup apprécié les explications techniques, ce qui permet de comprendre la difficulté de tel ou tel projet, et mieux apprécier les progrès qu’ont apporté Tesla et SpaceX aux industries.

Bref, le livre se livre un peu comme un livre self-help, on le lit avec beaucoup d’enthousiasme, on reçoit un coup de boost d’ambition et d’énergie, c’est très divertissant. Dommage que l’auteur ne sorte pas la suite, on aimerait bien savoir ce qui passe derrière la tête d’Elon Musk quand il publie des tweets très controversés.

Lien d’achat : à partir de 7,5€ (lien Amazon), UNIQUEMENT EN ANGLAIS pour le moment

Elizabeth Holmes

Quand l’entrepreneur réussit, on l’excuse et oublie sa personnalité. Par contre, quand il échoue, sa personnalité est clairement mise en avant dans ce livre qui se lit d’une traite : Bad Blood. Ce livre parle de Theranos, fondé par Elizabeth Holmes.

L’idée derrière Theranos, c’est de créer une petite machine grand public permettant de prélever une toute petite quantité de sang au bout du doigt et effectuer des analyses de sang directement à la maison. L’idée est géniale, l’industrie visée représente des milliards de dollars, c’est une véritable révolution… si ça marche.

Sauf que, malgré des millions de dollars investis dans la boîte, la solution ne marche pas. Mais elle arrive quand même à bluffer son conseil d’administration, les investisseurs, les partenaires, et même les employés – dont la culture du secret de la boîte ne permet pas de divulguer les informations entre différents services. Comme elle a fait pour tromper autant de personnes ?

Elizabeth Holmes est une fan absolue de Steve Jobs et elle fait tout pour lui ressembler : jusqu’à s’entraîner pour ne pas cligner les yeux, afin d’hypnotiser ses interlocuteurs, jusqu’à adopter une voix plus grave (car ça fait plus « homme » et on l’écoutera plus), et à acheter le même col roulé noir que Steve Jobs avait l’habitude de porter.

Le moment le plus fou du livre, c’est quand le conseil d’administration tente de la virer, mais qu’elle arrive à les convaincre, seulement en deux heures, de la garder ! Si elle a une seule qualité, ce serait sa capacité de persuasion.

Ce livre suit l’aventure de Theranos, dès le début jusqu’à la révélation du scandale. C’est John Carreyrou, journaliste du Wall Street Journal à l’époque. C’est lui qui a révélé au monde la tricherie derrière Theranos, enchaînant une série de révélations sur la boîte, jusqu’au procès… qui a lieu en ce moment même !!! C’est aussi ce journaliste qui a écrit ce livre, donc on découvre comment le secret a mis au grand jour, et comment Theranos a réagi suite à la publication de l’article, leurs tentatives de défense… le livre fait référence à plusieurs interviews qui sont encore disponibles sur YouTube. Regardez-les car c’est un bon complément au livre. En répondant à côté des questions posées, et en jouant sur les émotions, et ayant une attitude calme et posée, on oublie la question initiale et se fait complètement avoir – même avoir après vu le livre – on se trouve confus après son interview et la trouve crédible.

Ce livre met en lumière la face cachée de Silicon Valley, où les gens pourtant riches et expérimentés, se basent sur du vent avant de débourser des millions, où il faut juste un peu de charme et du storytelling pour empocher de l’argent (et des mensonges aussi, accessoirement). Ca met l’accent sur l’importance de la communication. Un bon communiquant gagne plus de terrain qu’un bon technicien.

A lire absolument ! Ca se lit comme un thriller, j’aime beaucoup le côté « enquête » de la deuxième partie du livre.

Lien d’achat : Broché 20,95€ (lien Amazon)

Steve Jobs

J’ai eu beaucoup de mal à apprécier la première partie de ce livre car les premières pages dressent déjà un portrait peu glorieux de Steve Jobs. Ce n’est pas la faute de l’auteur, Isaacson, qui a déjà écrit plusieurs biographies de grands hommes. C’est un peu prétentieux de la part de Steve Jobs de lui demander d’écrire une biographie sur lui et se classer parmi les « grands hommes ». Mais ça résume bien le personnage, son narcissisme, sa fierté et son côté control-freak.

Je savais qu’il n’était pas gentil, mais là, le mot c*nnard est loin d’être une exagération. J’ai souffert jusqu’au moment où il est viré d’Apple, en le traitant de c*nnard à chaque page. Heureusement, dès Pixar, le livre devient beaucoup plus agréable à lire. Il reste toujours un c*nnard par contre : à se garer aux places de parking des handicapés, nettoyer ses pieds nus dégueulasses dans la cuvette au travail, traiter tout le monde de stupide, être radin envers les meilleurs contributeurs d’Apple etc. la liste est longue. Il devait avoir des problèmes psychologiques, être bipolaire ou un truc comme ça, ou fortement traumatisé par le fait d’avoir été « abandonné » par ses parents et être adopté.

Cependant, on ne peut pas nier que :

  • C’est le premier à faire le pont entre le design et l’informatique. Il considère que le produit final doit être extérieurement aussi beau que l’intérieur, l’habit FAIT le moine, selon lui.
  • Il a mis au point ce qu’on considère comme le standard du design high tech. Tout le monde veut être comme Apple, même les écouteurs deviennent blancs pour imiter ceux d’Apple.
  • Steve Jobs est avant tout un excellent vendeur. Il a l’intuition et le flair pour savoir ce que l’interlocuteur veut, et quel est son point faible, pour le manipuler et orienter vers un accord. Il sait appliquer la bonne stratégie, incluant les insultes, mensonges, menaces, procès, créer une division au sein de l’entreprise concurrente ou partenaire… pour mener les gens vers l’accord qu’il vise.
  • Grâce aux inventions d’Apple, nous avons des multi-fenêtres, l’affichage graphique basé sur des pixels, qu’ils ont pris chez Xerox mais fortement amélioré depuis

Il y a certains learnings qu’on peut tirer de ses succès :

  • Il faut faire extrêmement attention à l’expérience utilisateur (ce n’était pas le cas au début de l’informatique). Et cette expérience doit être maîtrisée, de l’achat du produit jusqu’à son utilisation, c’est pour ça que le système d’Apple est très fermé, et ne permet pas aux utilisateurs de démonter leurs produits ou les améliorer facilement.
  • Concentration : faire peu de produits mais des produits parfaits jusqu’au moindre détail. Il est revenu chez Apple quand cette compagnie était au bord de la faillite, avec des équipes éparpillées partout, travaillant sur des projets divers. Il a dessiné 4 cases et a expliqué simplement qu’il fallait un produit pour chaque case. Et c’est comme ça qu’Apple s’est relevé après 10 ans de mal fonctionnement. Sans le savoir, c’est ce que nous avons mis en place pour notre carrière : nous sommes spécialisés dans une niche, qui concerne très peu d’entreprises, mais quand une entreprise a vraiment besoin de notre expertise, elle n’a pas beaucoup de choix et doit faire appel à nous.
  • Entre l’invention et l’application, il y a un long chemin à parcourir. Même si Xerox était à l’origine de la technologie d’affichage que nous avons actuellement, ils n’avaient pas pensé à une application précise. C’est l’équipe d’Apple qui a vu l’idée, compris son potentiel, et l’a mis en pratique. Steve Wozniak était un génie, mais sans le côté commercial et business de Steve Jobs, Apple ne serait pas devenu ce qu’ils sont aujourd’hui, car Wozniak voulait juste créer puis distribuer gratuitement.
  • Il l’a répété plusieurs fois : les gens du niveau A ne veulent pas travailler avec les gens du niveau C. En gros, les gens brillants ne veulent pas traîner et travailler avec des gens bêtes. Les derniers tirent les premiers vers le bas. C’est pour ça qu’Apple a un process de recrutement hyper contraignant et strict, pour s’assurer que tout le monde est brillant et tirera l’équipe vers le haut. C’est dégueulasse de le dire, mais effectivement dans mes expériences précédentes, j’ai vu des talents gâchés à cause d’un manager incompétent, ou à cause des collègues de niveau C qui ne comprennent pas ce que racontent le collègue de niveau A. J’ai travaillé pour une entreprise composée uniquement des super stars et tout ce qui sortait de cette boîte était phénoménal !
  • Il faut persévérer : il y a beaucoup de contrats et de rencontres qu’il a pu obtenir car il ne lâche pas l’affaire et continuer à harceler les gens au téléphone jusqu’à ce qu’ils disent oui. C’est, certes, une méthode agressive et désagréable, mais ça lui apporte plus que l’image ternie qu’il a déjà.
  • Son obsession pour la perfection est maladive, mais c’est également drivé par la passion qu’il a pour chacun des produits. iPod est né de la passion de la musique de toute l’équipe. On ne peut pas faire de beaux produits ou faire bien son travail si on n’en est pas passionné. Je pense que c’est un message important car beaucoup de jeunes pensent encore que l’argent peut nous permettre de passer outre le fait qu’ils détestent leur métier, mais c’est le contraire. Si quelqu’un est passionné par son métier, il sera bon dans ce qu’il fait, et il gagnera de l’argent. C’est dans l’autre sens en fait !
  • Beaucoup de fois, c’est son intuition qui a amené Apple vers le succès. Même si Steve Jobs n’était pas si éveillé que ça (s’il était vraiment, il n’aurait pas été aussi matérialiste et radin avec ses collaborateurs), son intérêt pour le bouddhisme, le LSD et la méditation lui ont donné des facultés d’intuition importantes. Et c’est souvent ignoré par les personnes rationnelles : si l’intuition vous dit que quelque chose ne tourne pas rond, ce n’est pas forcément parce que c’est psychologique, c’est une peur déjà ancrée en vous, c’est peut-être une aide précieuse pour vous éviter une grosse m*rde.
  • Steve Jobs et autres dirigeants de haut niveau ont commis plusieurs erreurs qui ont fait perdre beaucoup d’argent à leurs entreprises. Steve Jobs parce qu’il est trop dans le contrôle et pense qu’il a toujours raison. D’autres dirigeants comme Eisner de Disney a failli ne pas racheter Pixar car il manque de vision long terme et ne sait pas évaluer une entreprise correctement. Sculley parce qu’il misait trop sur les ventes, au lieu d’être passionné par ce qu’il fabriquer… Le livre couvre les 56 ans de la courte vie de Steve Jobs et nous avons le temps pour refléter sur chaque mauvaise décision, pourquoi ces personnes ont pris cette décision à cette époque, et comment ils auraient pu l’éviter à l’avenir.

Est-ce un livre facile à lire ? Oui et non. Si vous êtes très empathique comme moi, la première partie est un peu dure.

Mais ça fait du bien de réviser l’ambiance des années 1970, revoir comme la Silicon Valley est devenu la Silicon Valley qu’on connaît aujourd’hui, les débuts d’informatique, la bulle Internet, les premiers ordinateurs portables… Bill Gates est mentionné à plusieurs reprises, car il faut toujours un méchant dans l’histoire. Le portrait de Bill Gates est aussi peu glorieux que Steve Jobs 😀 Par contre, les deux co-fondateurs de Pixar sont des crèmes…

Ce n’est pas un livre facile à lire car on a quand même beaucoup de choses à réfléchir. Comme les autres livres avec des noms de vraies personnes, il y a des centaines et des centaines de nom/prénom. De gens pas forcément connus, donc il faut prendre des notes pour se souvenir de qui on parle, qui fait quoi ahahha.

Isaacson a réussi à rester complètement neutre et relater les faits, au lieu d’être un fan-boy, contrairement au livre ci-dessus sur Elon Musk.

Lien d’achat : Livre de poche, 10,9€ (lien Amazon)

Location de scooter à Koh Phangan avec Phangan Wheels
Comment acheter / ajouter une eSIM à utiliser à l'étranger - Test & Avis de Holafly
    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

    Tous Mes Articles
    Write a comment

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.