Nous sommes en Mars 2023. Depuis Rome, nous prenons l’avion pour Belgrade. Cela fait toujours du bien d’accéder à un lounge et d’avoir de quoi grignoter avant le vol, surtout quand l’accès au lounge est gratuit (inclus avec la carte Amex de JB).
Belgrade est un mot magique. C’est un nom de ville qui me semble tellement exotique que je n’arrive pas à imaginer à quoi elle peut ressembler. Si je voyais un éléphant à Belgrade, ça ne m’aurait même pas étonnée, car ce nom me paraît exotique à ce point-là ! Comme dans « A la recherche du temps perdu », parfois le nom des lieux nous projette une toute autre image. Pour JB, Belgrade évoque plutôt des souvenirs de journaux télévisés quand il était enfant, qui évoquaient la guerre des Balkans.
Mais quand on met les pieds pour la première fois à l’aéroport, puis dans la ville, je me suis dit « non, ça fait juste les Balkans ». Je ne sais pas comment l’expliquer, mais la forme des bâtiments, la largeur des rues, des trottoirs… suffisent pour situer la ville dans une zone géographique à peu près correcte.
Nous prenons un taxi depuis l’aéroport – qui n’essaie pas de nous arnaquer, pour une fois. Nous sommes chaleureusement accueillis par le propriétaire du Airbnb. C’est de plus en plus fréquent que les Airbnb aient un self check-in donc c’est toujours sympa d’avoir un interlocuteur physique et de pouvoir lui poser des questions sur la ville. Notre propriétaire nous dit que le meilleur de Belgrade, ce sont ces habitants. Il nous assure que c’est super safe, et qu’on ne doit pas hésiter de découvrir différents quartiers à toute heure de la journée / nuit. En tout cas, notre longue présence l’arrange : il en profite pour partir au ski… en France. Il va faire 16h de bus pour skier dans les Alpes. Quel courage, alors qu’il y a une multitude de stations de ski dans les Balkans.
Rassurés, nous testons le restaurant quasi en face du airbnb, c’est super super bon. Je suis surprise de voir que tout le monde est très discret. Malgré nos têtes de touristes, il n’y a pas de regard curieux. J’ai l’habitude que les gens se retournent carrément pour me regarder avec insistance parce que je suis avec JB et ils sont curieux de voir dans quelle langue je lui parle; ou qu’on me regarde de travers de peur que je sois porteuse du Covid… mais ici, personne ne nous calcule, personne n’est choqué de nous voir. Je pense que personne n’aime être regardé à cause de sa différence.
Mars 2023 : une période de ma vie où je ne me sens pas bien, je perds la mémoire, je ne dors pas bien. Le seul côté positif, c’est mon progrès fulgurant en astrologie, j’ai même réussi à trouver ma propre méthode pour les prévisions astrologiques. Pour sauver ma mémoire, je lis du matin au soir et fais des résumés de livres. Ainsi, pendant plusieurs semaines, les seuls déplacements que je fais, c’est pour aller faire les courses et rentrer au Airbnb. Nous sommes dans un quartier résidentiel avec beaucoup de villas, et quelques ambassades, c’est très chic, mais c’est aussi assez calme, avec quelques restaurants par ci par là, donc ça m’incite encore moins à sortir.
Nous visitons enfin l’église Saint-Sava de Belgrade, une des églises orthodoxes les plus grandes au monde, capable d’acquérir jusqu’à 15 000 personnes. Elle prend pour modèle Sainte-Sophie de Constantinople au temps de Justinien. Nous connaissons très bien la Sainte-Sophie à Istanbul mais à part l’extérieur (à part l’absence des minarets) à peu près similaire, l’intérieur nous semble beaucoup plus aéré, plus lumineux.
Les mosaïques dorés sont très impressionnants et nous donnent une idée de ce que devaient ressembler d’autres vieilles églises avec mosaïques dorés au début de leur existence. Ici, on ne voit pas encore le passage du temps donc la couleur or est encore éclatante. La coupole représentant le Christ pantocrator fait 1230 mètres carré, pèse 40 tonnes et nécessite un an de travail.
On peut descendre au sous-sol, c’est moins joli mais reste très impressionnant.
Malgré les risques liés au Covid, les fidèles font la queue pour embrasser ces images, les plus belles que j’aie vues dans une église orthodoxe, dorées aux feuilles d’or, un peu comme les enluminures. Bien sûr, les images sont protégées par une vitre.
Nous nous rendons au centre-ville pour regarder les boutiques et trouver des coins sympas où nous poser ou faire du shopping. L’offre est assez limitée, mais j’ai quand même repéré quelques marques de vêtements très jolis, mais malheureusement super chers 🙁
Dans notre rue se trouve le musée de Tesla. Il y a toujours du monde devant. C’est en le visitant qu’on se rend compte que c’est dû aux heures de visite, ils font entrer les touristes toutes les 30 minutes car il y a un film à regarder et un guide qui va actionner les machines.
Le film est en anglais et sous-titré russe car la plupart des touristes présents sont russophone. Il y a pas mal de termes techniques, je n’ai pas tout compris. Il y a quelques machines sur place et le guide nous explique rapidement le fonctionnement et les actionne devant nos yeux. Il y a, entre autres, la bobine Tesla qui produit de la foudre artificielle. Ca a fait un gros bruit dans la salle, c’était impressionnant. A côté se trouve une machine pour s’électrocuter légèrement, comme dans les bains d’onsen au Japon 😀 On nous explique que Tesla imagine et améliore ses inventions en 3D dans sa tête, donc quand il dessine l’objet, il est déjà parfait. C’est un peu comme les compositeurs, ils entendent dans leur tête la musique qu’ils veulent composer, et quand ils écrivent la partition, c’est presque comme une dictée musicale.
Ce genre de mémoire visuelle exceptionnelle se retrouve aussi chez Elon Musk qui mémorise une page à la fois, comme une photo. Comme je perds de la mémoire, je me suis renseignée auprès d’une personne ayant une excellente mémoire comment actionner la mémoire photographique. Il m’a dit qu’avec l’âge, ça devenait plus difficile, mais on peut découper en plusieurs parties et en retenir l’idée principale. J’ai commencé à perdre la mémoire suite à l’opération urgente de JB. Par exemple, si on me demande ce que j’ai fait la veille, je vais mettre plusieurs minutes à m’en rappeler. A Belgrade, j’ai passé le test TOEIC pour le boulot. C’est juste une formalité car je parle couramment anglais, mais ce test m’a posé deux difficultés : (1) je me suis rendu compte que lors de la partie écoute, le texte n’est diffusé qu’une seule fois mais mon cerveau divaguait et je n’écoutais même plus, ça m’est arrivé 2 fois pendant le test (2) il y a des textes écrits que je comprends à 100% : par exemple une dame écrit un mail pour se plaindre qu’on lui ait envoyé tel modèle de chaussures au lieu d’un tel, et la question est « que veut-elle ? un remboursement ou un échange ? » j’ai dû relire le texte 3 fois, dont je comprends chaque mot, sans pouvoir en tirer le sous-entendu. Là, je me suis dit que c’était grave, soit je fais du overthinking, soit je suis autiste, soit je me suis abrutie. Spoiler : après un an de lecture intensive (plus de 100 livres en un an), j’ai retrouvé ma mémoire, c’est comme un muscle qu’il faut entraîner, c’est tout. Mais la bonne nouvelle, c’est que suite à cette épisode, je peux désormais mieux contrôler ma mémoire et supprimer les détails insignifiants, alors qu’avant je retenais tout, même les choses inutiles.
Nos tentatives de trouver une boulangerie avec de bons desserts échouent lamentablement. Ca a l’air appétissant comme ça, mais en réalité, c’est immangeable !
La nourriture serbe est plutôt OK, mais il n’y a pas de plats mémorables qui me donnent envie d’y revenir. Et pourtant, le prix des produits bio en Serbie est très bas. C’est un des fournisseurs principaux de produits bio pour l’Europe. La raison est toute bête : pendant près d’une décennie, les agriculteurs n’ont pas eu les moyens d’acheter des engrais ou des insecticides, en raison des sanctions internationales pesant sur leur pays. Leur terre n’a donc pas subit de pesticides depuis plusieurs décennies. C’est pour cela que nous préférons acheter les ingrédients au supermarché et cuisiner chez nous, simplement, mais c’est bon et bio.
L’église Saint-Marc, à côté, contient un sarcophage avec des reliques de l’empereur serbe Stefan Dušan. Le style néo-byzantin rappelle les églises orthodoxes du Moyen-Âge, même si elle a été construite dans les années 30. Elle est grande par rapport à une église standard, mais souffre de la comparaison avec l’église de Saint-Sava, forcément ! A l’extérieur, comme partout, il y a un endroit où les fidèles peuvent allumer une bougie sans noircir l’église.
On passe des ambassades aux bâtiments du gouvernement, puis de grandes entreprises. Le quartier est vraiment très sympa pour une longue promenade.
Nous allons un peu plus loin, du côté de la Cathédrale Saint-Michel de Belgrade. On est au bord d’une branche du Danube, on aurait aimé pousser jusqu’à New Belgrad (l’autre côté du fleuve) mais la fatigue m’emporte donc nous sommes rentrés.