Journal d’un trek jusqu’au Camp de base de l’Everest (Népal)

J’ai toujours rêvé d’aller jusqu’au camp de base de l’Everest. L’occasion s’est présentée cette année et j’y suis allé avec mon frère Vincent. Anh est restée en Europe.

J-1 – Mercredi 4 octobre 2023 : départ demain !

Après 3 semaines de préparation dans le massif central, quelques jours de tourisme en transit à Abu Dhabi, 3 jours à Katmandou pour rencontrer notre agence (qui nous prête quelques affaires), parfaire le matériel et faire quelques visites, nous sommes prêts !

Hier et aujourd’hui, nous avons fait et refait nos deux sacs personnels : l’un qui ira en soute dans l’avion et sera confié au porteur, 10kg maximum, et un pour nous en bagage cabine, 5 kg maximum. Cela se joue au gramme près et nous étions bien contents d’avoir un pèse-bagage. J’ai appris que mes rouleaux de PQ pesaient 150 grammes pièce, c’est beaucoup !

À l’appréhension du trek (vais-je supporter l’altitude ? Mon équipement est-il suffisant pour le froid ? Suis-je assez préparé physiquement ? …), se sont ajoutés l’inquiétude et l’incertitude de pouvoir partir. Les journées d’hier et d’aujourd’hui ont été très pluvieuses et la plupart des vols entre Katmandou et Lukla ont été annulés. Plusieurs centaines de trekkeurs sont en attente.

Nous devons partir demain matin, la météo annoncée est bonne, mais Ram, le responsable de l’agence commence déjà à nous parler de plan B : prendre un hélicoptère, faire 4h de route pour partir de Ramechhap, l’autre aéroport qui dessert Lukla, …

Du coup, je passe une bonne partie de la journée à psychoter, à vérifier les prévisions météo toutes les 15 minutes.

Cela fait des années que nous évoquons l’idée de faire ce trek avec mon frère Vincent, 10 mois que nous sommes décidés. Maintenant, nous voulons partir !

Nous sommes impatients d’être à demain !

J 0 – Jeudi 5 octobre 2023 : Avion pour Lukla ?

Réveil à 6h15. Après avoir psychoté toute la journée de la veille, j’ai étonnamment bien dormi. Le ciel à Katmandou est dégagé et la météo à Lukla est bonne toute la matinée, nous sommes certains que nous allons pouvoir partir !

6h45 : Un chauffeur vient nous chercher à l’hôtel et nous arrivons à l’aéroport une petite demi-heure plus tard.

À l’aéroport, nous attendons d’abord au comptoir de la compagnie Sita Air Ltd sans savoir quand nous partirons.

La zone dans laquelle nous patientons est celle où se trouvent les comptoirs d’enregistrement. Ca sent bon l’aventure ! On voit les comptoirs de Budva Air, Tara Air, Yéti Air Lines, Guna Airlines, … autant de compagnies aériennes sur la liste noire (les compagnies domestiques népalaises le sont toutes !). Une petite moitié des comptoirs concerne des enregistrements pour des vols en hélicoptère !

A 9h30, après deux bonnes heures d’attente, notre guichet ouvre. Les bagages pesés, nous dépassons de quelques dizaines de grammes, mais ça passe. Ca y est, nous avons nos boarding pass ! Nous ne savons toujours pas à quelle heure nous partirons, mais nous sommes sûrs que c’est pour aujourd’hui !

Nous attendons à la porte d’embarquement et Ram, l’interlocuteur de notre agence, m’indique via WhatsApp que nous devrions partir vers 10h30. Ca va venir vite !

Las, le temps passe, et toujours pas d’annonce…

Nous finissons par comprendre, que suite aux annulations des deux derniers jours, de très nombreux touristes sont allés à Ramechhap. Les deux avions de la compagnie sont en train de faire des aller-retour Ramechhap – Lukla pour désengorger avant de venir nous prendre à Katmandou.

A 11h45, après presque 5 heures d’attente, on touche enfin au but, un vol pour Lukla est annoncé. Nous nous présentons à la porte d’embarquement. Pas de chance, le vol qui part est le 603, nous sommes dans le 601.

Nous regardons avec envie les touristes du 603 partir en minibus vers leur avion. Nous sommes persuadés d’être les suivants, Ram m’indique d’ailleurs que notre avion est sur le chemin et arrivera dans 15 minutes.

Plus d’une heure plus tard, c’est avec stupéfaction que nous voyons les passagers du 603 revenir, ils ne sont pas partis !

C’est à péter un câble : il fait beau à Katmandou, il fait beau à Lukla (nous pouvons voir une webcam de la piste d’atterrissage en live sur YouTube) mais sur le chemin, la météo se dégrade, et l’autorisation de décollage n’arrive pas. On se console un peu en se disant qu’au moins, ils sont vigilants sur la sécurité.

Mais on commence à comprendre que le départ est très compromis.

Finalement, à 15h, le temps se gâte à Lukla et le vol est annulé, après près de 8h d’attente !

L’attente est une chose, mais l’incertitude est une torture. Nous étions convaincus de partir et étions attentifs toute la journée, prêts à bondir de notre siège pour partir. Nous n’avions aucune information sur place et seul Ram nous distillait quelques nouvelles via WhatsApp. Que ce fût long !

Discuter avec quelques compagnons de galère nous fait un peu relativiser. Pour certains, c’est la troisième journée d’échec consécutive. Nous apprenons que d’autres ont fait 4h de route pour se rendre à Ramechhap, n’ont pas pu décoller et vont devoir faire le chemin inverse (il y a tellement de touristes en attente, que les hôtels sur place sont complets, …). Des voyageurs vont devoir essayer de décaler leur vol de retour chez eux, car ils n’avaient pas prévu de décalage de ce type.

Nous nous félicitons d’avoir pris de la marge, notre vol de retour n’est qu’une semaine après la fin théorique de notre trek. Il n’empêche, nous voulons partir !

17h30 : « réunion de crise » à l’agence. Le pauvre Ram fait ce qu’il peut, mais il n’est pas magicien, il vient de vivre trois journées consécutives où la plupart de ses clients n’ont pas pu partir. On comprend qu’avec l’accumulation des retards, la journée de demain à de bonnes chances d’être le même genre de galère qu’aujourd’hui. Même si les prévisions météo semblent plutôt favorables.

Nous finissons par accepter l’option qui parait nous offrir le plus de chances de partir : payer un supplément pour ne pas rejoindre Lukla en avion… mais en hélicoptère !

Si c’est l’option qui est la plus favorable, ce n’est pas garanti non plus… mais nous verrons ça demain !

J 0 – Vendredi 6 octobre 2023 : Hélicoptère pour Lukla ?

Après la journée éprouvante d’hier, c’est à 7h30 qu’un chauffeur nous récupère à l’hôtel pour l’aéroport.

Tout se passe comme sur des roulettes : la météo semble favorable, le boss de l’agence d’hélicoptère nous attend.

On s’inquiétait d’un changement de tarif soudain (nous devons payer directement auprès de l’agence d’hélicoptère), mais c’est bien le tarif convenu la veille que l’on paie (180$/personne). Le groupe de 5 passagers pour remplir l’hélicoptère est constitué.

Nous obtenons nos boarding pass, on pèse nos bagages, on se pèse nous-mêmes et on nous demande d’attendre à la porte d’embarquement où quelqu’un est censé nous récupérer 30 minutes plus tard.

C’est finalement une heure plus tard qu’on vient nous chercher, nous embarquons dans une camionnette qui nous transporte jusqu’à l’héliport à 9h30.

30 minutes d’attente et nous voyons atterrir un hélicoptère en provenance de Lukla, il semble que ce soit le nôtre !

Cinq touristes israéliens débarquent, l’air épuisé.

Les techniciens font le plein. Le pilote australien nous donne quelques consignes de sécurité. Nous montons à bord, nous allons partir, nous sommes euphoriques et envoyons quelques messages pour prévenir nos proches.

Le pilote réalise sa procédure de décollage, puis demande l’autorisation de décoller à la tour de contrôle.

Et on l’entend répondre : « OK, stand by ».

Le coup de massue !

L’autorisation de décollage ne vient pas. Elle ne viendra jamais. Le pilote ne comprend d’ailleurs pas trop, pour lui, c’est très largement praticable, il peste contre l’incompétence et la bureaucratie de l’aviation civile népalaise.

Une petite heure d’attente supplémentaire et on vient nous récupérer pour nous ramener à la porte d’embarquement.

On nous demande d’attendre jusqu’à 15h une éventuelle nouvelle fenêtre de vol, mais on ne se fait pas d’illusion, on sent bien que notre chance est passée.

Sans surprise, le vol est finalement annulé, retour à l’hôtel.

Nous repassons à l’agence, Ram fait de son mieux, mais semble un peu à court de solution.

Les prévisions météo de samedi et dimanche semblent laisser penser qu’il pourrait être possible de décoller en hélicoptère jusqu’à 10 ou 11h.

On tente de négocier de faire partie des premiers passagers éligibles puisque les vols peuvent décoller à partir de 6h.

Mais sans succès, Ram doit composer avec les agences d’hélicoptères. Avec des critères de priorisation que nous ne connaissons pas. De plus, plusieurs compagnies d’hélicoptères ont été suspendues dernièrement pour ne pas avoir respecté certaines règles, donc il y a moins de places que d’habitude.

Ce soir, c’est soupe à la grimace. La fatigue de l’attente, la frustration de n’avoir aucune prise sur la situation, l’ascenseur émotionnel.

Nous étions convaincus de partir en arrivant à l’aéroport hier. Suite à ce premier échec, nous étions beaucoup plus réservés aujourd’hui. Même arrivés à l’héliport, nous restions méfiants. Mais une fois dans l’hélicoptère, en voyant le pilote faire sa procédure, on y croyait vraiment !

Même si on a de la marge, le planning commence à se resserrer. D’autant que nous voulons désormais prévoir quelques jours de marge pour le retour. Ce serait bête de rater notre vol de retour vers la France en étant bloqué par la météo à Lukla !

Nous allons retenter de nouveau notre chance demain et dimanche.

Si nous ne sommes toujours pas partis, nous réfléchirons à un plan B. Peut-être l’Annapurna ? Un trek fantastique lui aussi, même s’il faudra digérer la déception.

J 1 – Samedi 7 octobre 2023 : Lukla !

Ce matin, on se réveille avec un moral mi figue mi raisin. La météo semble correcte à Lukla jusqu’à midi. Mais on n’ose plus trop y croire après les déconvenues des deux derniers jours. Aussi, on aurait aimé une heure de départ plus tôt. L’annonce hier soir, d’un pickup à l’hôtel à 8h30 pour une arrivée à l’aéroport à 9h a été une douche froide.

A 8h05, alors qu’on vient juste de commander notre omelette de petit déjeuner, je reçois un message de Ram qui m’annonce que notre chauffeur est déjà là.

Ni une, ni deux, on bondit de notre chaise, on s’excuse à la cuisine et on prend nos bagages pour partir au plus vite. Le manager de l’hôtel a beau nous expliquer que le chauffeur peut attendre, qu’il est en avance et qu’il disait juste bonjour. Je lui réponds que le beau temps n’attend pas !

Nous sommes donc à l’aéroport à 8h30 et on se présente au comptoir de la compagnie d’hélicoptère. On nous demande d’attendre, on comprend qu’un groupe part avant nous.

Nos trois compagnons d’infortune d’hélicoptère d’hier arrivent (un russo-américain de notre agence + un couple d’australiens). Sauf qu’un indien, de notre agence, doit s’incruster lui aussi. On sent un petit moment de flottement chez les employés de la compagnie. Finalement, un groupe de cinq est reconstitué et le couple d’australien sera sur le prochain vol.

On récupère nos nouveaux boarding pass, procédure de pesage, et retour à la case porte d’embarquement.

Assez rapidement, le groupe qui part avant nous est appelé, on y croit !

Nous n’aurons à attendre qu’une demi-heure. A 9h50, nous sommes appelés. Nous prenons de nouveau la petite camionnette pour l’héliport.

Première bonne nouvelle : le groupe avant nous n’est pas là, signe qu’ils ont pu décoller.

Quelques minutes d’attente seulement et un hélicoptère aux couleurs de notre compagnie attérit. Changement de pilote, et on retrouve notre pilote australien de la veille.

Un employé de la compagnie s’adresse au pilote : « no briefing, nothing, go ! ».

On se dépêche de pénêtrer dans l’hélicoptère. On entend le pilote demander l’autorisation, on se regarde avec Vincent, c’est à ce moment que tout est tombé à l’eau la veille.

« All is clear », ça sent bon.

Le pilote met le contact, on pense alors que c’est gagné. Quelques secondes passent, qui nous semblent une éternité, mais ça y est, on décolle !

Ce décollage m’enlève un gros poids instantanément, je commençais à réfléchir à un plan B, à me demander comment j’allais récupérer l’argent de la compagnie d’hélicoptère, me préparais à devoir négocier avec Ram le différentiel de prix entre le trek du camp de base de l’Everest et celui de l’Annapurna, … Tous ces soucis n’ont plus lieu d’être !

Au bout d’environ une heure de vol, nous atterrissons sur ce qui ressemble à un jardin, je vois même quelqu’un courir au moment où on atterrit pour enlever un drap qui était en train de sécher.

Moment d’étonnement.

Effectivement, notre pilote nous annonce que nous ne sommes pas à Lukla ! A cause des nuages, l’aéroport de Lukla a fermé pendant notre trajet.

Nous atterrissons en contrebas de Lukla, dans le jardin d’une tea house (nom des lodges qui bordent les routes de trek au Népal) qui s’appelle Hôtel Surkey Helipad. Dans le village de Chaurikharka.

Nous n’avons pas de réseau téléphonique, sauf notre compagnon indien qui arrive à envoyer un message à Ram. Celui-ci nous indique que nos guides et porteurs qui nous attendent à Lukla vont descendre à notre rencontre, qu’ils seront là dans environ 1h30.

Même si nous ne sommes pas encore à Lukla, Vincent et moi sommes enthousiastes ! Nous avons passé trop de temps à Katmandou, cette fois, nous y sommes !

Cet atterrissage imprévu en mode « La carte au trésor » ajoute même du croustillant à l’aventure.

Il est presque midi, et comme nous avons sauté le petit déjeuner, nous avons faims ! On se pose à la tea house et on commande une soupe.

A peine 10 minutes plus tard, notre pilote nous indique que le climat s’améliore, qu’il y a une fenêtre de tir pour rejoindre Lukla mais qu’il faut faire vite, elle peut se refermer à tout moment.

Je paie en catastrophe notre soupe, que nous n’aurons jamais l’occasion de déguster. Vincent se précipite pour ramener nos bagages à l’hélicoptère et… se casse la gueule violemment ! Plus de peur que de mal, ça aurait vraiment été dommage de se blesser maintenant et de devoir redescendre à Kathmandou !

On décolle et on prend de l’altitude rapidement. Le vol dure quelques minutes à peine et nous atterrissons à Lukla (2 804 mètres d’altitude), dans le mythique aéroport Tenzing Hillary Airport.

Un personnel de l’aéroport se précipite et échange avec notre pilote. On n’a pas trop compris la teneur de l’échange, mais pas sûr que notre pilote avait demandé l’autorisation d’attérir 😀

Tout s’enchaîne, à peine le temps de descendre que cinq autres passagers nous remplacent. Vincent a été à deux doigts… d’oublier ses lunettes de soleil à l’intérieur, ramenées in extrémis par un employé de l’aéroport. Gros coup de chance ! Un de plus aujourd’hui.

Un guide de notre agence nous reconnaît grâce à nos sacs aux couleurs de l’agence. Il nous explique que notre guide et notre porteur ont commencé à descendre pour venir nous chercher… qu’ils ont fait demi-tour et vont mettre un peu de temps pour remonter. En attendant, nous allons déjeuner.

Nous dégustons notre premier Dal Bhat, le premier d’une longue série. Ca fait du bien et c’est délicieux.

Nous faisons connaissance avec notre guide (Rinzi) et notre porteur (Buddha) qui arrivent.

Nous sommes contents de croiser notre couple d’australien, compagnons d’infortune des deux derniers jours, qui nous avaient demandé si on était jumeaux. Ils ont réussi à avoir un vol.

Tout s’enchaîne bien finalement ! Et comme il n’y a eu d’avion ni hier, ni aujourd’hui, et sans doute pas beaucoup demain. On se dit qu’il n’y aura pas grand monde sur le chemin, on va être tranquilles !

Et c’est parti ! Nous commençons le trek !

La première journée est relativement facile puisque nous descendons. Lukla est à 2 804 mètres et nous allons jusqu’à Phakding (2 604 mètres). Mais c’est parfait pour se mettre en jambe, les derniers jours n’ont pas été très actifs, et il faut s’habituer à l’altitude.

Nous empruntons nos premiers ponts suspendus, croisons multiples porteurs avec des chargements tous plus impressionnants les uns que les autres. Des Dzo (un croisement de Yak et de Zébu) qui transportent des bonbonnes de gaz. On est dans l’ambiance ! Nous croisons également les trekkeurs qui en finissent et reviennent sur Lukla. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas dans le même état de fraîcheur que nous ! Ca nous donne une petite idée de ce qui nous attend dans les prochains jours.

A 15h30, nous arrivons à notre tea house : Sherpa Eco Home Lodge.

C’est royal : nous avons une chambre qui ferme a clé. Des toilettes propres, de l’électricité, …

Si l’on souhaite, en payant un supplément, on peut recharger nos appareils, prendre une douche, et même avoir du Wifi !

Comme nous n’avions pas encore nos camelbak (poche d’eau dans le sac permettant de boire grâce à une paille, sans besoin de s’arrêter) remplis, nous n’avons certainement pas assez bu (quatre litres par jour sont recommandés !).

Nous commandons un thermos d’eau chaude avec gingembre, miel et citron. Moi qui ne suis pas très boisson chaude, je me régale ! On se dit que ce sera une bonne habitude de faire ça tous les jours en arrivant en fin de journée à notre tea house.

Nous avons chacun un camelbak de 2 litres, une gourde de 0,8 litre. En ajoutant le thermos de « fin de journée » et les soupes des repas, on ne devrait pas être trop loin des quatre litres.

Nous sortons faire un petit tour puis retournons dans notre chambre pour notre première corvée d’eau.

Pour avoir de l’eau potable, il y a quatre options :

  1. Acheter des bouteilles d’eau sur le chemin. Vu la quantité d’eau qu’on doit boire, et comme le prix augmente au fur et à mesure qu’on prend de l’altitude (logique : tout monte à d’eau d’homme ou d’animal), ça peut représenter un sacré budget à la fin. Sans parler des déchets générés, il faudra bien que quelqu’un redescende vos bouteilles.
  2. Utiliser des pastilles de purification et accepter une eau avec un goût pas très agréable
  3. Avoir une gourde filtrante : pratique, mais à remplir souvent, la contenance étant faible.
  4. Utiliser un filtre à eau : qui peut coûter cher et peser un certains poids

Comme Vincent en avait déjà un, il l’a pris avec lui, c’est ce que nous utilisons. L’opération prends une vingtaine de minutes, peu aidée par la très faible pression de l’eau au robinet, mais on va prendre le coup pour gagner en efficacité.

A 18h30 : premier dîner. Nous commandons une soupe à l’ail en entrée, c’est paraît-il bon contre le mal d’altitude. Ainsi qu’un dal bhat.

Ce plat est typiquement népalais, composé de riz, de quelques légumes, d’un morceau de viande, d’une galette de céréale et d’une soupe à base de lentilles. Non seulement c’est délicieux, mais en plus c’est consistant. D’autant que c’est la règle avec le dal bhat : le riz et la soupe sont à volonté !

Nous sommes tellement contents de cette première journée ! En se levant ce matin, on n’osait pas espérer être ici ce soir !

Demain, première vraie journée de montée avec environ 800 mètres de dénivelé vers Namche Bazar (3 440 mètres d’altitude). La dernière « grande ville » avant d’aller vers le camp de base. Nous y resterons deux nuits, pour avoir une journée complète d’acclimatation à l’altitude.

J 2 – Dimanche 8 octobre 2023 : direction Namche Bazaar (3440 mètres)

Nous nous sommes couchés tôt hier soir, vers 20h et avons bien dormi. Malgré deux ou trois réveils chacun pour aller… aux toilettes évacuer les quantités de boissons bues pendant la journée.

Ce n’est pas bien gênant pour l’instant car la température est très clémente (j’ai dormi avec mon pyjama manches courtes), mais avec l’altitude, la température va baisser, et ça va rapidement être moins rigolo.

Vincent se réveille avec un mal de gorge, on espère que ça va passer assez rapidement.

7h30 : petit déjeuner. Je prends une omelette au fromage, c’est un peu faible en quantité, je choisirai autres choses les prochaines fois. Elle fait pâle figure à côté du porridge de Vincent qui pourrait nourrir une famille entière pour la journée.

8h : nous débutons notre vraie première journée de trek. La journée d’hier était vraiment facile.

Nous sommes un peu étonnés de voir autant de monde. On se demande d’où viennent tout ces gens tant s’est compliqué de venir de Katmandou depuis quelques jours. Nous avançons à un bon rythme en ce début de journée, et nous dépassons rapidement les gros groupes (de coréens notamment) que nous ne reverrons plus de la journée.

Nous empruntons plusieurs ponts suspendus vertigineux (et notamment le mythique Hillary bridge), passons devant des cascades et, grâce au beau temps, apercevons un premier sommet : Thamserku, à 6 608 mètres.

Il a plu cette nuit, mais ce début de journée est ensoleillé, nous avons un peu de mal à réguler la température : devons-nous porter une couche ? Deux couches ?

A un moment, nous décidons d’enlever notre deuxième couche, et de la vapeur d’eau sort du dos de Vincent, comme une cheminée. Ce qui fait beaucoup rire notre guide.

Lors de ces premières heures, on monte, puis on descend. C’est un peu frustrant car malgré les efforts, on ne gagne presque pas d’altitude, alors que la destination du jour se trouve 800 mètres plus haut que le point de départ.

A 9h40, nous arrivons à l’entrée du Sagarmatha National Park. Notre guide s’occupe des formalités administratives, tandis que des militaires contrôlent rapidement les sacs en nous demandant si nous avons un drône. Leur utilisation est interdite, sauf à s’acquitter d’un permis de 1500 USD.

On croise Sergey, notre compagnon russo-américain, bien embêté de devoir laisser son drône, en espérant le récupérer au retour.

Peu après, à 10h, nous nous arrêtons déjà pour déjeuner au Buddha Lodge. Nous dégustons un très bon combo riz / momo végétariens / légumes / pommes de terres fries. Avec ce qui va devenir un incontournable : une tasse gingembre / citron / miel.

Si nous déjeunons si tôt, c’est certainement car on va attaquer le dur : que du dénivelé positif jusqu’à Namche.

Nous empruntons de nouveaux plusieurs ponts suspendus. Sur l’un d’entre eux, il y a même des bouchons ! Provoqués par un troupeau de Dzo qui avance à son rythme.

Je vous garantis qu’il est beaucoup plus agréable de patienter dans le trafic derrière un troupeau sur un pont suspendu, plutôt que dans un taxi qui nous ramène de l’aéroport de Katmandu, où nous avons passé toute la journée à espérer un vol pour Lukla !

Ca grimpe sec et je dois puiser dans les batteries. Nous essayons de conserver un rythme lent et régulier pour ne pas faire exploser le rythme cardiaque.

A 12h30 : Namche Bazaar est en vue. C’est assez impressionnant d’avoir une « vraie ville » dans cet environnement. C’est le dernier endroit de notre parcours où peut l’on trouver des distributeurs de billets. On se demande d’ailleurs comment sont convoyés les fonds ? En hélicoptère probablement. On y trouve des écoles, des pharmacies, un hôpital, un héliport,…

Nous passons devant une pharmacie, Vincent achète de quoi soigner son mal de gorge. La pharmacienne lui indique que c’est très classique pour les gens « comme nous » qui chopons des bactéries auquelles nous ne sommes pas habitués.

Namche, c’est aussi une ville où on trouve des services qui sortent de l’ordinaire : location de chevaux, réservation d’hélicoptère, location d’oxygène !

Nous arrivons peu avant 13h à notre tea house : Sona Lodge & Restaurant.

Avec l’altitude, et peut-être une petite deshydratation, j’ai un léger mal de tête. Je contrôle mon camel bag : je n’ai bu qu’un litre sur la route. Vincent encore moins.

Du coup : petite sieste suivi du déjà traditionnel thermos.

Nous apprenons qu’aujourd’hui encore, aucun avion n’a atterrit à Lukla. Nous nous félicitons d’autant plus de nous être rapidement décidés pour l’hélicoptère. Avec les retards qui s’accumulent, ça risque de devenir la guerre pour en obtenir un.

Pour l’anecdote, un groupe d’une quinzaine de coréens est arrivé dans notre tea house dans l’après-midi. Accompagné de sept dzos qui transportaient quatre ou cinq sacs chacun. Nous sommes surpris que ce groupe soit si si chargé.

Nous comprenons pendant le dîner, le groupe coréen mange… coréen. Ils ont leurs traditionnels kimchis. Mais en plus de ça, ils ont leur propre vaisselle ! Assiettes, bols, verres, baguettes, … tout en métal comme en Corée. Incroyable !

Dans la soirée,nous les entendons même utiliser un sèche cheveux pendant une bonne demi-heure.

Tout le monde n’a pas la même approche du tourisme 😀

Demain, nous restons à Namche Bazaar, journée d’acclimatation à l’altitude qui est bienvenue !

J 3 – Lundi 9 octobre 2023 : Journée d’acclimatation et vue sur l’Everest !

Nous nous réveillons vers 6h30. La nuit a été plutôt bonne, entrecoupée de pauses techniques aux toilettes.

Mon petit mal de tête de la veille a disparu et Vincent a toujours mal à la gorge. Il m’indique que j’ai eu une respiration sacadée pendant la nuit, assez symptomatique de l’organisme qui essaie de s’adapter à l’altitude.

En regardant par la fenêtre, nous découvrons un temps dégagé et une très belle vue sur un magnifique sommet enneigé que nous n’avions pas vu la veille.

Même s’il ne fait pas encore très froid, avec l’humidité, nos vêtements ne sèchent pas. C’est assez embêtant, on savait qu’on aurait à composer avec des vêtements sales, mais enfiler des vêtements trempés tous les matins…

Aujourd’hui est une journée d’acclimatation. Mais acclimatation ne veut pas dire repos !

Rinzi nous indique de mettre notre doudoune dans nos sacs, il fera peut-être froid plus haut. Ca doit rajouter 2 kg aux sacs que nous portons, on le sent sur les épaules !

Nous partons vers 8h15 pour 400 mètres de dénivelé. Et cette fois-ci, ça monte sec et en continue. Pas de zones plates ou descendantes pour reprendre son souffle.

Vincent est facile, mais c’est difficile pour moi, je souffre. Ca m’inquiète un peu pour la suite d’être dans le dur pendant une journée d’acclimatation. J’espère qu’elle fera son effet. On verra ce que ça donne demain.

Nous dépassons notre groupe coréen qui a dû partir une demi-heure plus tôt. Ca me rassure un peu, notre rythme n’est pas ridicule.

Au fur et à mesure de la progression, nous avons une vue de plus en plus impressionnante sur Namche Bazaar.

Et vers 3 800 mètres, nous voyons ce qui se trouve de l’autre côté, le ciel est dégagé et nous pouvons parfaitement admirer plusieurs sommets dont le Lhotse (8 516 mètres) et l’Everest (8 849 mètres) !

Si nous n’avons pas eu de chance avec la météo au début de l’aventure, les planètes semblent désormais s’aligner. Certains font le trek du camp de base de l’Everest, sans jamais pouvoir admirer l’Everest…

Nous arrivons enfin sur une zone plate, un sentier à flan de colline qui me permet de récupérer mon souffle. Nous découvrons avec surprise des centaines d’Edelweiss. Si c’est une espèce protégée en France, elle pousse comme des champignons ici.

Puis nous arrivons au célèbre « Hotel Everest View » (3 880 mètres). Cet hôtel est célèbre car recensé par le livre guiness des records comme l’hôtel le « plus haut du monde ».

C’est du bullshit marketing car j’ai déjà dormi dans un hôtel à Potossi en Bolivie, ville qui se situe à 4 000 mètres. Il est possible cependant que ce soit l’hôtel 5 étoiles le plus haut du monde.

Cet hôtel dispose d’une baie vitrée et d’une terrasse avec une vue spectaculaire sur l’Everest. J’aurais bien aimé pouvoir visiter l’hôtel, mais l’accès est logiquement réservé aux hôtes. Les visiteurs peuvent cependant profiter de la terrasse et consommer une boisson. Nous avons donc loisir d’admirer les sommets pendant une petite heure, le temps que les nuages arrivent et bouchent totalement la vue.

En repartant, nous croisons nos amis coréens qui sont attablés, ils ont amené leurs propres biscuits !

Sur le chemin de la descente, nous nous arrêtons au « Tourist Visitor Center » qui nous diffuse une petite vidéo expliquant que le tourisme est une bénédiction pour la région, mais qu’elle a un gros effet pervers : les déchets.

Un gros travail a été fait sur le sujet depuis quelques années : environ 10% des déchets plastiques son utilisés pour créer des souvenirs que peuvent acheter les touristes. 90% des déchets redescendent à Lukla, puis à Katmandou pour être recyclés. Et comme tout cela se fait à dos d’hommes, le centre propose aux touristes de redescendre des petits sacs d’1 kg de plastique jusqu’à Lukla. Nous tâcherons de le faire quand nous repasserons à Namche sur le chemin de la descente vers Lukla.

Nous sommes de retour au tea house peu avant midi.

Après le déjeuner et une courte sieste, je passe me faire raser chez le coiffeur / barbier juste à côté. Ce qui m’évitera de revenir à Katmandou avec une barbe de deux semaines. Tarif touristique : 1 000 NPR (j’avais payé 800 à Katmandou, dans la zone déjà touristique) mais ce n’est pas tous les jours qu’on se fait raser dans l’Himalaya !

Tant qu’à se faire propre, autant s’offrir une douche chaude ! La première depuis trois jours, et nous avons beaucoup transpiré entre temps. La plupart (toutes ?) les tea house proposent des douches, chauffées grâce à des bouteilles de gaz. Elles sont payantes (500 NPR dans notre tea house). Mais passé une certaine altitude, il fait tellement froid, qu’il n’est pas recommandé d’en prendre, on risque de geler le temps de se sécher. Namche est peut-être la dernière opportunité de se laver avant un bon petit moment. Vincent et moi en profitons, et ça fait du bien !

Vincent retourne à la pharmacie s’acheter des médicaments, son mal de gorge commence à passer. Il pense que c’est un simple rhume.

Pas de gros bobos à signaler pour le moment. Nos pieds sont déjà bien habitués à nos chaussures (ou l’inverse). On se félicite de les avoir utilisés quotidiennement pendant trois semaines dans le massif central le mois dernier. J’ai juste une légère tension au genou droit, consécutive à une petite glissade dans la descente tout à l’heure. C’est trois fois rien, j’espère que ça disparaîtra cette nuit.

Pendant que j’écris ces lignes, je suis dans la salle à manger de la tea house. Le groupe coréen arrive pour profiter d’un petit goûter : des chips aux crevettes. J’ose espérer qu’elles viennent de Katmandou et pas de Séoul, mais ça nous fait complètement halluciner.

Malgré le beau temps ce matin, Lukla est resté dans les nuages. Les avions entre Katmandou et Lukla sont restés cloués au sol. On compatit avec ceux qui doivent désespérer en bas.

Demain, direction Tengboche (3 870 mètres) !

J 4 – Mardi 10 octobre 2023 : en route pour Tengboche (3 870 mètres)

Réveil à 6h30, j’ai passé la meilleure nuit depuis le début de l’aventure. Couché vers 21h, je me suis réveillé à 22h30 pour aller aux toilettes, en pestant en me disant que j’allais me réveiller toutes les deux heures. Finalement, après ça, j’ai dormi d’une seule traite !

Pour Vincent, la nuit a été compliquée, il avait le nez complètement pris (ça s’entendait !). Il n’est pas le seul, plus on prend de l’altitude, plus on entend les gens tousser ou renifler. Pas de soucis de mon côté, je touche du bois.

Son mal de gorge est cependant en train de disparaître.

J’ai mis du baume de tigre sur mon genou cette nuit et j’en remets ce matin. J’avais peur que ça devienne plus douloureux une fois que le genou serait froid, mais ça va.

La journée d’acclimatation semble avoir fait son effet, notre respiration est plus fluide que la veille.

La vue est complètement bouchée ce matin, on est dans les nuages.

Nous partons vers 8h.

Le début de la journée est un enchaînement de descentes et de montées plutôt légères. Vues mes difficultés de la veille, j’essaie de modifier mon rythme : un pas assez soutenu sur le plat et les descentes, et un pas très lent mais régulier lors des montées pour éviter de s’essouffler. Vincent et Rinzi me laissent prendre la tête pour se caler sur ma vitesse.

Après une heure de marche, nous arrivons à Sanasa qui s’élève à 3 600 mètres. Nous sommes surpris, cela signifie qu’on a déjà gagné presque 200 mètres depuis Namche, et on ne les a presque pas sentis. Ca me rassure pas mal, je n’avais pas osé le dire hier, mais j’avais eu quelques nausées dans la montée d’hier, je me sens beaucoup mieux aujourd’hui.

Le panneau qui annonce Sanasa annonce aussi que nous sommes à 34 kilomètres et 21 heures de marche de notre objectif : le camp de base de l’Everest !

Alors que je suis content d’avoir gagné 200 mètres, s’en suit une loooonnnnnnngue descente jusqu’à Phungi Thanga (3 250 mètres). Nous venons de descendre de 350 mètres, qu’il faudra bien regrimper tout à l’heure !

Nous nous arrêtons pour déjeuner, il n’est que 10h, mais nous avons déjà très faim.

La cuisine prend un peu de temps, ce qui nous laisse le temps de récupérer avant le gros morceau de la journée : une montée brute de 600 mètres de dénivelé positif.

Si le temps était nuageux ce matin, il fait désormais très beau. Il me semble que c’est la première fois que nous portons un simple T-shirt.

Vers 11h, c’est reparti. Nous passons par un check-point où il faut payer un droit d’entrée. Rinzi nous propose de commencer la montée pendant qu’il règle les formalités.

Cette montée est assez raide, avec de nombreux lacets (on croirait une étape de montagne du Tour de France) et impossible de savoir quand ça termine : on ne voit pas la fin.

Je « débranche mon cerveau » et progresse pas après pas, à un rythme très lent mais régulier. On dépasse de nombreux trekeurs qui ont besoin de récupérer. Nous ne ferons qu’un arrêt de quelques instants pour rajouter une couche de vêtement, il commence à faire froid.

Au bout d’environ 1h30 de montée, nous apercevons notre porteur Buddha qui nous attend, c’est probablement signe qu’on est tout proches de l’arrivée !

On doit attendre quelques instants Rinzi qui ne nous a pas rattrapés depuis qu’il a géré les formalités du checkpoint. On s’amuse en lui disant qu’on peut ralentir si on va trop vite pour lui. Ca le fait beaucoup rire. En réalité, il est resté bloqué 30 minutes au check point.

Effectivement, il ne reste plus que quelques minutes de marche avant d’arriver à Tengboche (3 860 mètres). Il est 12h30.

Je suis très content de cette journée de trek qui me rassure alors que la difficulté va se corser avec l’altitude et le froid dans les prochains jours.

Nous passons devant un monastère et notre tea house (Tengboche Guest House) se situe juste à côté.

Il n’y a pas beaucoup de tea house ici, il y en a d’ailleurs plusieurs en cours de construction. La nôtre est assez étrange puisqu’elle semble à moitié terminée. Notre chambre ressemble à un préfabriqué de chantier, aucun meuble à l’intérieur, du bois brut sans peinture. Mais à côté de ça, nous avons a disposition une prise électrique gratuite (c’est payant normalement) et une connexion WiFi gratuite elle aussi (elle est quasiment inutilisable, mais c’est inhabituel que ce soit gratuit).

Après quelques minutes le temps de se poser et se changer, nous allons visiter le monastère bouddhiste. Nous avons la chance de tomber sur une cérémonie. Une douzaine de moines sont en train de chanter. C’est assez répétitif, sur un ton monocorde, mais c’est apaisant et ça invite à l’introspection. Les photos sont interdites, donc ce beau souvenir restera dans nos mémoires. C’est une vraie chance d’avoir pu assister à ça.

Les 400 mètres d’altitude en plus par rapport à Namche se ressentent. La respiration est plus difficile et on s’essouffle en montant les deux étages vers notre chambre un peu trop vite.

Les chambres des tea house ne sont pas chauffées. Ce soir, c’est la première fois qu’il fait bien bien froid.

En descendant dîner, on apprécie l’efficacité du traditionnel poêle à bois que l’on trouve au centre de la salle à manger de chaque tea house, il fait super bon !

Alors que nos repas sont peu variés (presque toujours un délicieux Dal Bhat), ce soir nous nous offrons une pizza !

C’est le dernier repas où l’on va s’autoriser de manger de la viande puisqu’à partir de demain, nous serons à plus de 4 000 mètres d’altitude. A ces hauteurs, la viande met plusieurs jours à arriver. Avec le respect de la chaîne du froid et les contrôles sanitaires qui sont ce qu’ils sont, il est recommandé de s’en passer. Ce sera donc régime végétarien lors des prochains jours !

Demain, direction Dingboche à 4 460 mètres !

J 5 – Mercredi 11 octobre 2023 : nous franchissons la barre des 4 000 mètres !

Réveil autour de 6h30. La nuit a été plutôt bonne. Comme la température commence à baisser, je suis passé pour la première fois en mode « froid » en enfilant mon pyjama manches longues en mérinos et en utilisant le duvet prêté par l’agence.

C’est efficace, je me suis réveillé à 1h du matin (pour aller aux toilettes forcément…) en transpirant !

Le rhume de Vincent s’améliore même s’il se réveille avec un mal au genou.

Mal réveillé, je fais un faux mouvement et tape avec la main droite contre le mur en contreplaqué et ressort avec une écharde au pire endroit, sous un ongle.

J’arrive à l’enlever en me charcutant avec la pince à épiler de Vincent. Heureusement qu’il en avait une, mon couteau suisse avait été sacrifié lors de la chasse aux grammes en trop.

La pizza d’hier était bonne mais très (trop) consistante, elle nous est restée un peu sur le bide tous les deux.

Le temps est magnifique et nous avons une vue splendide à 360° vers plusieurs sommets, dont l’Everest !

Nous partons vers 8h et commençons une route relativement facile, faîte de faux plats montants et descendants. Toute la journée, nous progresserons avec l’Everest dégagé en face de nous.

Nous croisons nos premiers Yaks, nous n’en avions pas vu jusqu’à présent car cette espèce préfère les hautes altitudes. Si Anh était là, elle les aurait plumés de leurs laines pour faire son écharpe.

A 9h, nous traversons le village de Pangboche et franchissons par la même occasion l’altitude 4 000 mètres.

Le chemin est assez étroit et à plusieurs reprises, nous sommes ralentis par des troupeaux de Dzos que nous peinons à dépasser.

A 10h, nous nous arrêtons déjeuner à Somare, plus ou moins à la même altitude.

En attendant notre repas, nous observons une femme préparer des « galettes de bouse » qu’elle laisse sécher au soleil. Ces galettes, une fois séchées, serviront à alimenter les poêles.

Nous découvrons aussi un matériel en aluminium aux allures de parabole. Il s’agit d’un réchaud solaire, on y place une cafetière, et on attend patiemment que l’eau se mette à bouillir.

Avec le beau temps, c’est un véritable défilé d’hélicoptères auquel on assiste au dessus de nos têtes. Pour autant, toujours pas de vols entre Katmandu et Lukla ! Ça doit faire plus d’une semaine qu’il n’y en a pas eu !

Puis c’est parti pour plus de 400 mètres de dénivelé positif pour rejoindre Dingboche. Le programme de notre agence indiquait : « The last hill into Dingboche, and at this high altitude, is challenging ! ». Comme si les 4 premiers jours ne l’étaient pas déjà !

Effectivement, toute la première partie, pendant une heure environ, est assez ardue. J’ai débranché le cerveau, comme hier. Les 30 dernières minutes sont plus simples, sur une sorte de plaine en faux plat montant où nous sommes presque tous seuls et pouvons admirer la vue.

Nous arrivons à Dingboche (4 460 mètres) à 12h. Notre tea house (Hotel Tashi Delek) est vraiment top.

Nous sommes surpris de la température très douce, alors que la météo Google nous indiquait des températures négatives. Dans notre chambre, frappée par le soleil, il fait même presque trop chaud ! On verra ce que ça donne cette nuit.

Même si la marche s’est bien déroulée, nous nous sentons un peu dans le coltard sous l’effet de l’altitude. Nous restons ici deux nuits pour l’acclimatation, et c’est une très bonne chose.

En arrivant à Dingboche, nous sommes passés devant une French bakery. Forcément, nous sommes allés faire un tour. L’établissement n’a de « French » que le nom. On s’est tout de même offert un goûter chocolaté pour reprendre des forces.

Ces petits villages touristiques d’Himalaya offre des services étonnants.

Un café propose « une recharge gratuite de votre téléphone » si vous consommez au moins 400 NPR.

Ici, plus aucun réseau téléphonique, mais on peut acheter un accès au WiFi.

Notre logement propose la location de chevaux.

Demain, journée d’acclimatation, nous devrions monter de 300 mètres supplémentaires avant de redescendre à Dingboche.

J 6 – Jeudi 12 octobre 2023 : 5 100 mètres !

Réveillés avant 7h, le réveil de Vincent annonce qu’il fait 8°C dans la chambre.

Avec notre super duvet, nous n’avons pas froid, mais sortir du lit pour se préparer est difficile.

Vincent n’a pas dormi de la nuit. Malgré la fatigue, j’ai moi aussi mis beaucoup de temps avant de m’endormir. Sans doute l’effet de l’altitude, notre respiration n’est pas comme d’habitude.

Dans la salle de petit déjeuner, il fait bien froid également. On entend de plus en plus tousser et renifler autour de nous. Les soucis de Vincent sont réglés. J’ai la chance de ne toujours pas avoir de soucis de santé, je n’ai pas pris un médicament depuis le début.

C’est une journée d’acclimatation, mais encore une fois, nous allons bien grimper. Le programme de l’agence annonce une montée du « Nagarjun pek » jusqu’à 4 730 mètres que l’on peut prolonger jusqu’à 5 100 mètres si l’on se sent bien acclimaté. Le guide nous parle tout de suite de monter à 5 100m. On aime à penser que c’est parce qu’il sent qu’on a le niveau 😀

J’ai dans l’idée de faire comme dans les deux derniers jours : monter à rythme lent et régulier, et tout faire d’une traite.

Je vais vite déchanter, qu’est ce que c’est dur ! La pente est raide, mais c’est surtout l’altitude qui me met KO. Le palpitant monte très vite et les pauses pour récupérer ne le font pas descendre au niveau escompté. Il faut dire qu’à 5 000 mètres d’altitude, on n’assimile plus que 53% de l’oxygène par rapport au niveau de la mer.

Difficulté supplémentaire : on ne voit pas le sommet ! A plusieurs reprises, je demande à Rinzi si le pic que l’on aperçoit est le sommet, la réponse est toujours négative !

Vincent est plutôt facile, il arrive même à faire des blagues, ce dont je suis incapable.

Rinzi est un peu énervant, il a littéralement les mains dans les poches. Il est parti sans sac, sans eau.

Je me mets à compter des séries de dix pas dans ma tête. En me disant qu’à chaque fin de série, j’aurais gagné quelques mètres. Mais mes pas sont tellement petits, que ça ne doit pas représenter beaucoup. Je manque tellement de lucidité, qu’il m’arrive régulièrement de continuer à compter « 11, 12, 13, … » au lieu de repartir à zéro.

J’ai peine à apprécier les magnifiques lacs que l’on peut observer en contrebas.

A défaut de voir le sommet, je demande de temps à temps à Rinzi l’altitude qu’il connaît grâce à l’altimètre de sa montre. Au moins ça progresse. Pas assez vite. Mais ça progresse !

On se faisait hier la réflexion qu’on doublait beaucoup de personnes et que l’inverse était très rare. Malgré mon rythme et mon état déplorable, c’est encore vrai aujourd’hui. Je me rassure comme je peux.

A 10h20, après un peu plus de 2h d’effort, nous voilà au sommet ! Celui là je suis vraiment allé la chercher au mental !

5 100 mètres, c’est l’altitude que j’avais atteinte au Pérou dans des conditions beaucoup plus simples. Le record de Vincent atteint au refuge Margherita (4 559 mètres) est explosé.

Le ciel est nuageux, mais au grès du vent, on peut bénéficier d’une vue dégagée sur plusieurs sommets pendant quelques instants.

Il est temps d’entamer la descente. Elle est infinie ! Pendant toute la descente, nous bénéficions d’une vue aérienne sur Dingboche qui ressemble à un village de playmobils. Elle mettra beaucoup de temps à retrouver une taille humaine.

Manquant de lucidité, je fais très attention à descendre doucement car le moindre mauvais pas peut se transformer en gros bobo. Du coup c’est assez éprouvant pour les genoux et ma petite pointe côté droit se rappelle à mon bon souvenir.

Il est midi passé quand nous sommes de retour au tea house, pour un déjeuner bien mérité. Nous sommes épuisés tous les deux. Vincent qui avait bien géré la montée a perdu des forces dans la descente.

J’avais bien souffert lors de la journée d’acclimatation à Namche Bazaar avant de bien carburer les deux jours suivants. J’espère que ça va être la même chose cette fois-ci, car les trois prochains jours vont être éprouvants.

Dans l’après-midi, nous profitons de la météo clémente pour nous offrir une nouvelle douche chaude. La prochaine sera sûrement dans quatre jours, à Namche, sur le chemin du retour.

Demain, direction Lobuche (4 900 mètres).

Si tout se passe bien, après-demain, nous dormirons sous la tente, au camp de base de l’Everest !

J 7 – Vendredi 13 octobre 2023 : Lobuche !

Réveil peu avant 7h, j’ai plutôt bien dormi.

Les nuits sont toujours aussi difficiles pour Vincent qui s’est même bloqué le genou, il ne manquait plus que ça !

Nous partons vers 8h et je sens venir la journée galère. Je m’essouffle très vite alors que le début du parcours n’est pas franchement difficile.

C’est super frustrant de se dire qu’on agonise à cause de l’altitude alors qu’on accomlirait facilement un parcours similaire 3 000 mètres plus bas.

C’est difficile aussi pour Vincent qui accumule le manque de sommeil et qui a mal à la tête.

Après un démarrage difficile, ça s’améliore pour moi et à 9h40, nous arrivons à Thukla, à 4 620 mètres.

Rinzi nous propose de déjeuner ici. Nous n’avons pas du tout faim. On se contente donc d’une boisson chaude pour reprendre un peu des forces.

La principale difficulté de la journée commence en effet à partir de là. 300 mètres de montée brute, sur de la caillasse. Vu nos sensations de début de journée, on redoute ce gros morceau.

Mais ça se passe mieux que prévu, je trouve mon rythme lent et régulier. Vincent galope comme une gazelle et prend de l’avance.

Encore une fois, on ne fait que doubler des gens. On a interrogé Rinzi sur le sujet. Il nous confirme que notre rythme lent mais régulier, en buvant régulièrement grâce à notre camelbak et en faisant très peu de pauses est beaucoup plus efficace que la plupart des groupes qui multiplient les pauses pour boire un coup.

Pendant la montée, on croise un porteur qui finit une pause. Son chargement est tellement lourd, qu’il a toutes les peines du monde pour la hisser sur son dos. Ces mecs sont impressionnants !

A 10h45, la grosse difficulté de la journée est derrière nous. Nous arrivons à l’Everest Memorial. Un endroit marquant avec de nombreux drapeaux de prière, mais surtout de nombreuses stèles avec des plaques en mémoires de ceux qui ont disparu lors de leurs expéditions dans l’Himalaya.

En plus d’être sur un lieu chargé d’histoire, le temps est magnifique, le ciel bleu, nous avons une vue spectaculaire sur de nombreux sommets.

La fin du parcours est facile et nous avons loisir d’admirer le panorama à 360°.

A 11h30, nous arrivons à Lobuche. A 4 900 mètres d’altitude selon le programme de notre agence. A 5 030 mètres selon le panneau qui nous accueille. Ce même panneau indique que le camp de base de l’Everest se situe à 6km et 6 heures de marche. Nous n’avons jamais été aussi proche.

Alors que nous entrons dans notre tea house (New EBC Guest House) et que la journée a été plus facile que craint, je suis saisis d’un mal de tête et d’un léger mal de gorge. Il n’y avait pas de raisons que je sois épargné jusqu’au bout !

Je me force à manger, n’ayant pas d’appétit et file dans notre chambre où je vais passer une grande partie de l’après-midi à me reposer.

Le ciel se couvre et il fait bien froid dehors, Vincent pense même avoir aperçu quelques flocons.

Les deux journées qui arrivent vont à la fois être les plus longues, les plus exigeantes, les plus excitantes, les plus attendues et celles que nous redoutons le plus.

Demain soir, nous dormirons au mythique camp de base de l’Everest !

J 8 – Samedi 14 octobre 2023 : Nuit au camp de base de l’Everest !

Alors que je dormais bien jusqu’à présent, cette nuit a été catastrophique. De même pour Vincent, qui enchaîne sa quatrième nuit d’insomnie.

Si j’ai pu dormir par intermittence, à chaque fois que je me réveillais, je découvrais Vincent sur son lit dans une position nouvelle.

Vincent m’explique qu’à chaque fois qu’il est sur le point de s’endormir, son subconscient lui fait croire qu’il va s’étouffer. Il a fait quelques recherches, il semble que ce soit assez fréquent lors des nuits en altitude.

En plus de cette nuit difficile, je commence à perdre de l’appétit, autre symptôme du mal de l’altitude. Nous sommes à 4 900 mètres, ce n’est pas habituel !

Sur le chemin, notre guide nous apprend qu’un hélicoptère s’est crashé à proximité de Lobuche, 45 minutes après notre départ. Il ne transportait pas de passagers, mais le pilote est gravement blessé.

Il faisait froid ce matin, j’ai fait l’erreur de mettre un collant en dessous de mon pantalon. Rapidement, j’ai trop chaud et avant d’entamer une grosse montée, je décide de l’enlever.

A cette altitude, enlever ses chaussures, son pantalon, son collant. Remettre son pantalon, ses chaussures. C’est épuisant et je perds pas mal d’énergie dans la manœuvre.

Sur le chemin, nous assistons à une avalanche sur une montagne d’en face. Très loin de nous heureusement.

A 10h, alors que je suis dans le dur et que je m’apprête à demander un small break, nous apercevons Gorakshep (5 190 mètres).

Nous nous posons au « Buddha Lodge » LE tea house des trekkeurs qui vont ou qui reviennent du camp de base de l’Everest.

La salle a manger est le témoin de milliers de victoires personnelles. Les murs sont recouverts de drapeaux, de photos d’identité, de billets. Tous signés avec des dates, des pays de provenance, …

L’immense majorité des personnes réalisant le trek du camp de base passent par Gorakshep, déposent leurs affaires, vont jusqu’au camp de base à environ 2h de marche, puis reviennent dormir à Gorakshep.

Pour nous c’est différent puisque nous allons dormir sur place. Rien ne sert de se précipiter, nous partirons à 15h.

Le temps pour nous de déjeuner, de nous reposer, de discuter avec un groupe d’indiens qui nous fait tester son oxymètre. Nous sommes respectivement à 76 et 77 % d’oxygène.

Selon un article trouvé sur Doctissimo : « En-dessous de 90%, la situation est critique : on parle de désaturation ».

Pendant ce temps là, Rinzi gère la logistique. Il commande à boire et à manger. Il loue la tente pour la nuit (après s’être assuré que ça ne nous dérangeait pas d’être tous les trois dans la même tente).

On s’étonne que notre porteur Boudha ne dorme pas avec nous. Il y a une réponse logique : Boudha n’a pas le même niveau d’acclimatation que nous, n’ayant pas dormi aux mêmes altitudes et n’ayant pas fait nos journées d’acclimatation. Il pourrait tomber malade s’il dort au camp de base.

Boudha va donc monter nos bagages et la tente au camp de base. Redescendra dormir ailleurs. Puis remontra récupérer nos affaires demain matin. Solide pour un gaillard en manque d’acclimatation !

Nous partons vers 15h. Le chemin est plus difficile que ce que j’imaginais (il y a moins de 200 mètres d’altitude en plus qu’à Gorak Shep).

Mais au bout d’environ une heure, nous apercevons en contrebas des touristes faire la queue devant le célèbre rocher qui indique le camp de base à 5 364 mètres !

Quelques minutes d’effort plus tard et nous y sommes. Nous regardons amusés les touristes enthousiastes se prendre en photos successivement devant ce rocher symbolique. Encore une fois, nous avons de la chance avec la météo, le ciel est magnifique, sans nuage !

Pendant ce temps là, Rinzi a installé notre tente. Elle intrigue un groupe de chinois qui ne se prive pas de la mitrailler en photos, sans se soucier du fait qu’on soit en plein dans le cadre.

On laisse faire, jusqu’à ce qu’un des membres du groupe manque de renverser notre thermos et qu’un autre essaie de rentrer à l’intérieur, …

Un peu agaçant, mais qu’importe. Le début de soirée approche et tout le monde retourne à Gorak Shep. Nous nous retrouvons littéralement seuls sur le camp de base, c’est grandiose !

Nous profitons du couché de soleil qui modifie peu à peu la luminosité des immenses sommets qui nous entoure. Le plus haut, l’Everest, est le dernier à être éclairé.

Il commence à faire bien froid et nous apprécions la doudoune prêtée par l’agence.

Nous pouvons observer et surtout entendre la cascade de glace qui craque en permanence.

Nous nous réfugions sous la tente pour dîner.

Nous sortons apprécier le ciel. Non seulement le ciel est sans nuages, mais c’est une nuit sans lune. Vincent, qui a pourtant l’habitude de l’observer depuis son patelin, n’a jamais observé une voie lactée aussi nette. Le ciel étoilé, la voie lactée, les sommets, la tente éclairée, … Un photographe qualifié s’en donnerait à cœur joie et pourrait prendre des photos dignes de cartes postales ou d’un fond d’écran d’ordinateur !

Vers 20h, c’est déjà l’heure de se coucher. Il fait tellement froid que mes boules quiès sont dures comme de la pierre, je dois les réchauffer dans ma main pour qu’elles redeviennent molles.

J 9 – Dimanche 15 octobre 2023 : sur le chemin de la descente !

Avant d’attaquer la journée du dimanche, revenons un moment sur la veille au soir.

Il est 20h, nous venons d’éteindre la veilleuse dans la tente.

Et je m’aperçois inquiet que :

  • Il n’est QUE 20h
  • Je ne suis pas fatigué
  • J’ai froid aux pieds
  • Je peux à peine bouger à l’intérieur de mon duvet « sarcophage »
  • Je suis à l’étroit entre Vincent et Rinzi
  • Il fait déjà 0°C dans la tente et des températures négatives dehors.

Une question s’impose, elle restera sans réponse : « que vais-je bien faire des 10 prochaines heures ? ».

Je vais rapidement découvrir que Vincent se pose la même question.

Et alors que nous sommes dans un lieu mythique, c’est parti pour l’une des nuits les plus dures de notre vie.

Grosso modo, nous n’avons pas pu dormir une seule minute, pendant que Rinzi dormait comme un bébé et se rendormait en 30 secondes quand nos agitations le réveillaient.

Il serait inintéressant de tout détailler mais en gros :

  • 20h30 : je tente de mettre une deuxième paire de chaussettes (il faut préciser que dans la promiscuité de la tente, la haute altitude, la météo négative, … chaque déplacement nécessite une énergie folle).
  • 21h : je tente de mettre une troisième paire de chaussettes
  • 22h : « tu sors pisser Vincent ? Attends, je t’accompagne »
  • 23h : je me contorsionne pour récupérer mes écouteurs. Je venais de me rappeler que j’avais des podcasts téléchargés sur mon téléphone, c’est ce qui m’a sauvé la vie. Sans ça, je serais devenu fou.
  • 3h30 : « Vincent ? On va faire un tour dehors ? »

Je regrette de ne pas avoir pris la photo d’un Vincent, hébété, à 6h du matin, accroupi, en train de jeter des pierres dans un petit lac gelé.

Bref, nous ne regrettons pas un seul instant, avoir privatisé le base camp une nuit entière est une expérience unique.

Mais pas certains qu’on le fera une deuxième fois.

Boudha arrive et on plie le camp vers 7h pour rejoindre Gorak Shep.

Pour rajouter un peu de « lose », j’avais pris soin de ne pas trop m’hydrater la veille à partir du début de soirée pour éviter de me lever 15 fois durant la nuit pour aller uriner (ma spécialité quand il fait froid, mais qui a une réelle justification scientifique).

Je comptais me réhydrater sur le chemin, mais forcément, l’eau dans la paille de mon camelbak a gelé, #fail.

Avant même cette nuit mémorable, nous avions convenu avec Rinzi de ne pas gravir le sommet du Kalapatthar qui permet d’admirer le lever du soleil. Il aurait fallu partir vers 2 ou 3h du matin. On préférait profiter plus longtemps du camp de base. Je peux vous dire qu’on a eu tout le temps qu’on voulait !

De retour à Gorak Shep, c’est parti pour une journée de descente. Rinzi nous a laissé le choix entre redescendre jusqu’à Pangboche (3 900 mètres) ou Pheriche (4 270 mètres).

Même si ça fait une journée (encore) plus longue, nous choisissons la première option. Nous avons vraiment besoin de dormir, et le sommeil sera sûrement plus facile à une altitude plus basse.

Le problème de la montagne, c’est que même quand on descend, il faut parfois monter. Et c’est le cas du tout début de parcours, et je n’ai plus aucune énergie !

Heureusement, nous entamons ensuite une très longue phase de descente. Je suis au radar, en mode automatique. J’essaie de rester concentré car je ne suis pas loin de m’endormir tout en marchant.

A 10h30, nous sommes au niveau de Lobuche et passons devant le site du crash de l’hélicoptère de la veille. Vue son état, on est contents de ne pas avoir été à l’intérieur…

A 11h, nous repassons devant le mémorial. La vue vers les sommets est somptueuse !

Nous entamons ensuite une longue descente jusqu’à Pheriche sur un chemin en pleine très agréable. Nous déjeunons là bas.

Et à 15h, nous arrivons à notre tea house « View Point Lodge Pangboche ». C’est le grand luxe : on a les toilettes dans notre chambre, une première ! Mais pas de lavabo, il ne faut pas exagérer !

On s’offre une douche chaude. Une rapide sieste nous confirme qu’on va beaucoup mieux dormir à 3 900 mètres qu’à 5 300m.

Je pense qu’on va particulièrement bien dormir cette nuit !

Demain, nous continuons la descente (avec de jolies montées toutefois) jusqu’à Namche Bazaar.

J 10 – Lundi 16 octobre 2023 : avant-dernier jour de marche !

Réveil à 7h30 : après autant de manque de sommeil, ça fait du bien de dormir à peu près normalement. A peu près seulement, pour une raison inconnue, je me suis réveillé toutes les deux heures. Mais en cumulé, j’ai suffisamment dormi.

J’ai un peu de mal à me motiver ce matin, il ne nous reste plus que deux journées de marche pour rejoindre Lukla. Une fois que l’objectif du camp de base a été atteint, le chemin du retour a moins de charme.

Nous partons vers 9h et entamons une longue descente. C’est maintenant que je réalise tout le chemin parcouru depuis plus de 10 jours, qu’est ce qu’on a grimpé !

Petite montée et nous passons vers 10h à Tengboche où nous avions dormi il y a quelques jours.

C’est assez amusant de faire le chemin en sens inverse. Ce qui nous avait semblé des montées interminables sont désormais des descentes, et inversement.

Nous croisons beaucoup de monde. Ils doivent être à leur troisième jour de trek. Il y a clairement eu un décalage à cause des problèmes météo immobilisant les avions.

J’observe les gens que je croise. Certains sont frais comme des gardons et ne doivent pas avoir conscience des difficultés qui s’annoncent. D’autres sont déjà très entamés, et on se demande comment ils vont aller au bout.

Même après 10 jours, je m’étonne toujours des porteurs que nous croisons à longueur de journée, avec des chargements tous plus improbables les uns que les autres. Véritables fourmis ouvrières sans qui rien ne serait possible. On pourrait penser être au moyen âge si on ne voyait pas la plupart des porteurs téléphoner, jouer avec leur smartphone, ou écouter de la musique grâce à une enceinte Bluetooth attachée à leur cargaison.

Nous entamons la descente qui m’avait semblée infiniment longue il y a quelques jours. C’est aujourd’hui devenu une montée, et je confirme qu’elle est très longue. Mais après des jours passés à des altitudes plus exigeantes, la respiration est plus facile et la montée est presque facile.

A 13h, nous arrivons à Namche.

Demain, dernier (long) jour de marche jusqu’à Lukla !

J 11 – Mardi 17 octobre 2023 : retour à Lukla et fin du trek !

Encore une fois, je n’ai pas très bien dormi, il faisait froid et humide dans la chambre et je commence à ne plus supporter notre sac de couchage (un chouilla trop petit pour nous).

La route est longue aujourd’hui : on doit rejoindre Lukla depuis Namche en une journée, parcours qu’on avait fait en deux jours à l’aller.

A 8h15, nous passons devant le « checkpoint » de Namche et récupérons chacun un petit sac d’un kilogramme de plastique à recycler que l’on doit acheminer jusqu’à Lukla. 1kg correspond à 20 bouteilles en plastique, bien plus que ce qu’on a consommé pendant notre trek étant donné qu’on filtrait de l’eau.

C’est parti pour une longue descente sur des marches en pierres humides et irrégulières. Je n’aime vraiment pas ça, j’ai tendance à me freiner, c’est fatiguant et c’est éprouvant pour les genoux.

Nous sommes impressionnés par le nombre de personnes que nous croisons, des gens qui sont à leur premier ou deuxième jour de trek. Il y a même des groupes qui doivent compter 30 personnes ! Ces groupes sont composés de plusieurs guides qui restent en contact via talkie walkie… Tout ce monde donne un côté Disneyland au lieu qui nous effraie un peu.

Si nous avions prévu de démarrer notre trek en « décalage » avec les groupes (qui pour la plupart arrivent à Katmandou le samedi pour démarrer leur trek le lundi ou mardi), les contre temps météo sont rétrospectivement une vraie chance. En 2h aujourd’hui, nous avons vu beaucoup plus de monde que depuis le début de notre trek il y a 10 jours !

Sûrement une conséquence de tout ce monde, on croise aussi beaucoup de troupeaux d’ânes et de dzos transportant des sacs de touristes et autres marchandises. Par endroit, ça crée de gros bouchons !

Sur le chemin, une route n’est plus pratiquable (à cause d’éboulement ?), on doit prendre une « déviation » en longeant la rivière. Cette déviation n’est pas du tout aménagée et ça devient périlleux lorsque l’on croise des troupeaux d’ânes. Cela ajoute un peu de piment à la journée qui n’est pas particulièrement enthousiasmante.

Peu après 11h, nous arrivons à Phakding (2 610 mètres) où nous faisons une pause pour déjeuner. On se rend compte que plus le restaurant est en basse altitude, plus le choix dans le menu est vaste !

On reprend la route et on va surtout, pour finir en beauté, se farcir des montées. Lukla est en effet 200 mètres plus haut que Phakding.

J’avoue que je commence à en avoir plein les bottes.

A 14h15, nous arrivons à Lukla. Nous confions nos 2kg de déchets plastiques et nous dirigeons vers notre hôtel.

Vous me croirez ou pas, mais c’est à ce moment précis qu’il commence à pleuvoir ! Durant tout notre trek, nous n’aurons donc eu à marcher sous la pluie que les 5 dernières minutes.

Notre hôtel (Buddha Lodge) est littéralement collé à l’aéroport de Lukla, à tel point que du personnel de l’aéroport fait ses pauses au petit bar de l’hôtel. Depuis la fenêtre de notre chambre, on voit même un bout de la piste.

Cet aéroport est, avec une dose de storytelling, présenté comme le plus dangereux du monde. Sa très courte piste ne laisse en effet pas trop le droit à l’erreur.

Depuis le toit de l’hôtel, il est possible d’observer les départs et arrivées d’avion et d’hélicoptère.

L’arrivée dans cet hôtel marque le retour à une certaine normalité : nous avons une douche dans notre chambre (même si l’eau n’était pas franchement chaude à cause du manque de soleil aujourd’hui), nous avons une prise électrique, et même du wifi gratuit (même si très très lent).

Nous faisons nos adieux à notre porteur Buddha, non sans lui avoir donné son pourboire bien mérité. Moment toujours un peu gênant, le pourboire est attendu et partie intégrante du salaire du guide et du porteur. Mais il faut le présenter comme un cadeau spontanné.

Les adieux avec Rinji seront pour demain, il nous accompagnera à l’aéroport demain matin, vol prévu, si la météo le veut bien, à 7h.

Au programme pour demain après le retour à Katmandou : déposer toutes nos affaires au service de laverie, passer à l’agence rendre les affaires prêtées et récupérer notre certificat d’ascencion, et s’offrir un massage !

J 12 – Mercredi 18 octobre 2023 : retour à Katmandou

Alors que nous commençons à rêver de grasse matinée, le réveil est matinal de nouveau. Nous devons être prêts à 6h30 pour nous rendre à l’aéroport, situé à une vingtaine de marches (littéralement) de notre hôtel.

Rinji nous accompagne et nous récupérons rapidement nos boarding pass.

Lukla est un aéroport minuscule et c’est la première fois que mes bagages sont fouillés manuellement, sans passer par un détecteur rayon X !

Alors que nous venons de faire nos adieux à Rinji et que nous nous dirigeons vers la porte d’embarquement, nous sommes abordés par un guide inconnu qui nous indique que nous devrons attendre notre chauffeur près du café à la sortie de l’aéroport.

Sur le moment, on ne comprend pas trop. C’est quelques instants plus tard, en regardant notre boarding pass, que nous nous apercevons que notre destination n’est pas Katmandou, mais Ramechap. Encore une fois à cause de la météo.

A 7h (l’heure prévue !) un avion arrive, ses passagers débarquent, leurs bagages aussi et on s’installe aussitôt, on a presque l’impression de monter dans une rame de métro !

L’avion dispose d’une petite vingtaine de places, nous décollons, et 30 minutes plus tard, nous sommes à Ramechap.

Nous nous dirigeons vers le café et sommes abordés par un touriste brésilien de la même agence que nous. Il est arrivé avec le vol précédent, on lui a expliqué qu’il devait attendre deux touristes (nous !) et qu’un chauffeur nous prendrait en charge.

Le chauffeur arrive et c’est parti direction Katmandou.

Le touriste brésilien nous explique qu’il a eu les mêmes difficultés que nous à rejoindre Lukla à cause de la météo. Il avait rejoint Ramechap (chose qu’on avait refusé, sentant le plan foireux) et qu’il avait dû dormir dans un hôtel horrible avant de lui aussi, se résoudre à prendre un hélicoptère.

Le trajet n’est pas désagréable malgré la conduite très agressive des népalais. Notre chauffeur n’est pas en reste et il vaut mieux ne pas trop réfléchir lors de ses dépassements en plein virage de montagne sans aucune visibilité.

Ce trajet nous permetsde voir un peu du pays. A mi-chemin, on fait une petite pause où nous dégustons de délicieux samoussas.

C’est finalement le seul endroit « non touristique » du Népal que nous verrons. Thamel, le quartier de Katmandou où nous logeons et tout le chemin de trek sont très touristiques. On traverse plusieurs villes bien animées, nous avons par exemple aperçu ce qui semblait être un marché de chèvres.

Après plus de 4h de route (dont une bonne heure dans les bouchons de Katmandou), nous arrivons à notre hôtel.

Première mission : prendre une douche bien chaude avec une bonne pression.

Deuxième mission : déposer tout notre linge à une laverie en mesure de tout nous rendre le jour même, nous n’avons plus rien de propre !

Troisième mission : passer à l’agence pour rendre les affaires qu’ils nous avaient prêtées.

Quatrième mission : massage ! J’avais promis à Vincent de lui en offrir un si nous atteignions le camp de base. J’ai trouvé sur Google un centre de massage très bien noté à proximité de chez nous (Seeing Hands Nepal). C’est en arrivant sur place que nous avons compris qu’il s’agissait de massages réalisés par des aveugles (comme j’ai déjà pu expérimenter au Cambodge). C’est encore mieux ! Les massages étaient excellents et nous y retournerons peut-être demain.

Cinquième mission : pour moi, aller me faire raser chez le barbier.

Sixième mission : s’offrir quelques cocktails dans un bar (Blackbird). Ce n’est pas trop mon truc habituellement. Mais le lieu est très sympa (en plus nous étions seuls au bar), les cocktails de grande qualité et la barmaid gentille. Elle nous a offert plein de choses et a bien mérité son pourboire.

Septième mission : pas loin d’être bourrés, aller manger des sushis dans un restaurant japonais.

C’est sur cette dernière journée bien chargée que se termine définitivement notre trek du camp de base de l’Everest. Il est temps pour moi de rejoindre Anh à Barcelone pour notre traversée transatlantique.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

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    Jean-Benoit

    Passionné de SEO, Jean-Benoit a toujours rêvé d'aventures et de grands espaces. Ce tour du monde est pour lui la réalisation de son plus grand rêve.

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    2 commentaires
    • Répondre 10PiedsAutourDuMonde

      28 novembre 2023, 16 h 10 min

      Bravo pour ce périple, c’est incroyable ! Malgré les péripéties du début vous avez super bien géré grâce à votre mental d’acier ! Entre la météo idéale, l’absence de monde et un super guide, tout fut parfait, un plaisir de te lire !
      Maintenant vous êtes prêts pour un prochain défi… le kilimandjaro ? 😉
      A bientôt 🙂

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