Chamonix-Mont Blanc : 4 sommets au Mont Rose ! (3/3)

Partie 1 : A la conquête du Mont-Blanc depuis Chamonix 

Partie 2 : Nuit au refuge Albert 1er et ascension de l’aiguille du Tour (3540 mètres)

Partie 3 : 4 sommets au Mont Rose !

Le Mont Rose est le deuxième massif le plus haut des Alpes après celui du Mont-Blanc. Il possède 10 sommets à plus de 4000 mètres d’altitude.

Jour 8 (dimanche 12 août 2018) : montée jusqu’au refuge Citta di Mantova (3 498 m)

Le réveil est dur aujourd’hui ! Si habituellement, la maison s’active lorsque je reviens de la boulangerie, ce matin tout le monde dort encore, signe que les organismes commencent à être marqués.

Nous avons donc quelques minutes de retard au RDV que nous as fixé Franck à 8h.

Les 3 prochains jours nécessitant un guide pour deux personnes, Franck est accompagné d’un collègue : Mathieu.

Mathieu est un guide au format poche (c’est un ancien gymnaste). Vous pouvez le retrouver sur sa page Facebook : https://www.facebook.com/mathguidearavis/

Etienne, dont la cuisse est un sujet d’inquiétude est du voyage. Le programme d’aujourd’hui est très léger, on espère qu’il pourra se refaire.

Nous prenons la voiture et traversons le tunnel du Mont-Blanc pour passer en Italie et rejoindre la vallée d’Aoste. Nous enchaînons deux télécabines et un téléphérique pour arriver à 3 275 mètres d’altitude.

Là-haut, il fait froid et nous sommes accueillis par des chamois. Nous pique-niquons rapidement et démarrons la marche pour rejoindre le refuge.

 

Le chemin est un peu casse-gueule, beaucoup de caillasses et quelques passages neigeux que nous faisons sans crampons.

Pendant que l’on galère, Mathieu repère du génépi et va escalader pour en récolter le plus possible. Il revient ravi, il a de quoi préparer plusieurs litres d’alcool.

Nous arrivons au refuge Citta di Mantova après 1h15 de marche. Le refuge est vraiment super et ressemble à un chalet. Nous avons la chance de nous retrouver tous les 6 dans la même chambre, personne pour nous embêter.

 

Nous avons toute l’après-midi pour nous reposer. Après une semaine physique, cela fait du bien avant la grosse journée de demain. Nous en profitons pour soigner nos bobos. Ce moment de répit contribue aussi à l’acclimatation, nous sommes à 3500 mètres d’altitude et ma respiration n’est pas aussi fluide que d’habitude.

Je joue deux parties d’échec contre Etienne sans arriver à nous départager : 1 – 1.

Nous sommes en Italie, aucun doute possible, au dîner, nous avons droit à des pâtes en entrée et à une viande en plat principal, c’est délicieux !

Inquiétude concernant le temps, les bulletins météo ne sont pas très encourageants, nous espérons avoir une fenêtre de tir favorable pour ce qui doit être la plus grosse journée du stage demain.

Au moment de nous coucher, nous voyons l’apocalypse par la fenêtre, en face de nous, des éclairs de chaleur (éclairs sans le tonnerre) sans discontinuer. On dirait un feu d’artifice. C’est magnifique, Franck nous confie qu’il n’a jamais vu ça, mais c’est pas très rassurant pour le lendemain… On se moque de Mathieu en lui indiquant qu’il ne risque pas de faire office de paratonnerre vu sa petite taille. « Lorsqu’il pleut je suis le dernier au courant » nous répond-il tout en auto-dérision.

Jour 9 (lundi 13 août 2018) : 3 sommets à plus de 4000 mètres !

Altitude ? Excitation ? Appréhension ? Sûrement la combinaison de ces facteurs, toujours est-il que je ne dors pas de la nuit. A 2h30, je me lève pour descendre aux toilettes.

En remontant, je jette un coup d’oeil par la fenêtre et c’est un spectacle féérique qui s’offre à moi.

Le feu d’artifice d’éclairs de chaleur est toujours présent mais c’est décalé sur la droite. En contrebas, un tapis de nuage me donne l’impression d’être au paradis. Et en face, un ciel étoilé où la planète Mars brille intensément. Et pour couronner le tout : une étoile filante toutes les 30 secondes. Incroyable !

Je resterai bouche-bée 10 minutes devant ce cadeau du ciel en me répétant « une dernière étoile filante et je me couche », j’en verrai une vingtaine en tout.

J’essaie sans succès de m’endormir, vu le ciel dégagé que j’ai vu, je sais qu’à 4h du matin on devra se lever pour partir !

Au petit déjeuner, j’apprends qu’à l’exception de Franck, personne n’a réussi à dormir. Mathieu a été dérangé toute la nuit par les gesticulations de Vincent : « C’est la pire nuit de ma vie en refuge, je ne dors plus à côté de ton frère » me glisse-t-il.

Le petit-déjeuner est top. Contrairement au refuge Albert 1er, nous avons droit à des jus de fruits, du salé (fromage, jambon, saucisson) et même du Nutella ! Rien de trop pour rattraper le manque de sommeil.

A 5h15, nous sommes sur le départ. Etienne a suffisamment confiance dans sa cuisse et part avec nous. Au bout de quelques minutes, nous arrivons sur la neige, il est temps de se cramponner et de s’encorder.

Nous faisons deux cordées, la « cordée des vieux » avec Franck, Etienne et moi. La « cordée des jeunes » avec Mathieu, Vincent et Diane.

J’espérais que le repos de la veille suffise à soigner mes bobos, je comprends vite qu’il n’en est rien.

A chaque pas, côté gauche, mon talon hurle, mon cou du pied pleure et mon genou siffle. Sans doute jaloux du manque d’attention que je lui porte, le côté droit se rebelle et mon talon couine, sans que cela me gêne outre mesure.

Heureusement le spectacle est somptueux, je sais pourquoi je suis là.

 

Franck, premier de la « cordée des vieux » attaque fort, nous doublons plusieurs cordées et nous prenons quelques minutes d’avance sur les jeunes. Le rythme est un peu rapide pour Etienne et moi et forcément, ça entame sérieusement notre batterie.

Nous voyons régulièrement de grosses crevasses. Pas d’inquiétude particulière car les crevasses dangereuses sont celles qu’on ne voit pas. Au moment de passer sur un pont de neige, Vincent demande à Mathieu si c’est bien solide. « Ca devrait tenir la semaine » lui répond-il. Rassurant !

Après une petite pause, nous repartons et atteignons notre premier sommet de la journée : le Ludwigshöhe à 4 341 mètres d’altitude.

Il commence à faire bien froid et l’eau qui est dans le tuyau de mon Camel Back gèle !

Nous redescendons un petit peu pour de nouveau remonter sur une crête impressionnante. Franck nous demande d’être particulièrement vigilants, la zone sur laquelle nous progressons est peut-être large d’un mètre. A gauche comme à droite, 2000 mètres de vide, ce n’est pas le moment de s’emmêler les pieds. Notre arrivée sur la crête coïncide avec l’arrivée de grosses rafales de vents jusqu’à 45 km/h, à tel point que j’ai parfois attendu la fin d’une rafale pour faire mon prochain pas, de peur d’être déséquilibré.

Malgré le vent, nous avons beaucoup de chance car le ciel se dégage à notre arrivée. Nous avons un panorama incroyable et atteignons le sommet de la pointe Parrot (4 432 mètres) à la frontière entre l’Italie et la Suisse.

Nous redescendons de nouveau et attaquons une nouvelle montée pour atteindre la Punta Gnifetti (4 559 mètres) au sommet duquel se trouve le refuge Margherita, le plus haut refuge gardé d’Europe.

Les derniers décamètres pour rejoindre le refuge sont épiques. La pente est particulièrement raide, le temps se gâte et les rafales de vents sont de plus en plus violentes. Nous voyons un hélicoptère atterrir rapidement pour évacuer une personne en difficulté.

Quelques instants plus tard, Etienne qui est derrière moi cale et à besoin de quelques minutes pour reprendre ses esprits. Pendant ce temps là, je me les caille sévère.

Un peu plus bas, c’est dans la cordée des jeunes que Diane a du mal. A bout de souffle, elle peine à respirer. Vincent et Mathieu la rejoignent et l’entourent pour la protéger du vent le temps qu’elle reprenne son souffle.

Ce n’est pas le bon endroit pour avoir une défaillance, impossible de rebrousser chemin et impossible de rester là sous peine de mourir de froid. C’est une bonne motivation pour s’arracher et finir les quelques mètres de montée.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons au refuge et avons l’impression d’arriver sur un champ de bataille. Les regards que nous croisons sont hagards, marqués par l’effort. Nous voyons un grand gaillard se tordre de douleur pendant que son guide lui enlève un gant tout doucement. Moi même, qui me suis bien refroidi pendant la pause, ne sens plus mes extrémités de la main gauche et découvre mes bout de doigts qui virent au violet.

Il est 9h30, nous sommes épuisés mais ravis et fiers d’atteindre ce lieu mythique. Nous ne pouvons malheureusement pas profiter de la vue spectaculaire car il n’y a plus aucune visibilité.

Nous sommes en Italie donc pour le déjeuner, nous avons le choix entre pizza et pasta. Ce sera pizza pour tout le monde.

Après avoir repris nos forces et nos esprits, nous repartons à 10h30 pour cette fois revenir au refuge Mantova. Il ne faut pas traîner car le temps se gâte.

Rapidement, un épais brouillard apparait et on ne voit plus à 10 mètres. C’est Etienne qui ouvre la marche et qui suit la trace, jusqu’au moment où le brouillard est tel que la trace n’est même plus visible. Je me crois alors dans Tintin au Tibet. C’est alors Franck qui prend la tête de la cordée, il doit même sortir le GPS pour trouver notre chemin.

Nous arrivons à 12h30 avec l’impression qu’il est 21h. Je m’effondre sur mon lit, épuisé par l’effort et sans doute par le manque d’hydratation.

Le reste de la journée est consacré au repos et nous profitons du confort du refuge. Celui-ci propose un assortiment de boissons et de nourriture à des prix très corrects pour un tel lieu. A l’exception de l’eau, 2,5 € le demi-litre.

 

Mathieu qui est également pisteur secouriste l’hiver (tout comme Franck) échange avec Vincent (ancien pompier) sur leurs expériences.

Le dîner est de nouveau délicieux, avec notamment des lasagnes en entrée.

Au programme de demain, un dernier sommet à 4000 mètres sur le chemin du retour. Ce sommet était présenté par nos guides comme un « bonus ». Je suis tellement épuisé que je ne sais pas si j’aurais accepté si on m’avait posé la question de le faire ou non. Heureusement Franck ne nous as pas posé la question, il me dira plus tard « comme vous n’en avez pas parlé j’ai considéré que c’était OK ».

Jour 10 (lundi 14 août 2018) : Punta Giordani (4 046 mètres) et fin du séjour

Cette fois-ci, la nuit a été bonne pour tout le monde et nous sommes debout avant 4h. Après le petit déjeuner et la préparation des sacs, nous sommes parmi les premiers à partir à 4h45. Difficulté supplémentaire : nos sacs sont pleins puisque nous ne repasserons pas au refuge. Ce n’est finalement pas si handicapant car nous avons sur nous la plupart de nos vêtements et avons limité la quantité d’eau à 1 litre / 1 litre 50.

La première partie de la journée consiste à redescendre, presque au niveau du téléphérique à 3 275 mètres. Comme d’habitude, je n’aime pas les descentes, surtout sur la caillasse et je suis à la traîne. Je me fais peur à 2 reprises en glissant sur des pierres verglacées, je me rattrape à chaque fois sans trop savoir comment.

Nous mettons 50 minutes pour descendre, psychologiquement c’est pas évident de commencer par descendre pour remonter.

L’avantage c’est que nous sommes tout seuls. Ce sommet est majoritairement prisé par des alpinistes qui ne dorment pas au refuge et qui arrivent en téléphérique pour une journée. Sauf qu’à cette heure là, le téléphérique n’est pas encore ouvert.

Nous progressons en même temps que le lever du soleil et avons de nouveau droit à de fantastiques paysages.

 

 

 

La première partie de la montée n’est pas marrante, à cause de la canicule, il n’y a pas de neige, nous progressons sur de la glace. La seconde partie est plus confortable, nous bénéficions de la neige vierge qui est tombée durant la nuit.

Sur la fin de la montée, la pente se durcit et nous payons les efforts et la fatigue cumulée. Diane semble au bout de sa vie et Etienne se plaint de ne pas faire d’avantage de pause. Je crois mourir quand Franck accélère pour doubler la cordée des jeunes. Seul Vincent semble facile.

C’est au mental que nous finissons la montée à un rythme dérisoire, le petit vieux en maison de retraite avec son déambulateur marche sûrement plus vite que nous à ce moment.

Nous abandonnons nos bâtons pour escalader les tous derniers mètres. A 8h nous arrivons au sommet, accueilli par la madone.

 

 

La descente est longue et éprouvante une nouvelle fois. Nous nous désencordons lorsque le téléphérique est en vue. Je prends du retard sur les autres sur la fin de la descente et me vautre lamentablement sur l’ultime partie verglacée, sans bobo heureusement. Je n’étais pas encore tombé du séjour, il fallait bien que ça arrive.

Nous attendons les remontées mécaniques et descendons jusqu’au parking où nous avons bonheur d’enlever une dernière fois nos chaussures d’alpinisme. Cette fois c’est terminé, nous sommes épuisés mais fiers d’avoir remplit l’objectif et heureux d’avoir pu composer avec la météo.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à la Pizzeria Du Tunnel à Courmayeur recommandée par Mathieu juste avant de traverser le tunnel du Mont-Blanc. Les pizzas au feu de bois débordent de la table et sont délicieuses, pour seulement 7 à 15 €/pièce.

Le soir, nous nous offrons un dernier dîner savoyard : raclette et fondue au restaurant La Calèche, celui là même où nous avions fêté nos exploits il y a 4 ans.

Voilà, c’est la fin de notre stage. J’espère que vous avez bien aimé l’ascension virtuelle, au chaud dans votre salon, avec nous.

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    Jean-Benoit

    Passionné de SEO, Jean-Benoit a toujours rêvé d'aventures et de grands espaces. Ce tour du monde est pour lui la réalisation de son plus grand rêve.

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