J’ai fait un mini dossier sur les techniques d’impression sur tissus sur Instagram et je voulais en garder une trace sur le blog car le sujet est très intéressant.
Je ne suis pas une collectionneuse de tissus mais ce sujet me suit depuis plusieurs années. Il faut dire que je visite énormément d’ateliers d’artisans lors de mes voyages et je suis une passionnée du DIY (do it yourself) donc j’ai beaucoup de connaissances dans ce domaine. J’ai beaucoup aimé la visite du Musée de l’impression sur étoffes à Mulhouse dont je vous ai parlé ici.
Teinture
La toute première technique, et on ne parle pas encore de motifs, c’est la teinture.
A l’origine, les pigments étaient naturels, mais on ne peut pas tremper le tissu dans un bain de couleur. Il faut aussi que les couleurs restent sur le tissu. On utilise donc un mordant, les sels métalliques, pour ça.
Cette histoire de « fixateur » s’applique également pour les parfums. Avant, pour parfumer le linge, on ne pouvait pas se contenter d’y mettre des fleurs. Le musc, grâce à son pouvoir fixateur, a été largement utilisé pour le linge. D’où cette association que nous avons encore : le musc = propreté. Encore aujourd’hui, il faut utiliser des notes de fond (ambre, musc, vanille…) comme fixateurs aux notes de tête et notes de cœur dans les parfums.
Block printing
Maintenant que la teinture est maîtrisée, il y a différentes techniques pour créer du motif.
La technique ancestrale, mais encore utilisée chez certaines marques en Inde, c’est le block printing. On a des tampons en bois pour créer du motif. Il faut tamponner des milliers de fois, le travail est manuel et pas très précis. Il y a autant de tampons que de motifs et de couleurs bien évidemment.
Tissage
Le motif peut être obtenu grâce à un tissage spécial. J’ai eu l’occasion d’observer plusieurs machines de tissage de soie damassée. La soie damassée est une soie où les motifs sont mattes et le reste brillant. Avant, quand c’était fait à la main, il demandait deux artisans pour tisser une telle soie. Maintenant, les machines ont été améliorées pour maîtriser cette technique. Il y a comme une partition de musique derrière la machine pour guider les fils, pour que celui-ci passe parfois au-dessus, parfois en-dessous.
Un tissage spécial, utilisé récemment par Dior, c’est l’ikat. Les fils sont colorés en amont, et le réglage de la machine permet d’avoir une trame de base pour créer le motif. Cela prend énormément de temps. Le process en lui-même est admirable.
Revenons maintenant à l’impression.
Plaque & rouleau en cuivre
Les planches de bois sont cool mais les motifs sont moins précis et plus gros.
Quelqu’un a eu la bonne idée d’utiliser les plaques de cuivre.
On tamponne toujours avec les plaques de cuivre mais cette fois, les dessins sont beaucoup plus précis, plus fins.
Cependant, tamponner le même motif des milliers de fois prend du temps et devient lassant.
Quelqu’un d’autre a eu l’idée de transformer la plaque en rouleau en cuivre. Le motif est gravé sur toute la surface du rouleau, puis on n’a qu’à le rouler sur le tissu.
Le cadre plat
Dans les années 1930 une nouvelle technique d’impression fait son apparition : le cadre plat . Une gaze est étendue sur un châssis et recouverte de vernis sur les zones où la couleur ne doit pas pénétrer : c’est en quelque sorte le principe du pochoir.
C’est la technique qui est encore utilisée aujourd’hui chez Hermès pour leurs carrés en soie. Le process a été bien automatisé depuis mais nous sommes toujours à un cadre par couleur. Certains carrés ont 70 couleurs donc cela fait autant de passages que de couleurs. Un travail titanesque. Je vous montre une vidéo d’un autre fabriquant qui continue à le faire à la main.
Les années 1960 sont comparables à ce que le 19ème avait apporté au 18ème : l’outil plat devient cylindrique. Un cadre rotatif en nickel micro-perforé diffuse les colorants. Cette technique deviendra vite dominante dans l’impression textile.
Impression moderne
L’ordinateur simplifie désormais le process et permet une plus grande liberté. Au lieu de fabriquer un rouleau métallique lourd et coûteux, nous pouvons maintenant profiter même des services de textile et vêtements personnalisés, au moindre coût. Cela permet des coûts de production moins élevés, des motifs de plus en plus osés, des couleurs plus variées. Le bonheur pour les fashionistas.
Eco-printing
Une autre technique d’impression revient en force chez les DIY : impression avec des feuilles et des fleurs. Il faut toujours du mordant dans cette histoire, pour que la couleur reste fixée sur le tissu.
Technique du marbrage de la soie, à partir de pâte d’amidon teinte
Il n’y a qu’une seule famille (japonaise) qui maîtrise la technique. Hermès les a trouvés, puis Dior est venu passer commande. Je vous laisse regarder les deux vidéos pour comprendre la technique derrière.
Impression à la cire
Voici la technique utilisée pour les tissus africains très colorés. On masque le motif qu’on ne veut pas teindre avec la cire.
Marbling
L’encre flotte sur l’eau, et il suffit de poser le tissu dessus pour qu’il prenne tout le motif.
@blueivymarbling Spreading joy #blueivymarbling #smallbusinesstiktok #satisfyingvideo #boutiqueshopping #arttok #happyvibes ♬ Count on Me (Instrumental Version) – Instrumental Pop Songs & Soft Background Music
14 mars 2022, 12 h 25 min
Merci pour cet article très intéressant Anh.
Je connaissais un peu toutes les techniques que tu décris mais pas celle du marbrage à partir de la pate d’amidon que j’ai découvert grâce à toi. L’histoire de cette technique oubliée en Europe et qui n’a survécu qu’au Japon grâce à cette famille est tout simplement incroyable. Fière qu’Hermès participe à la sauvegarde de ce savoir-faire.
15 mars 2022, 17 h 46 min
Bonjour,
C’est cool que tu aies appris une nouvelle technique.
Malheureusement ça a l’air cher. Je n’ai pas vu beaucoup de modèles chez Hermès utilisant cette technique pour le moment.
Anh