Après la Sicile, nous prenons l’avion pour nous rendre à Naples et Pompéi. Un ami italien spécialisé dans les volcans nous a dit que le danger actuel n’était pas Vésuve, mais Naples : la région de Naples est, elle-même, à l’intérieur d’un volcan. Et depuis l’avion, on dirait que ça y ressemble pas mal, en effet. Les spécialistes voient les dangers partout, j’espère qu’il est juste plus prudent qu’il ne le faut.

Nous atterrissons d’abord à Naples puis prenons tout de suite un shuttle, qui se trouve à 5mn de l’aéroport, direction Pompéi. Le chauffeur nous dépose pile devant une porte du parc archéologique. Malheureusement, notre hôtel n’est pas à côté de cette porte, mais à côté de l’autre porte du parc. Nous longeons le parc, n’arrivons pas à voir ce qu’il y a à l’intérieur, et après 15 minutes, nous arrivons au HABITA79 MGallery Pompeii (lien Booking), un joli hôtel que JB a réservé à ma demande, pour « compenser le côté sinistre de Pompéi ». Rien que le bar de l’hôtel est incroyable.

Nous déposons nos valises. Il est à peine 14h et nous fonçons directement au parc archéologique. L’idée est de visiter aujourd’hui (et demain matin aussi si jamais on veut y retourner). On nous donne un plan énorme en français et je suis équipée en plus de mon guide Routard. Mais franchement, c’est un des rares lieux où nous aurions dû opter pour une visite guidée, car le site est immense et on ne sait pas forcément quel lieu visiter en priorité.
Le plan nous donne la liste de toutes les maisons ouvertes aux touristes en ce moment (elles sont ouvertes puis fermées à tour de rôle pour la préservation), mais on ne sait pas quelle maison est plus intéressante à voir, donc on a erré sur le site en visitant les lieux avec 2 ou 3 logos sur le guide Routard, en essayant de faire un « trajet le plus court », mais on a raté pas mal de belles maisons aussi. Surtout celles qui sont près de l’entrée principale, car nous arrivons par l’entrée Sud et le temps d’arriver près de l’entrée principale, on est déjà épuisés.
Notre première visite est l’énorme amphithéâtre. Je suis souriante sur cette photo, car il fait beau et c’est la première fois que je sors mon tout premier sac en cuir fait main, que j’ai commencé à Malte et terminé péniblement à Palerme. Mais ensuite, je ne vais plus du tout sourire, car le lieu est trop sinistre.

Nous sommes plusieurs touristes à nous arrêter sur le chemin pour prendre en photo LE CRIMINEL, le volcan Vésuve qui nous paraît quand même très très loin par rapport à Pompéi.

Nous sommes en 79. Juste avant l’éruption, la cité est prospère, bien organisée, avec des routes aux dimensions propres à elle (pour empêcher les chars d’autres localités d’entrer dans la ville), des maisons surélevées par rapport à la route (pour la propreté), entre 20 000 et 25 000 habitants. Mais le 24 octobre 79, le mont Somma (désormais éteint) a enseveli toute la cité sous ses cendres. De cette éruption est né le Vésuve. Avant le drame, il y avait quelques signes avant-coureurs, notamment un tremblement de terre le 4 février 62. Sur les 25 000 habitants, 1150 corps ont été exhumés et les recherches ont montré qu’ils étaient morts par asphyxie et non à cause des cendres et des scories.
A un endroit appelé « le potager des fugitifs », il y a 13 corps qui ont été laissés sur place. D’autres sont juste derrière la boutique de souvenirs, à l’entrée Sud où nous sommes passés (c’est aussi par l’entrée Sud qu’arrivent les touristes qui viennent en train). De loin, je croyais que c’était des plâtres reproduisant les corps retrouvés, mais quand j’ai lu les explications, j’ai poussé un cri d’horreur et je suis partie en courant, laissant JB s’y approcher avec d’autres touristes. Il me dit que les expressions d’horreur se voient encore. Pour vous expliquer concrètement pourquoi ces corps sont tout blancs, il faut savoir que les restes humains sont prisonniers dans une grosse couche de cendres. Quand les chercheurs en découvrent un, ils utilisent une technique de moulage développée, en 1867, par l’archéologue Giuseppe Fiorelli. C’est une technique non invasive pour le chantier qui consiste à réaliser un moulage des victimes en versant du plâtre dans la cavité. Le plâtre (ou ciment) prend ainsi la forme, en relief, du corps désagrégé dans les cavités volcaniques. Donc les plâtres qu’on voit ne sont pas juste des plâtres, ce sont vraiment des restes de victimes, dans leur position originelle, preuves de terribles souffrances qu’ils ont endurées à la fin de leur vie.

Nous avons encore en tête l’image célèbre des deux corps dits « les amants de Pompéi », Deux corps enlacés, conservés je-ne-sais-où. Franchement, je n’ai pas trouvé la réponse, je sais qu’ils sont dans un musée, mais comment s’appelle ce musée ? je ne sais pas trop (à L’Antiquarium de Pompéi peut-être ?). En tout cas, l’analyse d’ADN réalisée en 2017 a suggéré que c’était plutôt deux hommes, mais probablement amants quand même, selon le directeur des fouilles.
Nous visitons ensuite les villas où sont encore parfaitement bien conservés les murs, les mosaïques et les graffitis. Certaines couleurs sont encore très vives. Il y a même une petite maison close avec des dessins très suggestifs, un lavoir commun chauffé, des théâtres antiques, des routes qui me semblent encore parfaitement fonctionnelles. On voit aussi des pains calcinés qui gardent encore leur forme initiale. Ils ont même pu récupérer des graines de raisins et produire un « vin antique ».




Des cerisiers en fleurs : un peu de douceur dans ce lieu tristounet.
























Pendant très longtemps, Pompéi était oublié et durant 15 siècles seuls les agriculteurs profitaient de sa terre fertile pour cultiver. On l’a redécouverte récemment en fait, au XVIIe siècle ! Et deux tiers, vous vous rendez compte ? Deux tiers de cette cité sont encore enfouis sous les cendres. Au milieu de la zone visitable, il y a un énorme chantier où ils sont en train de fouiller encore et de nouveaux restes humains sont retrouvés régulièrement dans ce tas de cendres qui va jusqu’à l’horizon. C’est seulement en montant sur un view point et en prenant un peu de hauteur que je me rends compte que ce que représente ce tier mis à jour, et ce que ça devait être la vraie taille de Pompéi et j’ai senti les larmes me monter aux yeux.



Si ça se trouve, il y a plein d’autres lieux qui ont vraiment existé, qui sont mentionnés dans des contes et légendes; mais qui n’ont pas encore été redécouverts. Troie, par exemple, était considéré comme un mythe, jusqu’à ce qu’on le retrouve en Turquie. Un jour peut-être, on retrouvera l’Atlantide ?
Le site est tellement grand qu’un après-midi ne suffit clairement pas. Nous n’avons visité qu’un tiers je pense. On crève de soif et de chaud. On aurait pu pousser au moins juqu’à la Casa dei Vettii. Cependant, nous ne sommes pas près d’y retourner le lendemain, car le lieu est tellement triste. Je pense que j’y retournerai un jour avec un guide privé, pour mieux en profiter et pour être mieux préparée. Je ne m’attendais pas à voir les corps sur place par exemple (certes, c’est rare, mais je ne m’y attendais pas).
Entre Pompéi et Naples se trouve le parc archéologique d’Herculanum. Nous ne le savions pas, qu’une copie d’une villa d’Herculanum a été construite à Los Angeles, donc nous n’avons pas pensé à visiter l’original (Villa del Papiri).
JB s’offre une pizza à l’hôtel pour se remettre de ses émotions. Nous passons une nuit paisible dans notre hôtel. Ma peur initiale était que la ville soit peuplée de fantômes, mais ils ont trouvé la paix au bout de 2000 ans. Rien à signaler !

Au lieu de revenir à Pompéi le lendemain, nous faisons l’aller-retour jusqu’à Naples pour visiter en express cette ville qu’on ne connaissait que via ses célèbres pizzas.