La Pression et la Culpabilisation ressenties pendant le Tour du Monde

Les gens pensent qu’un tour du monde n’est qu’une succession de bons moments, du début jusqu’à la fin. Ce n’est pas le cas.

Certes, c’est beaucoup plus sympa que d’enchaîner tous les jours métro – boulot – dodo, mais être en tour du monde, c’est aussi se confronter à de nouvelles émotions, de nouvelles situations, ça peut être stressant, fatiguant, énervant… Bref, c’est la vie !

La culpabilisation

Je pense que le sentiment de culpabilisation arrive beaucoup plus souvent qu’on ne le pense pendant le tour du monde.

La première culpabilisation est liée au nombre de vols qu’on prend pendant un tour du monde. C’est très polluant, c’est mauvais pour la planète. Très souvent, on est confrontés à ce dilemme : prendre un vol direct en payant le prix fort, ou prendre un vol avec 3 escales et payer 3 fois moins cher ? Car les tarifs ne sont tout sauf logiques, le prix n’est pas proportionnel à la distance parcourue.

La deuxième culpabilisation est liée à nos émotions négatives. Si on n’a pas aimé un pays, si on n’a pas aimé telle ou telle ville… on culpabilise trop en se disant « on n’a peut-être pas fait suffisamment de recherches pour aller au bon restaurant, visiter le bon musée, visiter pendant la bonne saison ». Ce sentiment peut s’accentuer davantage si, en plus, tout le monde a adoré le pays/la ville qu’on déteste. On a vraiment l’impression d’être passés à côté de quelque chose.

Ou alors, des fois, on se sent mal, mais sans raison valable... (ça arrive très souvent en voyage – le corps est fatigué, la moindre contrariété peut prendre des proportions énormes), et on culpabilise de se sentir mal alors qu’on a trop de la chance d’être en tour du monde. C’est comme les enfants de stars ou les enfants de riches qui sont malheureux – et qui culpabilisent d’être malheureux malgré leur compte bancaire bien rempli.

La troisième culpabilisation est liée au prix juste. Par exemple, quand quelqu’un partage un article sur ses dépenses en Australie sur un forum de voyageurs, il y aura toujours quelqu’un qui va commenter : « xxx$ pour l’achat d’un van ? C’est hors de prix ! J’ai payé 10 fois moins cher ». On trouve souvent ce genre de discussions dans les auberges : « Ah oui tu es allé au Machu Picchu ? Oh mon dieu tu as payé 120€ pour le train ? Alors que tu pouvais marcher 2h, gratos, c’est super facile ! » Forcément, celui qui a payé le prix fort se sentira comme un loser.

La quatrième culpabilisation est liée aux mauvaises expériences vécues. Surtout quand ces expériences auraient pu être évitées si on avait été plus prudent. Par exemple, j’ai été piquée par des puces de lit en Thaïlande. Si j’avais pensé à taper le nom de l’hôtel + bed bugs sur Google, j’aurais su, avant de réserver cet hôtel, qu’il en était infesté. La 2nde fois, n’ayant pas appris cette leçon, j’ai été de nouveau piquée en Uruguay. J’aurais pu éviter ces deux mauvaises expériences par une simple vérification en amont mais je ne l’avais pas fait.

La cinquième culpabilisation est liée à la corruption. Certains voyageurs visitent les pays corrompus malgré eux et sont obligés de céder aux demandes de pots-de-vin. Certains voyageurs culpabilisent de visiter les pays où règnent encore le régime dictateur…

La pression

La première pression, c’est de rentabiliser à fond son tour du monde. On a démissionné, on a économisé pendant xx années pour xx€. Il est possible qu’on ne revienne plus jamais en Amérique du Sud, alors il faut rentabiliser à fond son passage ici, dans ce pays etc. On va devoir visiter toutes les attractions de cette ville, sillonner le pays du Nord au Sud, cocher la check-list etc.

La deuxième pression, c’est d’entrer dans le budget. Faire les comptes tous les jours et s’apercevoir qu’on a dépensé plus que ce qui était prévu, parce que les prix sur Internet n’étaient pas corrects; ou parce qu’on avait mal estimé les dépenses, ou parce qu’on s’est permis de se payer un hôtel très cher… Faire les comptes, c’est déprimant.

La troisième pression, c’est le retour en France. Pour ceux qui n’ont pas démissionné mais simplement posé un congé sabbatique, c’est une pression qui monte surtout pendant les 2 derniers mois avant le retour. On n’a tout simplement aucune envie que ça se termine. Mais on n’a pas d’autres plans non plus.

Quelles solutions ?

En parler avec les autres voyageurs peut être une solution, car les voyageurs partagent à peu près les mêmes sentiments et inconforts. Ils sont passés par là. Si ça peut être rassurant pour vous de voir que vous n’êtes pas les seuls à les vivre, pourquoi pas ?

Et même si vous êtes les seuls à avoir ce type d’émotions, et alors ? Il n’y a pas mort d’homme.

Votre argent, c’est votre argent. Que vous ayez travaillé dur pour l’avoir, ou l’ayez hérité sans rien faire, ou gagné au loto… on s’en fiche ! Vous le dépensez comme vous le voulez ! Si vous voulez payer un avion pour faire 100km (au lieu de prendre un bus, 10 fois moins cher), ou faire un tour du monde en dormant tous les jours dans un hôtel 5 étoiles, so what? L’argent que vous aurez payé en plus (au lieu de marchander/faire des recherches), c’est le prix à payer pour vous faire gagner du temps.

Pendant le tour du monde, on doit aussi parfois se reposer (on appelle ça des « vacances après les vacances »), il y a des voyageurs qui sont complètement épuisés à la fin de leur séjour et passent plusieurs semaines à dormir dans un hôtel, sans rien faire, sans rien visiter. C’est complètement normal !

Notre égo se soucie du regard et du jugement des autres, se soucie des principes qu’on s’est fixés (payer le prix juste, rentabiliser notre séjour, ne pas payer de pot de vin…). Mais notre égo doit aussi accepter nos imperfections en tant qu’humains. Nous avons aussi le droit de détester, de faire des choix, de faire des erreurs, d’être égoïste… C’est normal !

Le tour du monde a été pour moi une découverte de moi-même. J’ai ressenti tous les sentiments et émotions de culpabilité et de pression dont j’ai parlé ci-dessus. Au début, je les chassais, me disant que ce n’est pas bien. Ensuite, en apprenant à les accepter, je me suis dit que mes sensations d’inconfort n’étaient que des signaux pour me dire que j’aime pas faire ceci, ou cela.

J’ai arrêté de négocier les prix (j’ai laissé JB faire, car il est plus à l’aise), j’ai arrêté de faire des comptes au quotidien (je vérifie le solde total uniquement), j’ai arrêté de visiter toutes les attractions qui existaient (j’en sélectionne selon mes goûts personnels) et je fais ce que je veux en me demandant « est-ce que ça me fait plaisir ? ».

J’ai arrêté de me forcer, je ne mens pas sur mon blog (si quelque chose ne me plaît pas, je le dis, si ça ne va pas, je râle..) 😀 Et je suis plus heureuse et beaucoup moins stressée de vivre comme je suis, en faisant uniquement ce qui me plaît.

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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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