El Chaltén (Argentine) : le paradis de la randonnée

Nous partons d’El Calafate à 7h30 pour 3h de route vers El Chaltén. Si on a appris une chose en Argentine, c’est que le prix des bus n’est pas toujours proportionnel à la distance parcourue. Le bus coûte 500$AR/personne, alors que pour faire 5 fois cette distance (El Calafate – Ushuaia), on ne paie que 2 fois le prix.

El Chaltén est le paradis de la randonnée en Argentine, comme Torres del Paine au Chili. Mais contrairement à Torres del Paine, El Chaltén offre des options de treks d’un jour, ce qui rend ses parcours beaucoup plus accessibles aux randonneurs du dimanche.

Quand nous achetons le billet (chez Taqsa, toujours, c’est notre compagnie de bus préférée), on nous donne un plan et une description détaillée des treks à El Chaltén, donc nous savons déjà ce que nous comptons faire. Comme on est les premiers à réserver (4 jours à l’avance), on est au premier rang du 2ème étage du bus, avec une très belle vue sur les montagnes. La même vue que ce qu’on voit sur les flyers touristiques.

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Le mate, la « drogue » argentine

Nos voisins argentins sont aussi enchantés par la vue. Comment savons-nous qu’ils sont argentins ? Parce qu’ils ont un mate dans la main. Eh oui, il n’y a que des argentins qui sont capables de faire de longs voyages avec ce récipient caractéristique pour le mate. Certains voyagent même avec un thermos d’eau chaude. C’est comme si vous voyagiez avec une tasse de café et un filtre à café dans la main. Ce n’est pas pratique du tout ! En plus, ce récipient ne se ferme pas.
Le mate est une sorte d’infusion, mais au lieu d’avoir un sachet, les herbes sont mises en vrac directement dans un récipient. On boit avec une paille en métal qui sert de filtre. Le mate se partage, il n’est pas rare de voir ce même récipient passer de main en main, entre collègues, entre amis, entre famille.

Partie 1 : Carnets de voyage
Paritie 2 : Conseils pratiques

Partie 1 : Carnets de voyage

Jour 1 :

Avant de nous déposer au terminal de bus, le chauffeur fait un arrêt au bureau du parc national des glaciers. Tout le monde doit descendre pour écouter les consignes de sécurité. Nous sommes divisés en deux groupes : les anglophones et les hispaniques.

Un guide nous explique en anglais qu’on a de la chance, hier il pleuvait des cordes, mais qu’on aura du beau temps pendant 2 jours, et puis il va pleuvoir jusqu’au week-end. Il nous montre les différents parcours ainsi que la difficulté de chaque partie des parcours. Comme nous avons déjà fait notre recherche avant, l’information qu’il nous donne ne fait que confirmer notre choix de randonnées.

Depuis le terminal de bus, on marche jusqu’à notre auberge. La ville est toute petite, on peut aller d’un bout à l’autre en 30 minutes à pied. Après avoir déposé nos affaires, j’emprunte les bâtons de marche au proprio de l’auberge et c’est parti !

Laguna Capri : 7km aller-retour

Le trek que nous choisissons est un des deux treks les plus populaires ici. Celui-ci donne une vue impressionnante depuis le lac Capri sur le mont Fitz Roy (la star du coin). On ne fera que la 1ère partie du trek : elle dure 3H30 aller-retour, ce qui représente 7km. Enfin, c’est pour les gens normaux.

Pour moi, qui marche comme une mémé en fin de vie, cela représente 4h30 aller-retour avec des bâtons de marche, et 30 minutes à traîner comme une âme sans vie jusqu’à l’auberge (c’était tellement embarrassant que JB me proposait de me porter jusqu’à l’auberge).

Voilà, ce mini trek pour les gens normaux me fait peur depuis plusieurs jours, j’en fais des cauchemars depuis plusieurs nuits. Finalement, quand on arrive à monter les marches du premier km, tout le reste semble plus facile et automatique. Les bâtons de marche m’aident énormément, au moins à supporter le poids de mes propres bras.

Passé le premier km, on est récompensé pendant 1km par une vue splendide sur la rivière.

On est en train de manger un empanada quand on entend un « toc toc » caractéristique. C’est un pivert qui frappe les arbres avec son bec pour faire sortir les insectes et les manger. On en verra 3 comme ça tout au long du parcours, ils n’ont pas trop peur de nous et se posent pour les photos sans souci.

Tout est très bien indiqué dans ce parc, tous les km il y a un panneau indiquant la distance restante. Quand on arrive à une fourche, il y a un panneau indiquant clairement les directions. On décidera d’aller au mirador puis au camping du Laguna Capri.

Le mirador (point de vue) est vraiment bien choisi ! On a une vue spectaculaire sur le Fitz Roy et accessoirement un énorme glacier bleu à droite (qui n’a rien à envier au Perito Moreno) – cliquez sur la photo pour zoomer. On tape la discute avec une famille nordique voyageant en campervan avec 4 enfants. Ils ont pris l’avion depuis Buenos Aires vers El Calafate, ont loué un campervan là-bas et remontent actuellement la fameuse routa 40. Ils passeront au Chili pour explorer la région des lacs. La maman a l’air très réconfortée par son choix quand on lui donne des prix des billets de bus pour venir jusqu’ici. Le plus petit (8 ans peut-être) marche beaucoup plus vite que moi. Dans 20 ans, je le vois bien monter jusqu’en haut du Fitz Roy.

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Nous revenons sur notre chemin pour prendre la route vers Laguna Capri. Là aussi, la vue est tellement satisfaisante. En réalité, le Fitz Roy est beaucoup plus près que ce qu’on voit sur les photos. Depuis le lac, on voit moins bien le glacier bleu.

 

Un vent glacial nous fait remettre toutes nos couches de vêtements. On finit vite fait le reste de nos empanadas. On ne voit pas la nécessité de faire la 2ème partie du trek qui consiste à se rapprocher du Fitz Roy dans un vent glacial. On descend d’un pas nonchalant vers le centre ville. Le fait de descendre rend le retour beaucoup plus agréable, et les bâtons de marche font du bien à mes genoux.

Ces longues heures de marche sont inédites pour moi, je marche à petits pas vers la ville. On s’arrête à La Cerveceria, où il y a un jardin trop mignon pour prendre un Mojito, peu alcoolisé comme j’aime. Je lirai plus tard sur Tripadvisor que c’est le seul restaurant où il y a tout le temps du monde à n’importe quelle heure. C’est vrai ! Toute la ville est déserte, notre auberge aussi, mais il y a déjà du monde à ce resto.

Steak house en Argentine

Le soir, on repère une parrilla (steak house) acceptant les cartes de crédit (très important quand chaque retrait de cash en Argentine nous coûte 6,5%). La serveuse nous sert chacun au moins 400g de viande (230$AR soit 13€ chacun). Heureusement qu’on a pris seulement une purée de pommes de terre pour deux. Il n’y a ni sel ni poivre ni moutarde sur la table. On a trop honte de demander du sel (d’ailleurs, on n’en a jamais vu dans les parrillas – steak house), la sauce aux herbes est suffisamment bonne heureusement pour s’en passer.

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A côté de nous, plusieurs couples ont les yeux plus gros que le ventre. En choisissant le « mix de viandes grillées pour deux » à 560$AR (34€ seulement), ils se trouvent avec une montagne de viandes et de saucisses, de quoi nourrir 4 gourmands. C’est comme ça en Argentine et au Chili, les portions sont toujours généreuses. Le fromage est plus épais que la pâte à pizza, même JB a du mal à finir une pizza taille moyenne ici. Dans les villes touristiques comme El Calafate ou El Chaltén, les prix restent très corrects, aux alentours de 230$AR (13€) le plat principal (+10% de pourboires – pagina – standard). Rien qu’avec ça, on est « full » jusqu’au soir. En général, nous allons au restaurant 1 fois/jour maximum et mangeons très léger le reste de la journée sinon notre estomac ne tiendra pas.
Autre point important : l’eau du robinet, même si elle est potable, n’est pas servie gratuitement au restaurant. Il faut toujours acheter sa bouteille d’eau, dans les 40$AR. Eau pétillante : agua con gas; ou eau plate : agua sin gas.

Jour 2 :

Je suis réveillée à 5h à cause d’une odeur très désagréable. Après de multiples tentatives pour me rendormir, je suis obligée de quitter la chambre de l’auberge à 6h et traîner toute seule sans le salon à cause de ça. Au début, je croyais que ça venait de la cuisine, mais après, je crois pouvoir l’attribuer à une américaine enrhumée qui, en plus, a ronflé toute la nuit (vous savez, quand on est enrhumé, le nez peut dégager une odeur de #@»’àç$^ù`).

Ahhh, les joies de la colocation forcée !

Heureusement, la femme de ménage arrive vers 7h30 et commence à aérer toute l’auberge. Merci à elle !

Nous petit-déjeunons dans une petite casa de té (maison de thé), où le chocolat chaud submarino est servi façon argentine : un verre de lait chaud et 3 carrés de chocolat à côté. Cependant, je préfère toujours le chocolat chaud façon Angelina à Paris.

Nous partons pour un autre trek vers Laguna Torre. Comme la veille, on n’atteindra pas le bout du trek, et nous contentons de nous arrêter au milieu au Mirador Cerro Torre. Le chemin est plus difficile qu’hier, avec une vue peu satisfaisante sur le Cerro Torre (les 3 pics).

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Tout cela nous prendra 3h30 aller-retour (vs. 2h30 pour les gens normaux). Je suis tellement fatiguée que j’avance très lentement, le trajet semble ne jamais finir. Le vent commence à se lever, le ciel gris de plus en plus nuageux. Ca y est, la pluie tombera cette nuit, c’est sûr !

Nous dînons dans un petit bar où la décoration est faite avec des bouchons de bouteilles de vin. La nourriture est passable mais je suis très contente d’avoir pu parler uniquement en espagnol avec le serveur. Mes heures passées avec les méthodes MosaLingua et Michel Thomas commencent à payer. Je me surprends même à traduire de temps en temps pour JB, car je suis plutôt forte maintenant en lecture de menus. Malgré la prononciation en « sh » de la lettre « ll » en Argentine (qui se prononce en Espagne : « y »), on comprend mieux ici qu’au Chili.

Retour à l’auberge où on sympathise avec des nouvelles arrivantes : toutes américaines et vivant quelque part en Amérique Latine. Elles nous apprennent que quand les argentins achètent leur billet d’avion, ils entrent leur numéro de passeport et le prix est divisé par deux. Les prix qu’on voit sur les sites sont des prix réservés aux touristes :’(

Jour 3 :

En attendant notre bus pour Bariloche à 20h40, on traîne comme des SDF toute la journée dehors, aux cafés et à l’auberge de jeunesse où j’ai suffisamment de temps pour regarder les DVDs qui traînent dans le salon.

C’est aussi l’occasion de tester le vrai mate argentin. Pour 60$AR on a droit à un servicio mate, avec des feuilles à mettre en plus s’il le faut, du sucre et autant d’eau chaude qu’on voudra. Au secours c’est trop amer malgré les tonnes de sucre que j’ai mises.

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Partie 2 : Conseils pratiques

Budget

  • Il y a 2 ATMs contrairement à ce qui est marqué dans les guides. On a pu retirer 2 fois 1700 pesos à la Banco de la Nacion. L’astuce consiste à demander 2000 pesos puis baisser de 100 pesos à la fois jusqu’à ce qu’on arrive à retirer de l’argent. La plupart des restaurants n’acceptent pas la carte bancaire.
  • Auberge Aylen-Aike Hostel : 250$AR/lit en dortoir de 8, paiement en cash uniquement. Si c’était à refaire, j’aurais choisi une auberge un peu plus au nord de la ville, pour être un peu plus proche des treks. Et avec petit-déjeuner de préférence.
  • Mojito chez La Cerveceria : 95$AR
  • Restaurant El Viajo Nando : une parilla (steak house) comme on aime. 770$AR pour deux, pourboires, boissons et services compris. Paiement par carte accepté, discount de 10% en payant en cash.
  • Dans les petits cafés : 250$AR pour deux/repas

Préparatifs

  • Si vous avez l’habitude de randonner, les treks à El Chaltén sont super faciles. Il faut être un minimum équipé (càd ne pas y aller en tongs) et avoir au moins 3 couches de vêtements pour lutter contre le vent et la pluie qui peut tomber soudainement.
  • Les plans ne sont pas disponibles au bureau du parc national, mais à l’office de tourisme. Perso, je trouve que le plan donné par Taqsa (ma compagnie de bus) était plus pratique.
  • La plupart des gens marchent sans bâtons et ils s’en sortent très bien. Pour les débutants comme moi, je conseille quand même les bâtons de marche, surtout que j’ai failli tomber à un moment et mes bâtons m’ont sauvée. Je précise que je n’ai pas de chaussures de randonnée mais des chaussures de trail, plus pratiques quand on est en tour du monde.
  • Niveau vêtements, je pense qu’un vêtement technique + un coupe-vent suffisent pour la montée. Cependant, quand on arrive au lac, le vent est glacial, un polaire de plus ne serait pas de trop. On a pris une bouteille de 1,5L avec nous pensant que c’était trop, mais on a quasiment fini la bouteille à 2. Pour le déjeuner, plusieurs restaurants proposent des lunch box, mais on s’est contentés de 6 empanadas pour deux (25$AR chaque, tarif réduit quand on achète à emporter).
  • Comme partout en Patagonie, la crème solaire et les lunettes de soleil sont indispensables.

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Bariloche (Argentine) : le centre ville : du chocolat et des glaces
Torres del Paine (Chili) : à ne pas rater
    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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