Les psychédéliques, c’est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Pas parce que je suis consommatrice (je ne bois pas, ne fume pas, je ne bois même pas de café), mais un ami que je respecte énormément m’en a parlé. J’avais énormément de préjugés, mais j’ai pris le temps de me renseigner pour comprendre pourquoi il en avait besoin, et ce qui n’allait pas chez lui. Ca m’a amenée à regarder des interviews et lire des articles de Stanislav Grof, un psychiatre qui a mené des études sur l’effet du LSD. J’ai ensuite participé il y a quelques années, au Canada, à une session de respiration holographique (sans drogue), qui donne des effets mineurs, mais comparables au LSD. J’ai beaucoup aimé cette session et j’ai enfin compris ce que racontait mon ami. La méthode a été mise en place par Dr. Stanislav Grof également.
Quand j’ai vu sur Netflix le documentaire Voyage aux confins de l’esprit (lien Netflix), j’ai été très surprise que Netflix consacre une mini série à ce sujet. Mais après quelques recherches, j’ai compris que les psychédéliques revenaient sur la scène depuis peu. La guerre contre les drogues étant de plus en plus mise en cause dans le monde, et la Silicon Valley envoie ses lobbys pour les légaliser peu à peu.
La mini-série est inspirée du livre « How to change your mind » de Michael Pollan (je n’ai pas lu son livre), qui est à la base un jardinier très connu. La série contient 4 épisodes. Chaque épisode consacre à un psychédélique.
- LSD : sûrement le psychédélique le plus étudié au monde, car le laboratoire qui l’a découvert l’a envoyé aux psychiatres dans le monde entier pour études. Au début, ça avait comme objectif de rendre les psychiatres « bipolaires » comme leurs patients pour mieux les soigner, et finalement les résultats étaient complètement différents : les patients guérissaient grâce au LSD. Il faut très peu pour partir en « trip » (on parle de 100 microgrammes !!) et il n’y a pas de dose létale connue. Certes, on peut avoir un bad trip, mais on n’en meurt pas d’overdose. Le microdosing du LSD-25 a été mentionné, et l’auteure du livre « A really good day » à propos dun microdosing apparaît également dans la série. On en parlera tout à l’heure. Malgré tous ces effets positifs, le LSD a subi une mauvaise campagne de communication du gouvernement américain car, distribué massivement par Timothy Leary pour changer la conscience mondiale, le LSD a été considéré par les Etats-Unis comme l’ennemi public n°1. Il était à l’origine des manifestations contre la guerre au Vietnam, entre autres. Les gens ouvraient enfin les yeux, avaient une prise de conscience et ça mettait l’ordre social en danger. Suite à cette interdiction, les Etats-Unis ont mis la pression sur les autres pays pour qu’ils l’interdisent aussi. Ainsi, pas de labos pour en produire, pas de distribution, pas de manifestations. Même entre psychiatres, à l’époque, les avis différaient : certains veulent en distribuer uniquement aux élites, pour qu’ils ouvrent leur conscience et influencent le public, d’autres veulent le rendre accessibles à tous, comme Leary.
- Psilocybine : ou « champignon magique ». Découvert chez les Mazatèques au Mexique, ces champignons ont un effet transformatif, et apparemment n’ont besoin d’être pris qu’une fois dans sa vie, pour guérir ou élargir sa conscience. La psilocybine est actuellement étudiée pour apporter un certain réconfort aux patients atteints de cancer en phase terminale. Et ceux qui l’ont pris n’ont plus peur de la mort.
- MDMA : ou l’ectasy, utilisé maintenant principalement pour les thérapies de couple.
- Mescaline : extraite du peyotl ou du cactus San Pedro. Je suis un peu surprise que l’ayahuasca n’a pas été mentionné lors de cette épisode. Sûrement à cause de certaines morts regrettables lors des trips en Amazonie avec l’ayahuasca. Alors que cette épisode est plutôt un focus sur les traditions des indigènes américains et leur lutte pour continuer l’utilisation du peyoti lors de leurs cérémonies religieuses.
Ce que j’ai aimé dans cette série, c’est qu’elle offre un point de vue plus médical / psy que « junkie ». Il y a des vidéos issues de vraies études scientifiques, et témoignages des personnes ayant participé à ces études. Comment ça a changé leur vie, comment ça a guéri leurs angoisses, anxiété, traumas…
J’ai beaucoup aimé les résultats des IRM des personnes en plein trip. Ce sont des données récentes, c’est pour ça que je ne les ai pas vues dans les travaux du Dr. Grof.
- ces psychédéliques font taire le mécanisme du cerveau associé à l’égo : Default Mode Network (DMN), ce qui explique la sensation de faire « un » avec l’univers et ressentir de l’amour inconditionnel pour tous
- ces psychédéliques favorisent la connexion entre différentes zones du cerveau, et même les zones qui ne se communiquent pas d’habitude (à gauche les connexions en temps normal, à droite les connexions pendant le « trip »), d’où les hallucinations décrites par ceux qui sont sous l’influence des psychédéliques. Et ces connexions restent (sans endommager le cerveau), d’où un impact profond sur les participants.
Le but de la série n’est pas d’encourager la prise de psychédéliques, mais de mettre en lumière l’utilité des psychédéliques. Elle critique aussi l’absurdité du classement de ces psychédéliques dans les drogues de catégorie 1 càd même pas autorisées à utiliser médicalement (alors que la cocaïne, beaucoup plus addictive et dont l’overdose est connu, peut être prescrite).
Ensuite, j’ai lu le livre A Really Good Day: How Microdosing Made a Mega Difference in My Mood, My Marriage, and My Life d’Ayelet Waldman (lien Amazon) et il m’a beaucoup plu. Le livre est autobiographique et raconte comment une maman ordinaire, écrivain, ancienne prof de loi, s’est mise à faire du microdosing de LSD-25 afin d’avoir juste « une très bonne journée ».
Cette « recherche » de 30 jours est inspirée d’un autre monsieur James Fadiman, qui a encouragé tout le monde à lui envoyer un petit rapport, après avoir fait 30 jours de microdosing : 1 jour de microdose (10 microgrammes) et 2 jours de repos. Il faut un temps de repos pour s’apercevoir objectivement de l’effet de la microdose.
Au départ, je m’attendais à un récit boring sur les effets de son microdosing jour par jour (pendant 30 jours), mais non. Le contenu ressemble à celui de la série Netflix sur l’histoire des psychédéliques (LSD, psilocybine, MDMA), avec quelques anecdotes personnels (qui n’ont rien à voir avec les psychédéliques), extrêmement émouvants. Il y avait un passage sur un ami à elle, dont le passé familial est lié à la Shoah. Il est allé au Pérou pour participer à une séance d’ayahuasca, a « revu » feu son père et a pu lui poser des questions qui lui changeaient la vie. Je ne pensais pas pleurer autant en lisant un livre sur le LSD 😀
L’auteure s’est mise à faire du microdosing car elle souffre de dépression depuis des années et les antidépresseurs ne marchent pas bien et ont beaucoup d’effets secondaires. On peut dire qu’elle était au bord du suicide et n’avait plus rien à perdre. Je ne le savais pas, car je ne suis pas concernée, mais après avoir lu ce livre et regardé une autre vidéo sur ce sujet, je me suis rendu compte qu’on n’avait toujours pas trouvé de traitement relativement efficace contre les troubles psychologiques et la dépression !!
Comme Ayelet Waldman était prof et travaillait en tant qu’avocate, elle a vu passer beaucoup de cas injustes. Selon elle, la guerre contre la drogue aux Etats-Unis pénalise essentiellement les personnes de couleur. Cette guerre a un but plus politique que social. Elle n’a jamais été créée pour le bien-être et la sécurité des gens, car il a été prouvé par plusieurs études que ne pas pénaliser l’utilisation de la drogue et avoir des campagnes d’éducation et de communication efficaces, réduisait le nombre de cas d’overdose, de violence, et les gens décidaient eux-mêmes de faire du rehab.
Bref, tout ça m’a aidée à mieux comprendre ces molécules. Et mieux comprendre non un mais deux de mes amis, qui les utilisent régulièrement. Ce sont des personnes intelligentes, éveillées, et je me suis toujours demandé ce qui pouvait les attirer dans les psychédéliques. La série et le livre se ressemblent pas mal. Pour aller plus vite, je vous conseille de regarder la mini-série, mais le livre est également excellent si vous avez un peu plus de temps.
Pour ceux à qui ça donne envie de tester le LSD, sachez que le LSD est toujours illégal, mais vous pouvez passer par des méthodes soft sans aucune drogue, c’est la respiration holotropique dont j’ai parlé ici. J’ai eu aussi une petite discussion avec un chamane lors de mon voyage en Amazonie et il me dit qu’il ne sert à rien d’aller si loin pour chercher de l’ayahurasca, vous avez déjà accès à une drogue plus ou moins équivalente, qu’il utilise aussi lors de ses cérémonies : le tabac.
