Partie 1 : Carnet de voyage
Partie 2 : Conseils pratiques
Partie 1 : Carnet de voyage
Jour 8 (suite du road trip)
Nous mettons un peu plus de 3h pour conduire d’Al Ula à Médine. Nous décidons de nous habiller en tenues traditionnelles à Médine.
Avant de venir, on s’est renseignés sur le dress code et les youtubeurs disent tous qu’on peut venir avec des vêtements amples et bien couverts. Pas besoin de se voiler. Cependant, c’est en lisant les commentaires que j’ai trouvé que certaines personnes sont très réticentes à la présence des touristes à Médine (qui est accessoirement le deuxième lieu saint de l’islam, après la Mecque). Certains disent ironiquement « ahhh il faut remercier notre prince d’avoir invité ces touristes », et d’autres qui disent « svp nous sommes pèlerins venant d’Indonésie. Certains d’entre nous avons vendu nos maisons, nos biens pour faire le pèlerinage en Arabie Saoudite. Ce n’est pas un lieu pour faire du tourisme » etc. Les regards curieux que j’ai reçus à l’aéroport, quand je n’étais pas voilée (juste couverte et avec un chapeau) viennent surtout de ces pèlerins. Ainsi, par respect pour eux, et pour ne pas attirer d’attention sur nous, nous voulons nous habiller en tenue traditionnelle, et dans mon cas, de me voiler (hijab seulement).
Nous voulons nous arrêter dans un centre commercial pour m’acheter une abaya mais mystérieusement, toutes les boutiques de vêtements traditionnels sont fermées. J’ignore si on arrive à l’heure de prière, mais j’ai juste eu le temps de regarder le prix (100 euros pour ces belles pièces). C’est très joli et fait dans de belles matières, je pense que je peux même la porter en France comme manteau. Il y en a de toutes les couleurs mais le noir reste préféré par les saoudiennes. Et elles sont presque toutes en Niqāb (seuls les yeux sont découverts).
Quant à JB, il trouve sans problème une tenue traditionnelle (thobe) dans l’hypermarché pour seulement 55 SAR. Ca a l’air très confortable. On décide de partir sur du beige car on ne veut pas se « déguiser » en saoudien non plus et le blanc a l’air d’avoir une connotation religieuse de pureté. On veut se fondre au maximum dans la foule mais se distinguer un peu pour faire comprendre que nous ne sommes pas musulmans, mais respectons la tradition. Ne trouvant pas d’abaya, je me contente juste de me voiler avec deux foulards, bien évidemment, sans épingle, je me voile mal, mais au moins je fais des efforts.
Notre hôtel
Nous arrivons ensuite à notre hôtel Pullmann Zamzam (lien Booking), que nous avons payé avec nos miles American Express KLM. Nous sommes upgradés, grâce à notre statut Accor Gold, dans une immense suite !!! Ca permet à JB de bien travailler avec un bureau adapté.
(comme vous pouvez le voir, JB n’est pas en train de travailler sur cette photo)
Nous courons jusqu’au restaurant au rooftop pour trouver quelque chose à manger mais il vient à peine de terminer son service. Nous avons la chance de pouvoir quand même regarder depuis les fenêtres la mosquée du prophète d’en haut (notre hôtel est quasi en face de la mosquée). C’est incroyablement grand !!! Le dôme vert, c’est la chambre sacrée. Et tout à droite, pas loin des grues, c’est la première cimetière islamique.
Vous pouvez voir plein de parasols immenses, ils sont automatiques, rétractables et protègent les pèlerins contre le soleil (et la pluie) car beaucoup attendent ou prient directement dans l’esplanade.
Pas de restaurant ouvert mais le room service est dispo. On s’offre deux tajines absolument délicieux !!
Le service de chambre nous offre en plus des fruits et quelques douceurs pour le goûter. Quel luxe !!
Al Masjid an Nabawi
Après un bon repas, nous visitons la mosquée du prophète Al Masjid an Nabawi. Vous pouvez admirer la tenue traditionnelle portée par JB ici. Sur l’esplanade, tout le monde s’habille de manière modeste. Les quelques rares touristes blancs s’habillent avec la tenue saoudienne comme JB. Je n’ai pas vu de femmes blanches ou non-musulmanes facilement identifiables, en tout cas toutes les femmes sont voilées. Je suis voilée, mais mal, mais ça n’attire aucune attention, et personne ne nous chasse ou ne nous fait de remarque. Il y a des gens qui viennent de tous les pays mulsulmans du monde, ils sont habillés dans la tenue traditionnelle de leurs pays. C’est un véritable melting-pot et on peut s’amuser à essayer d’où viennent les gens qu’on croise. Les tenues ou les couvres chef donnent des indices : eux doivent venir d’Iraq, eux d’Ouzbekistan, eux plutôt du Maghreb, …
D’ici, on peut admirer les fameux parasols automatiques de la mosquée. Celle-ci est immense et peut accueillir un million de personnes. Je ne me rendais pas compte de l’importance de cette mosquée jusqu’à ce que je voie le nombre de pèlerins sur place.
Ils vont se refermer automatiquement dès qu’il n’y a plus de soleil.
Voici le dôme vert. En-dessous se trouve la chambre sacrée qui contient la tombe du prophète et des deux premiers califes. On ne peut pas y accéder car cette chambre est complètement fermée, il n’y a pas de porte, pas de fenêtre. Il y a une entrée sur la droite, il faut avoir un badge pour y être autorisé, ça permet d’accéder à la Noble Rawdah, qui désigne la zone située entre la tombe du prophète et son minbar à l’intérieur de Masjid Nabawi. Cette zone est toute petite après les vidéos et il y a des colonnes portant des noms, dont la colonne d’Aisha. Cette colonne se trouve à l’endroit, selon Aisha, si incroyable que si les gens savaient, ils allaient devoir tirer au sort pour pouvoir y prier.
Nous vérifions l’heure de la prière sur Google et attendons patiemment à l’extérieur de la mosquée l’appel de la prière puis la prière. Même s’il y a beaucoup de places à l’intérieur, il y a tellement de monde au coucher du soleil que beaucoup préfèrent restent sur l’esplanade et prier dans les zones prévues à cet effet. Les hommes et les femmes sont séparées, bien entendu. Les retardataires pressent le pas mais n’ont pas l’air si inquiets que ça de rater la prière de moitié.
Il est dit qu’une prière dans cette mosquée vaut 1000 prières ailleurs. Donc imaginez La Mecque !!! Ca me rappelle une montagne au Tibet où il y a une promesse similaire : faire le tour de la montagne = une réincarnation. Mais elle se trouve à plus de 5000m d’altitude donc certains ont l’impression de mourir en marchant. C’est un très bon argument marketing pour motiver les pèlerins du monde entier. Certains font même 3 fois le tour de la montagne (le graal des boudhistes, c’est de sortir de la réincarnation, donc s’ils peuvent réduire leur chemin vers l’éveil d’une vie ou deux, ça vaut totalement le coup).
C’est un moment très émouvant car on peut voir une grande foule prosterner, se lever, prier… avec un chant prière mélodieux diffusé en haut-parleurs. C’est tellement émouvant que ça me donne les larmes aux yeux. Les rites religieux et les lieux religieux m’ont toujours émue partout dans le monde, car l’important n’est pas le lieu lui-même, ce sont les gens qui y concentrent leur énergie, leur foi, leur espoir. Ce sont eux qui font de ces lieux des lieux magiques et spirituels. Et il y règne toujours une ambiance très bienveillante et unie, c’est ça qui est beau : des inconnus qui sont liés par quelque chose de commun, qui dépasse les frontières.
La Mecque doit être encore plus merveilleuse car c’est le seul endroit au monde ou les gens pourront prier en formant un cercle !!! D’ailleurs à La Mecque il y a un Sofitel avec un rooftop qui a une vue directe vers la Kaaba. J’ai voulu y aller aussi mais toute la ville nous est interdite donc qu’on s’approche ou pas de la Kaaba, la question ne se pose tout simplement pas.
A côté se trouve aussi une autre mosquée, très belle, en pierre.
Autour de l’hôtel, on trouve enfin des abayas pour moi, un peu cher (160 SAR quand même, abaya et voile inclus, on n’a pas osé négocier). Il y a plus de noir que de couleurs en magasin, mais j’opte pour une abaya beige aussi. Je remarque cependant, en la portant, que toute autre couleur que le noir laisse quand même entrevoir les formes. C’est donc pour ça que le noir est privilégié et cache le plus le corps.
Pour être honnête, je comprends tout à fait le besoin de se couvrir dans cette zone du monde. Même les hommes le font car nous sommes dans le désert et on n’a qu’une envie, c’est de se protéger contre le soleil et se couvrir un maximum. Cependant, après m’être voilée deux jours de suite avec des foulards en soie en plus, je remarque que j’ai des douleurs au cou car je ne ne peux pas bouger le cou suffisamment en arrière (l’épaisseur du voile m’en empêche), j’ai une limitation du champ de vision et mes cheveux souffrent énormément malgré l’utilisation de la soie. Mon visage est cependant bien mis en avant et chaque trait est comme amplifié. Chez les très belles femmes, elles sont encore plus belles car leurs traits ne sont pas cachés par les cheveux.
L’abaya me plaît énormément. Le fait d’ajouter une abaya est comme une couche de vêtement anti-UV par-dessus, que les vietnamiennes ont l’habitude de porter. En plus, ça donne une très jolie silhouette, comme si l’on flottait.
Depuis 2016, l’Arabie Saoudite connaît des transformations majeures sous l’impulsion du prince Mohammed Ben Salman à travers son plan « Vision 2030 ». Ces changements visent à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures et à moderniser la société, particulièrement concernant les droits des femmes. Les principales avancées comprennent :
- L’introduction de la mixité dans l’espace public
- L’octroi aux femmes du droit d’étudier, voyager et travailler sans tuteur masculin
- La nomination de femmes à des postes de haute responsabilité (vice-ministres, ambassadrices)
- Des lois plus équitables concernant le statut personnel et l’emploi
Ces réformes répondent aux aspirations d’une population majoritairement jeune (deux tiers ont moins de 35 ans) et ont des motivations économiques. L’objectif de 30% de femmes dans la main-d’œuvre pour 2030 a déjà été dépassé, atteignant 37% en 2022 contre 17,7% en 2016. Cette évolution est également encouragée par le coût élevé de la vie dans les grandes villes, qui pousse les couples à rechercher un double revenu. Le revenu moyen des saoudiens est deux fois moins élevé que celui des Emirats par exemple.
Pour les femmes, il n’est plus obligatoire légalement de porter l’abaya depuis 2019. L’obligation est désormais d’avoir une « tenue décente et respectueuse » qui couvre le corps (loi passée en 2019). Le voile intégral (niqab) n’est plus obligatoire. Le hijab (voile couvrant les cheveux) n’est plus imposé aux étrangères, mais la pression sociale est telle, que, dans les endroits comme Médine, je me sens plus à l’aise d’en avoir un. Pour les hommes, la tenue traditionnelle (thobe blanc et keffieh) n’est pas obligatoire. Les vêtements doivent être modestes et couvrir les genoux et les épaules. Les shorts courts et les débardeurs ne sont pas acceptés dans les lieux publics
Ces règles restent plus strictes dans certaines régions conservatrices du pays et plus souples dans les zones urbaines comme Riyad ou les zones économiques spéciales comme NEOM. À noter que malgré l’assouplissement des règles, de nombreuses Saoudiennes continuent de porter l’abaya et le hijab par choix personnel ou pression sociale.
Jour 9
Le lendemain, nous revenons encore à la mosquée. Et entre 8h et 12h en général il n’y a pas de prière donc depuis l’esplanade, nous pouvons voir l’intérieur de la mosquée sans y entrer. Il y a énormément de monde, certains sont sur leur téléphone, d’autres qui dorment. L’intérieur a l’air moins luxueux que la mosquée à Casablanca, et les colonnes ressemblent un peu à ce qu’on a vu à Grenade en Espagne. Mais cette mosquée a la particularité d’avoir 10 minarets, pas très haut, mais 10 !!! Le max qu’on ait vu jusqu’à maintenant, c’est 6 à Istanbul. Nous tentons de jeter un coup d’oeil au cimetière, mais il est fermé et même si il était ouvert, l’accès était réservé aux hommes seulement.
Nous sommes très fatigués après autant de déplacement ces derniers jours donc profitons de notre belle suite pour nous reposer, au lieu de visiter d’autres lieux à Médine, mais je suis sûre qu’il y a plein d’autres endroits à découvrir, c’est juste qu’on n’a pas la force d’y aller.
Dar Al Madinah Museum
Ce musée (25 SAR/personne) pas très loin de l’aéroport raconte l’évolution de Médine, de la Mecque à travers des maisons miniature. Les explications en anglais sont malheureusement trop courtes et comme j’ai très peu de connaissances générales concernant l’islam, même si je comprends les phrases, je ne comprends même pas à quoi elles font référence.
En tout cas, j’ai compris que la chambre sacrée avait cinq murs car on ne voulait pas qu’elle soit en forme rectangulaire ou carré et être confondue avec La Kaaba. Et le dôme vert a été imposé par un calife vers 12xx.
Nous rendons ensuite notre voiture à l’aéroport de Médine (après 978 kilomètres parcourus en quatre jours) pour prendre l’avion et aller à Amman en Jordanie. Nous tentons d’échanger nos derniers SAR contre des JOD, mais le bureau de change à l’aéroport de Médine n’a pas de JOD. On va les échanger en Jordanie plus tard. Une affiche à l’aéroport interdit de prendre de l’eau zamzam en bagage à main. Quelques mètres plus tard, on voit un bureau distributeur de l’eau zamzam.
Nous avons beaucoup aimé notre voyage en Arabie Saoudite. Je comprends l’attrait des expats pour cette région : une sécurité absolue, des services 5 étoiles, une main d’oeuvre nombreuse et pas chère, nourriture délicieuse…
Ce qui me gêne énormément, c’est le désert. Il y a de la poussière en permanence, mes vêtements me paraissent toujours sales, l’air est sec, je dois me tartiner de crème hydratante et crème solaire toute la journée, et le soleil me fatigue. Les zones arides ne me réussissent pas 🙁
Partie 2 : Conseils pratiques
- Hôtel Pullmann Zamzam (à partir de 150 euros, lien Booking) a un restaurant au rooftop, avec une très belle vue sur la mosquée du prophète. Il y a des chambres bien situées avec la même vue. L’hôtel a son propre parking privé.
- Les boutiques autour de la mosquée regorgent de souvenirs, de vêtements. Pensez à marchander (pas comme nous !)
