Quelques Frayeurs en Fin d’Année 2020 (Monténégro)

Après nous être reposés malgré nous à cause des restrictions de déplacements (et la pluie), nous avons 2 jours pour changer de régions sans enfreindre la loi.

Ulcinj

Je choisis Ulcinj une assez grande ville avec une vieille ville pittoresque en hauteur, avec vue sur la mer. Un vrai paradis sur terre.

En étant au chaud et dans des infrastructures hyper confortables depuis plusieurs jours, on ne se rend pas compte que la tempête Stella s’approche aussi du Monténégro.

Le matin, en quittant l’hôtel vers notre chambre d’hôtes à Ulcinj, il pleut un peu, avec quelques tronçons où la pluie est tellement forte qu’on dirait que quelqu’un nous verse un seau d’eau dessus. C’est en arrivant à Ulcinj qu’on se rend compte que ce n’était peut-être pas une bonne idée.

Cette vieille ville qui doit être paradisiaque en été est complètement vide en ce mois de décembre. On dirait une ville fantôme. De plus, la vieille ville est pietonne donc il faut se garer à l’extérieur de la ville. Il est hors de question de prendre tous nos bagages avec nous, et devons laisser une grande partie dans le coffre, mais avec la boule au ventre.

On tente de trouver notre chambre d’hôtes, mais comme leur panneau a été arraché par des personnes malveillantes, on tourne en rond en frappant aux portes des voisins (qui ne parlent pas anglais sinon ça n’aurait pas été drôle), jusqu’à ce qu’un voisin nous amène devant la chambre d’hôtes en question. La propriétaire arrive en mode « surprise vous êtes là », alors qu’on lui a dit au téléphone quelques minutes plus tôt qu’on était au coin de leur pâtée de maisons, mais juste perdus.

Suite à cet accueil très froid et je-men-foutiste, je ne suis pas contente et veux même retourner à l’hôtel où on a été bien au chaud pendant Noël mais je me raisonne en me disant que c’est juste un caprice. Avec du recul, c’était mon intuition qui me disait que quelque chose n’allait pas.

Le propriétaire arrive et nous explique enfin où nous pouvons nous garer. Il nous montre un parking au bord de l’eau, sans aucune barrière, et partiellement inondée par les vagues. D’habitude, les guests se garent là, mais à cause du vent et de la pluie aujourd’hui, il vaut mieux qu’on se gare un peu plus loin, en bas de la falaise.

Je repère un restaurant sur une île magnifique tout près de la frontière albanaise et nous profitons pour la 1ère fois d’un vrai dîner monténégrin, avec la soupe de poisson traditionnelle et des gambasses sautées vraiment délicieuses, ce qui nous remonte le moral. Le serveur nous dit de faire attention sur la route à cause du vent, très fort dit-il.

En rentrant, nous passons devant un lieu d’accident où 3 voitures sont complètement déformées, mais il ne semble pas avoir de dégâts humains car 3 personnes sont en train de discuter sérieusement. C’est là qu’on se rend compte que cette tempête peut être sérieuse.

Nous comptons nous garer là où le proprio nous a indiqué (cette partie a une barrière), mais je remarque la trace d’eau laissée par des vagues juste à côté. Pour vous donner une idée, d’habitude l’eau est basse comme ça (photo trouvée sur Internet). Et lors de la tempête, l’eau est montée jusqu’au niveau de l’escalier près des bateaux.

On se gare 20 mètres plus loin, en bas de la falaise, mais protégé par le virage sur la photo, donc normalement le vent ne doit pas trop affecter notre voiture. Il n’est pas question de se garer au centre-ville. Chaque centimètre est occupé. Et les monténégrins sont tellement désespérés que s’il y a une place trop petite, ils vont se garer en épi, donc avec l’arrière de la voiture sur la route et l’avant sur le trottoir, plutôt que de chercher une place suffisamment large pour faire un créneau normal.

Une fois au chaud dans notre chambre d’hôtes, le vent commence à souffler fort, très fort et ça fait un énorme boucan, m’empêchant de dormir. Vers 2h du matin, j’entends des bruits bizarres comme si les volets étaient ouverts. On vérifie et on découvre avec stupeur qu’en effet : sur les 3 fenêtres dans la chambre, une fenêtre a les volets complètement ouverts et la fenêtre ne peut pas être fermée non plus. Nous voilà avec vue directe sur la mer, on voit au loin les vagues se déchaîner depuis notre fenêtre HS.

On dirait que je suis dans les premières pages du roman « Les Hauts du Hurlevent », oui oui la scène de la fenêtre en pleine tempête, avec les mains de Catherine qui tentent d’entrer. Horror movie bonjour !

Il faut absolument qu’on ferme cette fenêtre car l’eau de pluie commence aussi à entrer. Le vent souffle à 53km/h, soit la vitesse maximum qu’on a eue en Islande, et cette vitesse est capable d’arracher une porte de voitures (en Islande, avant la location de voitures, on nous briefe et nous dit de toujours tenir la porte de la voiture en l’ouvrant. Les arrachages de portes sont si fréquents que ce n’est pas couvert par l’assurance ^^). Si les volets ne sont pas fermés, ils peuvent être arrachés aussi. La poignée du volet est absente, on doit sacrifier un câble USB pour tenter de fermer le volet. Bien sûr, on ne peut pas le nouer parfaitement bien, donc le vent le fait toujours bouger. C’est tellement bête, d’habitude on voyage avec une corde de parachute, mais après plusieurs années sans y toucher, on l’a jetée. Je n’étais pas à 100% de mes capacités à 2h du matin, sinon j’aurais pensé à bloquer le volet avec un cintre, puisqu’on a deux barres métalliques attachées au volet et j’ai toujours mes mousquetons avec moi.

Quant à la fenêtre, au début on croyait qu’elle était HS et la bloquait avec des objets lourds (mais toujours avec un risque que ces objets tombent sur notre lit et nous assomment). Au final, après étude attentive de la structure de la fenêtre, on trouve le système de blocage et la partie gauche de la fenêtre est définitivement fermée.

Je pense qu’à la base, les propriétaires avaient mal fermé la fenêtre (et le volet). J’aurais dû vérifier toutes les fenêtres avant, notamment avec ce vent. Mais les voyant fermées, je croyais bêtement qu’elles étaient déjà bien fermées. Il me semble que les japonais apprennent à faire le tour de la maison avant l’heure de coucher pour tout vérifier. Ainsi, on peut éviter les dégâts liés à une porte mal fermée ou un robinet qui fuit.


Bref, après avoir réglé le problème de la fenêtre, j’ai passé une nuit à m’inquiéter pour la voiture : les vagues peuvent-elles emporter les voitures malgré la barrière ? Peut-il avoir un écoulement ou une chute de pierres ? On l’a garée en bas de la falaise. JB et moi n’arrivons qu’à dormir pendant 1h ou 2h, avant de nous enfuir dès que le vent baisse en intensité, vers 10h du matin.

Je suis soulagée de découvrir que malgré quelques chutes de petites branches d’arbres, il y a bien un filet couvrant la falaise. Le virage a protégé notre voiture des intempéries et elle s’en sort sans aucun scratch.

Traumatisés par l’expérience, on décide de nous offrir un bon déjeuner avec une vue de fou au lac Kotor, à 2h de route (ici on est entourés de montagnes, créant une barrière protectrice, le vent n’est qu’à 8km/h ici).

Quelques centimères décisifs

A 11h, ma mère a un pressentiment et m’envoie un message me demandant si tout va bien. Je la rassure que oui, mais pendant toute la journée, elle n’arrêtera pas de penser à moi.

Après le repas, nous passons chez Hertz pour prolonger notre location de voiture. Pensant que les cauchemars s’arrêtent ici, on se dirige vers notre Airbnb vers 15h30, où l’on va passer un mois. Surprise : la colline où se trouve notre Airbnb est plus inclinée que d’habitude. JB accélère à fond, mais notre voiture arrive à peine à avancer, avant de glisser. Le frein à main ne suffit pas à nous stopper, on se laisse redessendre doucement, pensant refaire une tentative.

Une passante passe à ce moment-là en criant, en monténégrin et en montrant qu’il faut continuer à avancer. On lui explique qu’on ne peut pas. Et là, elle fait des gestes et des cris très alarmants. On se demande pourquoi puisqu’il reste encore plein de place sur les deux côtés. J’ouvre la porte pour regarder et c’est l’horreur ! On est à 10cm d’un égout haut de 50cm dont les bords sont très glissants. Même en sortant de la voiture à pied, j’ai failli glisser.

Il suffit qu’on recule pour que la voiture bascule et qu’on finisse la tête en bas. Ne pouvant pas avancer ni reculer (le frein à main n’est pas suffisant pour ne pas glisser), on ne sait pas du tout quoi faire.

Un monsieur passe à vélo. Ne parlant pas trop anglais, il arrive cependant à nous affirmer qu’il faut qu’on fasse avancer la voiture.
La propriétaire d’Airbnb, qu’on appelle au téléphone, descend la colline rapidement et tout le monde se parle en monténégrin et on ne comprend plus rien.

Il y a une seule route vers la colline, et la route est étroite, donc personne ne peut nous tracter d’en haut de la colline.
l’autre option est de couvrir l’égout avec quelque chose. Mais quoi ? L’égoût est énorme et à moins de couper un arbre quelque part, il n’y a pas de levier assez stable.
En attendant, je mets des pierres sous le pneu pour bloquer désespérément le risque de glisser davantage, mais c’est tout ce que je peux faire.

Le monsieur à vélo arrête une voiture, ils se parlent, puis quelques minutes plus tard, la voiture revient et deux monsieurs hyper costauds arrivent. En fait, les trois sont nos voisins.

Ils nous communiquent enfin leur plan : ils vont essayer de soulever/pousser la voiture de derrière, comme ça JB ne glissera plus et pourra avancer la voiture tranquille.

Cependant, le risque c’est que le monsieur près de l’égout, si jamais le plan foire, soit écrasé par notre voiture.

Mais on a la foi et heureusement avec l’expérience de démarrages en côte de JB (on ne fait que ça depuis notre arrivée au Monténégro), la voiture démarre dans une odeur de crissement de pneu, d’excès d’essence… et avance de 2m. Nous voilà sauvés.

Nuit précédente horrible + fatigue + stress + le risque de renverser la voiture, on décide d’arrêter les frais pour aujourd’hui et de laisser notre voiture au parking en bas de la colline. Cet incident explique pourquoi j’étais inquiète à propos de la voiture depuis hier et pourquoi ma mère avait un pressentiment ce matin.

Notre propriétaire d’Airbnb vient nous chercher avec son 4×4 et et nous monte avec nos bagages. Elle nous montre comment monter la colline, à partir de quel endroit il faut prendre de l’élan et accélérer.

Bref, si la passante n’était pas là au bon moment, on aurait eu un accident. Nous avons aussi beaucoup de chance de croiser le monsieur en vélo, qui a su trouver la solution idéale. En tout cas, après cet incident, on a encore plus d’admiration et de reconnaissance pour les monténégrins, qui ont toujours été ultra sympas avec nous jusqu’à présent. Clairement, aujourd’hui, ils nous ont évité une très grosse galère.

On se sent vraiment comme des losers depuis hier, mais hyper chanceux de pouvoir vous taper ces lignes au chaud, sains et saufs depuis notre nouveau logement tout confortable avec une vue magnifique.

Le lendemain, nous faisons les courses pour la semaine et retentons de remonter la colline, avec succès cette fois même si la voiture a patiné à un moment (warnings partout pendant 2 secondes). Par hasard, au moment où JB se gare avec succès, le voisin de la veille passe devant nous au même moment et nous félicite pour notre réussite 😀 La boucle est bouclée.

Note : mes parents qui s’y connaissent très bien en voiture, m’ont dit que la difficulté de monter les collines pouvait venir de notre propre voiture. On a vérifié la puissance du moteur et a conclu que les voitures telles que Kia Morning ou Huyndai i20 (la nôtre) n’étaient pas faites pour monter très haut. Nous avons contacté le loueur de voiture pour expliquer notre problème et ils nous ont proposé une autre voiture plus puissante. Apparemment même si la puissance du moteur n’est pas au top, s’il y a « turbo », ça doit être bon. Le loueur nous a proposé Skoda Rapid 2019 automatique, Turbo. L’avantage de ce modèle c’est que même en pente, la voiture ne va pas glisser vers l’arrière (ce qui a failli nous coûter un accident), je crois que le système s’appelle HAC (Hill-Start Assist Control), ou HAS ou HLA. Le démarrage en côte devient beaucoup plus facile. Effectivement, nous montons la colline sans AUCUNE difficulté désormais. Quel soulagement ! J’ai pu observer deux autres voitures monter la même colline et ça se voit tout de suite quelle voiture est puissante, quelle voiture ne l’est pas. La nôtre s’en sort haut la main. Donc au lieu de payer 10€/jour, nous payons 15€/jour pour la nouvelle voiture.

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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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