Visite de l’Amazonie Colombienne Carnet 2/4 : Puerto Nariño, la forêt secondaire, les insectes venimeux et les dauphins roses

Aujourd’hui, nous continuons notre série d’articles sur l’Amazonie Colombienne. Si vous avez raté l’épisode précédant, c’est par ici

Note : les carnets de voyage contiennent beaucoup de « spoilers » et de photos. Si vous y allez bientôt et vous vous intéressez seulement aux infos pratiques, sachez que nous avons publié ce guide pratique de l’Amazonie sur le blog (vous y trouverez les coordonnées de notre agence, des conseils et le budget détaillé).

Partie 1 : Carnet de voyage
Partie 2 : Conseils pratiques

Partie 1 : Carnet de voyage

JOUR 2 : Puerto Nariño

Bateau Leticia => Puerto Nariño

Exceptionnellement, notre hôtel nous prépare un bon petit déjeuner, simple mais fait maison, à 6h (au lieu de 7h) car un taxi vient nous chercher ce matin à 6h30 pour nous amener au port.

Nous sommes en « low water season », le niveau d’eau est au plus bas en Octobre (jusqu’à 10 mètres de moins qu’en haute saison !), il y a soudainement une petite île qui nous sépare du port du fleuve : l’Amazone. Temps de marche depuis le port : 10 minutes (quand l’eau est plus haute, il faut prendre une petite barque pour aller jusqu’au gros bateau).

Les bagages peuvent être rangés sur le toit du bateau, couverts par une bâche en cas de pluie. Nous avons laissé toutes nos affaires à la consigne de l’hôtel à Bogotá et venons juste avec deux petits sacs à dos : 10L et 15L, que nous gardons sur nos genoux.

Voici les horaires de ce bateau si vous souhaitez le prendre par vous-même (25 000COP). Normalement il part à l’heure mais à cause de quelques retardataires, il ne quitte le port qu’à 7h30.

Puerto Nariño

Nous arrivons vers 9h30 à Puerto Nariño. Ce sera notre base pour les 3 prochains jours. C’est un village écologique super sympa, à 70km de Leticia, au cœur de la forêt. Le confort est pourtant au top, c’est super pour les débutants comme nous qui ne veulent pas un séjour trop roots.

A part les petits bateaux à moteur, il n’y a pas d’autres moyens de transport polluants. La ville est petite de toute façon et tout le monde se déplace à pied ou plus rarement en vélo. La taxe de 10 000COP par personne est à payer dès l’arrivée, cette taxe servira aux dépenses communes du village, comme l’entretien du système de filtration d’eau.

Les déchets sont systématique triés (ce n’est pas une pratique courante, beaucoup jettent directement dans l’Amazone), les rues sont super propres et on peut voir des pots de fleurs faits de bouteilles en plastique recyclés. Tout le monde est invité à économiser de l’eau et de l’électricité. L’eau courante vient de la nappe phréatique mais aussi de la pluie. Au centre du village, il y a un spot wifi gratuit où tout le village semble se donner RDV (ça ne fonctionne que moyennement), des toilettes gratos, et un point d’eau où l’on peut récupérer de l’eau potable gratuitement.

Notre hôtel

L’agence nous a réservé une chambre double chez Paraiso Ayahuasca (25€, lien Booking), qui n’a d’ayahuasca que de nom. Cette plante purgative et hallucinogène n’est pas très présente ici et les ethnies du coin ne l’intègrent pas dans leurs cérémonies. L’hôtel est niché au milieu d’un jardin luxuriant et conçu par un architecte-artiste. Les chambres sont comme ouvertes sur le jardin, n’ont qu’un seul mur, le reste est constitué de grilles anti-insectes et de rideaux.

Ainsi, on entend tout : la pluie, le vent, les oiseaux… mais aussi le ronflement du voisin. Les œuvres artistiques sont dispersées un peu partout, c’est super joli.

Mais je ne recommande pas cet hôtel pour autant, pas seulement pour le bruit mais aussi parce que la proprio est vraiment super désagréable, elle a une obsession pour le rangement des chaussures et l’eau 🙂 Elle est venue se plaindre pendant que JB prenait une douche, soit disant parce qu’il a ouvert l’eau beaucoup trop fort ahahahaaa (déjà pour savoir qui est en train de prendre une douche, faut le vouloir). Si on y ajoute l’accueil assez désagréable…

Matin : visite d’une forêt secondaire

Après avoir déposé les affaires à l’hôtel, nous partons tout de suite avec notre guide Nader et notre traductrice Nadia dans la forêt secondaire juste derrière le village. Nader ne parle qu’espagnol et a grandi dans un petit village indigène de l’ethnie Ticuana à 10 jours de bateau d’ici, et ne vit à Puerto Narino que depuis 6 ans, il connaît donc la forêt par cœur. Nadia est allemande et travaille comme bénévole pour l’agence, et s’occupe de traduire tout ce que nous dit Nader, en anglais.

A chaque fois que nous visitons quelque chose avec le guide, il nous donne des consignes très clairs sur comment s’habiller. Comme nous allons dans la jungle, il faut venir avec les bottes + imperméable (au cas où il pleut) + tee-shirt manches longues, pantalon et de l’eau. j’ajoute une casquette car je n’ai aucune envie que quelque chose tombe sur ma tête, et mes cheveux protègent la nuque.

Premier stop : la maison communale où ont lieu les cérémonies. Dès qu’une fille a sa première menstruation, elle est amenée ici pour apprendre ce que doit connaître une femme, ça peut durer quelques semaines comme quelques mois. Après son apprentissage a lieu une fête. Avant, lors de cette fête, chacun lui arrachait une mèche de cheveux pour les rendre plus forts, mais maintenant avec « les droits de l’homme » dixit le guide, cette pratique a cessé. Ouf.

Le consigne que nous recevons c’est : ne touchez à rien, et regardez où vous mettez les pieds. Le guide passe toujours devant nous et on ne fait que le suivre. Il est très tentant par moment de s’accrocher à un arbre car le sol est super glissant, je demande toujours au guide si je peux m’accrocher à tel ou tel arbre car il sait mieux que moi si c’est safe ou pas.

Le guide nous montre les racines permettant de récupérer ce qu’ils appellent le « sel de la montagne ». En récupérant le cendre de cette racine et en le filtrant puis en chauffant l’eau filtrée, ils obtiennent facilement du sel blanc et encore plus salé que le sel que nous avons l’habitude de consommer.

Durant les cérémonies, ou les séances où ils communiquent avec la nature, ils consomment une préparation à base de tabac + ce sel; et une autre préparation à base de coca (contenant de la cocaïne). Ça permet d’être éveillé mais aussi ouvrir ses capacités et communiquer avec les esprits de la nature. Normalement, tout le monde en a les capacités, mais il faut suivre un régime assez strict, avoir une hygiène de vie impeccable et l’apprentissage prend du temps.

Il y a quelques années, le gouvernement a tenté d’encourager la culture du cacao, en remplacement de la culture de coca qu’ont les indigènes. En échange, ils reçoivent de l’aide financière et peuvent vendre sans aucun problème leurs fruits de cacao, mais cette tentative a complètement échoué car le coca est tellement ancré dans leur culture que personne n’a envie de troquer le coca pour du cacao 😀

Une question ? Oui je vous vois venir, qu’en est-il de l’ayahuasca ? Ça n’a pas l’air de pousser ici, enfin même si ça pousse, il n’est pas ancré dans leur culture donc n’espérez pas venir en Colombie pour participer aux cérémonies avec l’ayahuasca . Au mieux, vous pouvez essayer la préparation à base de coca, tabac etc. mais comme ils le disent, la communication avec la nature n’est pas possible comme ça en une séance.

Juste en face, il y a quelques arbres fruitiers et le tour se transforme en « food tour », nous avons ramassé cet avocat, par terre, qui est malheureusement plein de vers, le goût est extra mais faites très attention 😉 et à côté, c’est un fruit acide qui se mange avec du sel.

Cette partie est plein d’arbres fruitiers car avant, les habitants s’en servaient pour leur usage personnel, mais depuis qu’elle est devenue une réserve naturelle et protégée, il faut avoir de la permission pour abattre un arbre… les habitants y vont toujours pour manger des fruits, comme nous aujourd’hui.

Mon préféré c’est guama, c’est souvent en hauteur mais notre guide réussit toujours à en prendre pour nous. Il faut regarder s’il y a des vers ou fourmis à l’intérieur, avant d’en consommer. Le goût est un petit peu sucré mais super frais; on ne mange que la partie blanche, of course. On jette les graines et ça va pousser et devenir un autre arbre de guama.

Nous verrons plein de termites énormes comme celui-ci, les fourmis sont assez petites, peuvent être noires ou jaunes…

On est en train de marcher tranquillement quand le guide nous montre une grenouille venimeuse. Seules ses pattes sont venimeuses, donc il faut éviter de toucher aux arbres, toucher malencontreusement une grenouille venimeuse qui saute sur nous et… Note : nous sommes entourés d’arbres médicinaux et il y a un hôpital au village, mais nous ne sommes jamais assez prudents 😉

En pleine explication, le guide voit autre chose : un serpent venimeux, qui se fond dans le paysage car il a la même couleur que la terre. Il sait que le serpent est venimeux car d’habitude, les serpents fuient quand il y a du bruit, mais celui-ci reste planté là. Il le bloque avec une branche et chope son cou pour qu’il ne morde pas. Alors qu’on s’attende à ce que le guide lui tranche la tête à coup de machette, il le relâche dans la nature, très très loin de nous. J’aime vraiment cette démarche respectueuse de la nature : notre guide coupe les feuilles pour dégager le chemin, mais il ne maltraite aucunement les animaux.

désolée pour la qualité mais c’est un screenshot d’une vidéo

On nous montre ensuite des champignons hallucinogènes… qui poussent sur de la bouse de vache (beurk).

…et des petits singes, et des orchidées. Le guide nous dit qu’il y a plein d’orchidées différentes, les scientifiques ont des noms spécifiques pour chacune des orchidées mais eux les appellent « orchidées » tout simplement. Les orchidées sont des plantes parasites qui ne vivent que sur d’autres arbres, du coup quand les touristes achètent les orchidées et ramènent chez eux, ces orchidées meurent car elles ne peuvent pas vivre seules.

Nous entrons ensuite dans une propriété privée, qui a un lac magnifique. A notre arrivée, le proprio s’empresse de nous montrer un scorpion qu’il vient de capturer – dont il a enlevé la partie venimeuse (le bout de la queue). Il a une petite fille de 2-3 ans donc une piqûre du scorpion aurait pu tuer la petite. Malheureusement pour ce scorpion, sans sa partie venimeuse, il ne pourra plus chasser et va mourir d’ici quelques jours.

On nous montre ensuite un fruit qui sert à faire de la peinture rouge. Ça tombe bien, j’ai oublié mon rouge à lèvres à la maison donc je l’ai récupéré et il m’a servi de RAL ahahha la couleur est super tendance en plus, cependant elle est naturelle donc part assez vite.

Difficile de se rendre compte sur photo, mais ces feuilles font au moins 1m de largeur, je ne peux pas marcher dessus, mais un oiseau peut le faire sans problème. Dans ce lac, se cachent 2 dragon fishes qui font 1,5m de large alors qu’ils ont à peu près 2 ans seulement. Ce poisson est en voie de disparition car il leur faut 5 ans pour se reproduire.. et ils sont tellement gros que personne n’attende qu’ils atteignent les 5 ans pour les pêcher et les vendre.

Notre promenade matinale s’achève ici. Nous déjeunons avec notre traductrice (notre guide préfère déjeuner chez lui) et avons 1h de repos pour nous changer avant la prochaine visite. Au menu : du piranha frit, il n’y a pas beaucoup de viande, il vaut mieux croquer aussi les arêtes.

Après-midi : observation des dauphins roses

Après toute la matinée à suer sous une chaleur écrasante, c’est rafraîchissant de pouvoir prendre le bateau, porter des sandales et short… en mode tranquille, pour aller voir les dauphins roses hihihihi

Il suffit simplement de faire 25 mètres car tout près du port, il y a un courant très fort et les dauphins aiment bien ce genre d’endroits, qui sont pleins de poissons.

Alors pourquoi ils sont roses ? Personne ne le sait exactement, mais apparemment c’est un peu comme nous, on rougit en faisant du sport, eh ben eux c’est pareil. Quand ils sont super excités, ils deviennent super roses. Les adultes sont plus roses que les juniors. Il y a des dauphins gris aussi dans le coin, mais les roses sont plus « respectés » par les indigènes car il y a une légende selon laquelle ils se transforment en humains le soir pour draguer les filles.

Les dauphins roses ne sautent pas partout comme les gris, et leur aile est plus arrondi que les gris. Appréciez le screenshot que je vous fais ci-dessous car ce sont les plus roses qu’on ait pu capturer. Maintenant que je connais l’emplacement où ils traînent la plupart du temps, dès que nous avons un petit moment entre deux visites, je me pose sur la jetée et les observe de loin. Ils aiment beaucoup suivre les petits bateaux de pêche, qui ne font pas beaucoup de bruit, ils dévient les poissons et les dauphins s’en régalent. C’est le même principe avec les surfeurs, les surfeurs font dévier les poissons et les dauphins en profitent pour manger, ils ne nous suivent pas parce qu’ils nous aiment hein, c’est super égoïste comme démarche 😀

Les deux que vous voyez sur la vidéo ci-dessous sont plus juniors, d’où la couleur plus grise.

Je sais qu’au Brésil, les tours incluent en plus la nage avec les dauphins roses, ils les nourrissent et les touristes peuvent nager avec et les toucher. Je déconseille ce genre de tours, car la peau des dauphins est très très sensible. Ici, nous les observons de très loin avec un tout petit bateau (le bruit les insupporte). Le guide les appelle en sifflant car ils aiment beaucoup les bruits aigus.

Malheureusement, cet instant de grâce ne dure pas longtemps car il se met déjà à pleuvoir. C’est le déluge qui s’abat sur nous. Mais ça ne dure que 30 minutes. On attend encore 15 minutes que les vagues se calment pour aller à la plage.

Mais quelle plage ? Un banc de sable noir paradisiaque, dont la moitié appartient au Pérou et l’autre à la Colombie, au milieu de l’Amazone. Oui oui !! Qui l’aurait cru !

L’eau a la parfaite température pour se baigner, le sable est super fin et agréable. Le courant pas trop fort, on est super tranquilles !

Sur ce, nous revenons à l’hôtel nous changer et une heure plus tard, RDV pour une balade nocturne

Soir : Balade nocturne dans la jungle

Disons que c’est une grosse surprise pour moi. Comme c’est JB qui a planifié et contacté l’agence pour l’Amazonie, je ne suis absolument pas au courant du programme. Je suis un peu réticente à l’idée de marcher dans le noir total dans la jungle, mais vu comment le guide s’est débrouillé avec le serpent venimeux ce matin, je me trouve bizarrement zen.

De plus, on a compris qu’on ne se faisait pas attaquer gratuitement, si on ne marche pas sur les serpents, il n’y a pas de raison qu’ils nous attaquent. Et nous sommes tous équipés de bottes, ce qui limite un petit peu les risques en cas de morsure.

Nous prenons le même chemin que ce matin, mais la nuit, les insectes et animaux venimeux sortent et nous avons plus de chance de les voir. Nous sortons tous une lampe de poche (ou la lampe du téléphone). Le guide a une lampe beaucoup plus puissante, il ouvre la marche et on s’enfonce dans la jungle. Je ne sais pas trop comment il se repère mais nous avons confiance, hein? hein? 😀 Ayons confiance, in Nature we trust…

Le guide a une capacité extraordinaire pour repérer la moindre petite chose. Entre scorpion, grenouilles venimeuses, mille-pattes, araignées venimeuses ou pas, crickets, cafards… on est servis. Heureusement qu’aucun de nous n’a d’arachnophobie.

Le truc le plus dégoûtant qu’on ait vu c’est cette horrible sangsue. Ayant été attaquée par les sangsues qui sautent au Népal (et qui sont devenues super grosses en me suçant le sang), je demande tout de suite si cette sangsue peut me sauter dessus (l’horreur absolue). La réponse est négative (ouf) mais en cas d’attaque, il faut la brûler, et non l’arracher car ses dents risquent de rester sur la peau, bonjour l’infection !

Voici le top 3 de la soirée :

  • grenouille venimeuse – toute petite mais trop belle : c’est la même espèce que celle qu’on a vue le matin
  • tarentule énorme (même taille que ma main) : pour qu’elle ne s’enfuit pas, le guide a planté sa machette devant sa « maison », elle est plutôt du genre à fuir que d’attaquer. Mais elle peut envoyer les poils qui sont sur le dos pour se défendre
  • un scorpion – qui s’enfuit dès qu’on s’approche de lui, en allant encore plus haut dans les arbres

Je pense que les animaux et insectes sont plus stressés de nous voir que l’inverse. Ils restent complètement immobiles, ou s’enfuient. C’est nous le danger, pas eux.

Dîner copieux (again) : catfish à la plancha, mon préféré ! et puis dodo.

To be continued… : Lisez la suite de notre aventure en Amazonie

Partie 2 : Conseils pratiques

Nous sommes partis avec l’agence Amazonas Jungle Tours, tour all inclusive de 3 jours 3 nuits. Plus d’infos pratiques sur le budget & le programme ici

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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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