Il y a quelques mois, je suis tombée sur ces deux vidéos en cherchant un design pour une tante. Depuis, je rêve d’un sac rond.
Les dessins sont nombreux car je n’ai aucune idée comment je vais agencer le sac, comment je compte faire les sangles, si je mets des boutons à pression ou des aimants. Si j’ajoute des pieds métalliques ou pas. Jusqu’à la dernière minute, je n’étais pas sûre des dimensions non plus.
Une fois n’est pas coutume, je fais un prototype en papier pour valider les dimensions, puisque j’ai accès à une machine de découpe et je suis trop contente que ça rende bien dès le premier prototype en papier. J’ai pu y mettre toutes mes affaires !
Je suis trop contente du design sur ordinateur et intègre même des trous de couture à certaines pièces pour ne pas à les faire avec un fer à piquer. Ainsi, certaines pièces de cuir ont été entièrement découpées par l’ordinateur. La raison pour laquelle je n’aime pas les fers à piquer, c’est parce que mes mains n’ont pas assez de force et je ne suis pas bien équipée pour minimiser le bruit et la table. Utiliser la machine me permet soit d’avoir des trous bien faits, soit des traces bien parallèles sur lesquelles je peux aligner mon fer à piquer et avoir des coutures bien nettes.
Au début, je voulais utiliser un cuir de taurillon mais mon fournisseur favori 3Q a plusieurs chutes des cuirs que je n’ai jamais utilisés donc j’ai opté pour du cuir de Box noir venant des stocks d’Hermès (1mm d’épaisseur) et du cuir de Tadelakt bordeaux (0,8mm d’épaisseur) pour l’extérieur. Et du cuir de swift gold (0,8mm d’épaisseur) pour la doublure.
Le cuir Box est un cuir emblématique de la maison Hermès. Il est obtenu à partir de peau de veau ayant reçue un tannage minéral ou au chrome. Ce cuir lustré brille et reprend tout son éclat au cirage. Le cuir Tadelakt est un cuir de veau avec un gaufrage fin et à peine visible, facile d’entretien. Le cuir swift est souple, doux au toucher.
Toutes les parties qui seront maltraitées par les ongles sont en cuir Tadelakt pour minimiser les rayures.
Même si les chutes paraissent énormes, les parties sans aucun défaut suffisent à peine pour mon petit sac. Dès qu’il y a un défaut minuscule, je n’utilise pas la zone. Ces parties avec défaut seront découpées avec soin pour mes tous petits projets comme des protège-airtags. Ainsi, pour mes sacs, j’achète toujours de très grosses chutes mais seuls 20% peuvent être utilisés pour le sac.
Au début, je voulais utiliser des accessoires plaqués or mais j’ai commencé à coudre avec un fil ivoire et il valait mieux utiliser des accessoires argentés pour matcher. Une semaine d’attente pour que les accessoires arrivent de Chine, mais ils sont tous en acier inoxydable et ils brillent !
Comme je n’ai pas d’outils pour couper des cercles, j’ai décidé de sortir ma machine Silhouette. Elle a cependant du mal à couper 1mm d’épaisseur de cuir donc le cuir est à moitié coupé et je suis le contour pour couper en cutter ensuite.
Finalement, je pars sur une fermeture composée d’une barre de fer coincée entre deux lignes de couture sur le cuir bordeaux + deux aimants puissants cousus entre deux couches de cuir. Après avoir cousu le couvercle et les aimants, je stresse : le sac ne se ferme pas ! Les aimants ne sont pas assez puissants. Je me suis couchée très tard ce soir-là pour comprendre le problème et résoudre : je reteste avec un cuir moins épais (0,6mm au lieu de 0,8mm) et là, les aimants deviennent suffisamment forts pour retenir la barre de fer. Je laisse l’ensemble enroulé dans du film alimentaire pour courber le couvercle et depuis, le sac arrive toujours à fermer.
Il est temps de mettre la doublure. Et coudre la base. Je pense que pour les prochains sacs, la doublure sera mise dès le début, et pas après la pose du couvercle. Car la pose de la doublure en dernier pose énormément de difficulté pour moi par la suite.
Le parage de la base a été très difficile avec un cuir aussi costaud comme le box, mais j’ai pris soin de bien affûter mon couteau de parage. La couture de la base a été extrêmement difficile d’un côté. Malgré les protections, mes doigts ont saigné quand même. Heureusement, l’extérieur reste OK, mais il ne faut pas regarder la couture à l’intérieur.
Les soufflets ont été quasiment tous découpés à la machine : cela fait 5 couches de cuir + 1 couche de renforcement = 5,5mm d’épaisseur. Collés ensemble et puis collés sur les deux côtés du sac. Ils sont maintenus ensemble par un clou, que je n’arrive pas à planter droit. C’est là où je me rends compte que j’aurais dû faire un trou bien droit à l’alène avant de planter le clou. C’est pour ça que pour le moment, je n’ai pas encore planté tous les clous autour des soufflets. Je dois apprendre à planter correctement les clous, bien droit, d’abord.
Il y a une petite surprise à l’intérieur : il y a des parties femelles de boutons à pression à l’intérieur des soufflets, pour que je puisse accrocher soit un airtag, soit des clés, soit une pochette traversant le sac. L’exécution n’était pas parfaite, mais au moins, j’ai pu mettre un airtag. Petit coup de stress quand je m’aperçois que je n’ai pas assez de cuir swift gold (j’ai acheté juste deux micro chutes), mais j’ai pu me débrouiller en faisant une sorte de patchwork.
Voici ce que ça donne, grossomodo. Les finitions ne sont pas encore terminées, et la sangle est empruntée d’un autre sac. Je posterai des photos sur Instagram quand ce sera terminé. Je suis très contente ! Ce sac a encore plus d’erreurs et de maladresses que le sac rose que j’ai fait, mais c’est entièrement mon design, j’ai dû calculer les dimensions moi-même et réfléchir aux mécanismes moi-même. Comme j’avais beaucoup de choses à faire en journée, ce sac a été surtout fait la nuit, des fois jusqu’à 3h du matin donc il y a quelques coutures ratées. Donc je dirais que la qualité correspond à ce qu’on attend d’un prototype : pas suffisant pour être vendu, mais suffisant pour valider le concept et être utilisé par moi-même. Pendant la fabrication, j’ai rayé le cuir noir (qui est, je trouve, bien résistant aux rayures pour du cuir box), mais le cuir bordeaux est tellement agréable à travailler avec, on ne peut pas le rayer facilement, c’est probablement mon cuir lisse favori désormais, avec le swift.
J’aime trop ! C’est suffisamment spacieux, mais suffisamment léger et classe. Ma soeur a vu le sac et elle me dit qu’on ne sait pas par quel côté ouvrir le sac (ce qui est une bonne chose contre les pickpockets). Ce n’était pas fait exprès mais oui le couvercle est parfaitement symétrique et ce n’est pas facile de l’ouvrir si on ne connaît pas bien le sac. Je l’ai montré à d’autres amis qui sont bouche bé devant la rondeur parfaite du sac. Et je pense que j’ai eu beaucoup de chance avec les bonnes épaisseurs du cuir, le bon renforcement et surtout j’ai courbé le cuir dans le bon sens. Il ne risque aucunement de perdre sa rondeur. Le cuir box est bien adapté pour ce genre de forme. Je valide les matières et le design.
Budget
- Cuir box noir : 1200000VND soit 44 euros acheté chez 3Q Leather (grosse chute, il m’en reste encore)
- Cuir tadelakt de Haas : 1420000VND soit 52 euros acheté chez 3Q Leather (grosse chute, il m’en reste encore)
- Cuir de doublure swift gold : 270000VND soit 10 euros acheté chez 3Q Leather
- Renforcements : Salamander 1mm et Hotmelt 0,25mm (je ne vais pas compter dans le budget car j’ai acheté d’énormes morceaux)
- Accessoires :
- Barre de fer Stainless Steel Handle Bar : 2,8$ acheté chez hilitybaghardware
- Aimants 14mm : 90 000VND soit 3,31 euros acheté chez 3Q Leather
- Anneaux Stainless steel Fat D-Ring 149mm : 1,8$ *2 = 3,6$ achetés chez hilitybaghardware
- Pieds métalliques Stainless steel Bowl Shape Foot 8mm : 1,1$ * 3 = 3,3$
- pour la sangle : Brass Round Rivet Screw 8mm : 1,5$ * 2 = 3$
- clous : 3$
- boutons à pression 4 parties : 2,3$
- TOTAL (sans compter les outils, les fils et les peintures de tranches) : 125 euros
