Kathmandou (Népal) – un ancien royaume Newar

Kathmandou, des moments de calme au milieu du chaos
Partie 1 : Carnet de voyage

Partie 2 : Conseils pratiques

Partie 1 : Carnet de voyage

L’arrivée dans un nouveau pays est toujours accompagnée d’une petite appréhension. Surtout quand le Népal marque le début d’une nouvelle manière de vivre : au jour le jour. En effet, si l’Afrique du Sud et l’Inde étaient super planifiées, au moins pour l’itinéraire, des mois à l’avance (afin de nous aider pour les premières semaines de voyage), le Népal est un pays que nous ne connaissons pas du tout; j’ai dû lire 2 articles là dessus, envoyé 2-3 mails pour avoir quelques infos de base, nous avons réservés une première nuit d’hôtel, mais c’est tout !

Voilà comment nous débarquons, mi-Juillet, en pleine mousson, au Népal.

Je déteste demander les visas à l’avance car ça me rappelle trop les démarches annuelles que j’ai dû faire pendant une dizaine d’année pour la carte de séjour. J’opte pour JB et moi le visa on arrival, moins cher, mais dont la demande est souvent bloquée par un détail : le paiement en devise étrangère. Un ami m’a raconté l’anecdote tant ça l’avait marqué lors de son séjour au Népal, et même si je ne pensais pas aller au Népal à cette époque, je ne l’avais jamais oubliée.

Il est arrivé au Népal le jour du séisme de 2015. Il était en train de faire les démarches pour le visa on arrival quand la terre commençait à trembler. Rien de drôle dans tout ça, mais un détail le rendrait drôle.

Pour avoir ce fameux visa on arrival, les autorités népalaises acceptent uniquement les devises étrangères. Il fallait donc trouver 25€, pas 30, 25 ! Tout le monde avait à peu près 30 sur soi, et surtout des roupies népalaises (refusées pour le paiement du visa). Les étrangers procèdaient donc entre eux à un échange de billets de 10€ contre deux billets de 5€. Ceux qui n’avaient pas d’euros ni USD sur eux devaient, le comble de l’ironie, échanger leurs roupies népalaises contre les devises étrangères. Ca en exaspérait plus d’un… tellement que quand le séisme a eu lieu, au lieu de trouver un endroit stable pour se protéger, certains étrangers ont eu la bonne idée de courir tout droit pour… zapper le paiement du visa.

Ayant cette anecdote en tête, je prépare plusieurs petites coupures dans différentes devises. Finalement, c’est le livre sterling qui est préféré car le monsieur du visa a de quoi me rendre la monnaie (en livre sterling) et il a déjà trop de dollars. Les taux sont bizarres, car il me demande 80$ pour deux personnes (visa d’un mois), 70€ ou 65£, ce qui fait que le paiement en dollars, vu les taux actuels, aurait été le plus économique pour nous.

A la sortie de l’aéroport, nous procédons au même rituel : distributeur de billets, achat d’une carte SIM avec 3G et paiement d’un taxi officiel. Ce n’est pas la première fois que nous guidons le taxi vers notre hôtel, en lui montrant Google Maps.

Nous réservons toujours la 1ère nuit dans une nouvelle ville, pour faciliter la tâche au taxi (centre-ville est une notion trop vague pour les chauffeurs) et ne pas nous faire arnaquer ((1)si le chauffeur découvre que nous n’avons pas réservé, il demandera une commission à l’hôtel qui est obligé d’augmenter son prix pour pallier la commission au taxi (2) l’hôtel nous dira toujours qu’il ne reste que des chambres très chères, alors que réserver et payer sur Agoda.com par exemple l’oblige à nous donner la chambre de la catégorie que nous avons réservée, ni plus ni moins)).

Depuis Varanasi, JB a du mal à respirer et Kathmandou, une des villes les plus polluées au monde, ne va pas pouvoir l’aider. J’envoie un message à un Couchsurfer népalais pour demander des conseils sur l’emplacement idéal pour une ou deux nuits à Kathmandou et il me conseille le quartier près de Durbar Square et déconseille fortement Thamel qui est trop touristique et pollué. Nous trouvons un joli hôtel dans ce quartier sur Agoda.com, non sans difficulté car les hôtels sont rares dans ce coin.

Jour 1 : World Heritage Hotel & Green Organic Restaurant

Arrivés à l’hôtel, nous nous rendons compte qu’il est encore plus beau que sur les photos, et surtout, qu’on nous a donné une chambre donnant sur Durbar Square. Je ne contiens pas ma joie et ouvre grand les fenêtres comme pour mieux croire où je suis, ce qui amuse beaucoup les femmes de chambre. L’électricité est coupée 10h par jour mais l’hôtel dispose des panneaux solaires qui nous assurent un service minimum : un ventilateur fonctionnel pendant la journée. J’apprends un peu plus tard que 98% de l’électricité du Népal provient de l’hydraulique, donc c’est normal qu’il n’y en ait pas assez pour tout le monde pour assurer un service 24/24.

Nous déjeunons ensuite au restaurant de l’hôtel, qui nous ravit tant par le grand choix de plats NON-végétariens proposés que par la qualité de ceux-ci. Je fais ensuite une longue sieste tandis que JB se promène dans le quartier.

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Je me rends compte du choix crucial de l’emplacement de l’hôtel et la vision qu’on a de la ville. Plus la ville est polluée, chaotique, plus l’hôtel doit être calme, quitte à être un petit peu éloigné de la ville pour offrir un moment de répit. Avant le voyage, je pensais pouvoir me contenter de n’importe quel lieu, puisque c’est « juste pour dormir », maintenant je suis persuadée que, même si cela va à l’encontre de mon souhait, le confort est d’autant plus important que quand on est « sans domicile fixe » comme nous.

Serais-je capable d’atterrir directement après mon vol chez un Couchsurfer qui m’offre son canapé pour dormir ? Cela aurait été au-dessus de mes forces. J’aurais été peu disponible à la conversation, limite désagréable, priant pour que le dîner arrive tôt pour que je me couche vite. On entend des histoires des gens qui voyagent uniquement en dormant chez les locaux, mais il leur fallait sûrement une énergie débordante, un besoin naturel de contact permanent avec les autres pour supporter ce rythme. En tout cas, maintenant que l’on sait le style d’hôtels qui nous faut, on arrive mieux à apprécier les villes que tout le monde déteste comme Delhi, Jaipur.

Bon, je m’égare de mon récit, mais tout ça pour dire que l’emplacement magique de cette petite chambre me procure un tel bonheur et un tel calme que je n’ai pas connu depuis longtemps. J’entends retentir les cloches et les prières, les chants népalais et le bruit de la vie simple que mènent les népalais juste en-dessous de ma fenêtre. Cet endroit est interdit aux véhicules. Les népalais y vont pour prier, pour discuter, sous les toits où les pigeons ont élu domicile. De l’autre côté de la chambre, je peux accéder au magnifique jardin de l’hôtel, jouxtant une cuisine ouverte d’où sortent les meilleures odeurs épicées népalaises. Un petit coin de paradis.

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13659214_297730943903510_7394326669679688676_nJe me dépêche de réserver une nuit supplémentaire ici, pour profiter un peu plus de la magie et aussi parce que je n’ai encore rien vu de Kathmandou. JB propose un super restaurant bio pour le dîner dans le quartier Thamel, beaucoup plus calme à la tombée de la nuit. Nous dévorons nos salades, trop contents de pouvoir enfin manger des légumes crus (et non bouillis comme en Inde à cause des soucis d’hygiène). Nous achetons chacun un masque (avec filtre) contre la pollution mais JB ne se sent toujours pas mieux. Je ne sais pas si c’est l’air dilué de la montagne ou la pollution qui le dérange à ce point.

Sur le chemin de retour, les rues sont presque désertes et non éclairées. Pourtant je me sens en sécurité. Je sors juste ma lampe de poche pour ne pas écraser les chiens qui dorment par terre. J’ai un pincement au coeur pour les chiens au Vietnam ou en Chine qui ne peuvent jamais connaître ce genre de bonheur. Tant que les gens continuent à manger des chiens, ils ne sont pas en sécurité dans la rue. Je pense à mon chien Loulou qui a été kidnappé au Vietnam il y a une vingtaine d’année, et dont l’incident m’empêche désormais d’envisager l’adoption d’un autre chien.

Jour 2 : Bouddhanath -> Pashupati Nath Temple -> Durbar Square

Réveil tardif aujourd’hui. Nous prenons un délicieux petit déjeuner avant de prendre un taxi pour Boudhanath, temple bouddhiste avec le stupa le plus grand au monde.

Malheureusement le stupa n’a pas résisté au tremblement de terre en 2015 et nous nous retrouvons devant un temple en rénovation qui ne ressemble pas à grande chose. Cela nous a pas empêché de payer 500 roupies pour deux pour contribuer aux travaux.

Il y règle une ambiance de spiritualité qui me plait beaucoup, malgré les nombreuses boutiques et Guest house autour du temple. Plusieurs moines bouddhistes se promènent à côté, probablement pour aller à leurs monastères. Nous assistons à une prière des moines, par respect, JB hésite à prendre une photo jusqu’à ce qu’il voit un moine prendre un selfie avec un autre moine.

Nous faisons tourner de nombreux moulins à prière, du plus petit aux plus grands. Les moulins sont en métal, sur lesquels sont inscrites des prières, les tourner revient à dire ces dites prières. Tout comme les banderoles en tissu remplies de prières qui s’agitent sous le vent.

Voilà à quoi il ressemblait avant le séisme et la signification de chaque élément du stupa :

 

Voilà ce qu’on peut voir maintenant :


Je craque pour un restaurant vietnamien, tenu par une japonaise. J’avoue que ça me fait beaucoup de bien, même si la note est salée.

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Nous prenons ensuite un taxi pour le magnifique temple hindou Pashupati où nous ne pouvons pas entrer (seuls les hindous sont autorisés). Payer 1000 roupies/personne nous semble un peu injustifié surtout que la seule activité qui nous reste à faire est de regarder les crémations.

Nous assistons à une scène cocasse : un singe essaie d’arracher le sac plastique contenant les offrandes achetées par un pèlerin. Le pèlerin tire sur son sac mais celui-ci se déchire. La victime est dégoûtée mais ne peut rien faire. Bon perdant il donne le reste au singe qui semble se régaler.

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Voilà tout ce qu’on a vu du temple :

Deux crémations ont lieu au moment où nous passons, deux autres corps sont en attente de crémation, couverts par un tissu orange. Je ne sais pas si c’est la fumée ou la tristesse de la situation qui me remonte les larmes aux yeux. Je me rappelle justement qu’il est interdit de pleurer (important pour les hindous) et détourne ma tête pour penser à autres choses. Les crémations sont au bord d’une rivière dont la vue est tellement pittoresque, la nature tellement verdoyante et calme, que je me dis que ça doit être un privilège d’être incinéré ici.

Même à sa mort, on ne s’échappe pas à la loi du plus riche. Les pauvres sont brûlés loin du temple, sans fleurs, alors que les riches sont brûlés près du temple. Les membres de la famille royale auront eux le privilège d’être brûlés en face du temple.

Les locaux se reposent dans les petites maisons/petits temples (?) qui bordent la rivière, tout en regardant la crémation.

Nous retournons vite à Durbar Square à Kathmandou. La seule partie qui demande une participation financière (1000 roupies par personne soit 8,5 euros) se limite à deux cours anciennement royales très amochées par le tremblement de terre. On ne peut pas entrer dans les bâtiments, mais nous payons sans broncher en espérant que notre argent contribuera à la reconstruction du pays. Le Népal a beaucoup souffert du séisme et perdu beaucoup de touristes. L’embargo d’essence de la part d’Inde pendant 6 mois n’a pas arrangé les choses. A un moment, un litre d’essence coûtait 500 roupies (4 € !) au marché noir.

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C’est ainsi que nous quittons Kathmandou au plus grand bonheur de JB qui n’arrive plus à supporter la pollution. Demain, nous serons à Bhaktapur. Qui n’est qu’à 14 km, pas certains que la pollution va disparaître comme par magie…

P/s: notre vision de bisounours est complètement détruite après notre conversation avec le patron de l’hôtel. Les 1000 roupies que nous payons à chaque fois ne semblent pas être utilisés pour les constructions. Il nous a montré les photos de Kathmandou avant et après le séisme, c’est d’une tristesse ! Nous sommes tellement tristes de ne pas avoir vu le Kathmandou d’avant, et encore plus tristes de voir que juste après le séisme & 1 an et demie plus tard, à part les briques cassées bien rangées sur le côté, rien n’a changé.

Il nous remonte quand même le moral en racontant l’histoire de son hôtel, ouvert aux touristes depuis seulement 3 ans. C’est une maison familiale de 300 ans, qui est passée de père en fils. Renforcé par d’énormes colonnes en bois, l’hôtel n’a pas souffert pendant le séisme. Il nous dit également que 10% des bénéfices de l’hôtel sont versés à son association qui aide les montagnards à reconstruire leurs maisons. Nous avons donc contribué indirectement à cette association. Tant mieux pour notre karma 😀

Partie 2 : Conseils pratiques

Comment y aller

Depuis Delhi, nous avons pris un avion reliant Kathmandou en 2h avec Air India. Cette étape n’est pas incluse dans le billet tour du monde, nous avons acheté le billet à part.

Astuces

  • Pour le paiement du visa, préparez de petites coupures en euro, USD ou livres sterling. Si vous n’avez pas de photos avec vous, on vous prendra en photo avec une webcam. Sinon, une photo par personne suffira.
  • Les prepaid taxis sont plus chers que les taxis que vous croiserez à l’aéroport. Renseignez-vous sur les prix du prepaid et négociez ensuite avec les chauffeurs de taxi. Pour infos, nous avons payé 600 roupies jusqu’à Durbar Square de Kathmandou.
  • Achetez dès votre arrivée un masque anti-pollution en tissu. Les masques type « chirurgie » ne serviront à rien.
  • A cause de la coupure d’électricité, choisissez les hôtels ayant des panneaux solaires ou disposant d’un groupe électrogène (comme le nôtre). Prévoyez des batteries externes si vous avez souvent besoin de recharger votre téléphone.
  • Préparez-vous à prendre des douches froides tout le temps donc n’y allez pas quand il fait trop froid
  • La nourriture est plus safe qu’en Inde, autorisez-vous à être plus aventuriers au Népal
  • Les taxis ne mettront jamais de compteur, négociez le prix de la course AVANT
  • Attention, comptez toujours 23% de taxe en plus du prix que vous voyez dans les restaurants (13% de service + 10 % de TVA)
  • Je vous mets ici un document remis par notre hôtel qui résume pas mal les principales activités à Kathmandou (avec des prix de taxi légèrement au-dessus de ce qu’on a pu négocier) – cliquez dessus pour voir la version HD

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Budget

  • Taxi :
    • Aéroport -> Durbar Square 600 roupies
    • Durbar Square -> Bouddhanath 500 roupies
    • Bouddhanath -> Pashupati 200 roupies
    • Pashupati -> Durbar Square 400 roupies
    • Kathmandou -> Bhaktapur 1200 roupies
  • Visa :
    • 25USD/personne pour 15 jours
    • 40USD/personne pour 1 mois
  • Avion depuis Delhi : 50€/personne
  • Visites : en général 1000 roupies/personne même si l’intérêt ne justifie pas toujours le prix
  • Hôtel World Heritage Hotel & Apartment : 15USD/nuit – douche commune (très propre), réservé sur Agoda
  • Nourriture : Entre 400 roupies et 500 roupies/personne/repas taxes comprises
  • Soin du visage : 1500 roupies pour 1 heure (plutôt quali mais j’ai eu mieux au Vietnam)

TOTAL : 39 500 roupies soit 328€ (y compris l’avion, visa, carte SIM etc.)

En prenant en compte uniquement du coût de la vie (sans avion, visa, carte SIM, massage) -> uniquement les visites, nourriture, logement, c’est quand même 15 750 roupies, soit 130€ pour 2 nuits, 2 personnes

Je ne vois pas trop comment réduire ce budget, à part ne pas visiter les endroits touristiques et être végétariendepenseskathmandou

Liens utiles

 

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    Anh

    Anh est franco-vietnamienne et a vécu dans de nombreux pays (Russie, Australie, France, Norvège, Vietnam). Elle aime par dessus tout les chats, le DIY et la bonne cuisine. Ayant une très bonne mémoire, Anh est capable de vous donner le tarif du petit bus pris entre le Chili et la Bolivie qu'elle a pris il y a 3 ans.

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